Juste douze mois au plus nous séparent des prochaines échéances électorales, dans un contexte marqué par l'absence de confiance des citoyens en leurs partis et personnalités politiques, en plus de dirigeants qui tâtonnent et qui ballotent le peuple à tous vents. A cela vient s'ajouter le cas de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) qui n'a d'indépendant que le nom, étêtée avec un président démissionnaire chargé des affaires courantes et attendant le remplacement de trois membres. Depuis les dernières élections présidentielle et législatives, l'ISIE navigue à vue et son parcours a été semé d'embuches, avec une odeur d'allégeances et de luttes intestines entre les partis pour avoir mainmise sur l'instance. Depuis le départ impromptu et sans explications de son ancien président Chafik Sarsar, juste avant les élections municipales, l'ISIE est devenue l'ombre de ce qu'elle était et toutes les tentatives pour la remettre sur les rails ont été avortées, par la volonté des politiciens qui veulent en faire un instrument leur permettant d'atteindre leurs objectifs. Chafik Sarsar, ainsi que deux membres de l'instance, Mourad Moualhi et Lamia Zargouni, avaient annoncé, en mai 2017 leur démission lors d'un point de presse, autour des évolutions du processus électoral des municipales. Chafik Sarsar a expliqué que cette décision a été prise après s'être assuré que les principes et les valeurs de la démocratie ont été touchés, au sein du Conseil de l'instance. Des accusations très graves qui sont tombées dans l'oreille de sourds… surtout que les ambitions des politiciens ont prouvé par la suite leur véracité. Il a fallu, par la suite, du temps et de l'énergie, pour l'élection d'un autre président, en l'occurrence Tlili Mansri qui, juste après les élections municipales, a été acculé par les membres du Conseil de l'Instance à présenter sa démission. Ce qui est, encore, bizarre, pour une ISIE censée être indépendante et loin des tiraillements politiques. La situation d'instabilité a persisté, avec la politique du fait accompli. Le président de l'ISIE est encore à la barre et il n'a pas été possible d'opérer pour remplacer les trois membres qui doivent quitter l'Instance, selon les dispositions mises en place par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Et les errements se sont poursuivis, avec l'absence des membres de l'ISIE, lors de la discussion de son budget… et cela est un mauvais signe. Pourtant, Mohamed Tlili Mansri a jugé que la présence ou l'absence des membres du Conseil de l'Instance de la plénière consacrée à la discussion du projet de budget ne peut aucunement affecter le bon déroulement de la séance. En dépit des difficultés qu'elle a rencontrées, l'Instance a réussi l'ensemble des échéances électorales et relevé tous les défis, a-t-il tenu à rappeler, assurant que tous les résultats des précédentes élections ont été acceptés et validés par tous. Cela reste à prouver, surtout que les pourvois devant le tribunal administratif, à l'issue de ces élections ont démontré que tout n'est pas allé pour le mieux et qu'on avait cherché à atténué l'impact des dépassements et des infractions ayant eu lieu et qui, pourtant, avaient eu un impact direct sur les résultats. Par ailleurs, Mansri a jugé indispensable d'amender la loi portant création de l'ISIE qui, a-t-il dit, "représente l'un des principaux facteurs qui sont à l'origine des conflits au sein de l'Instance". Selon lui, cette loi a affaibli le rôle du président de l'Instance et favorisé la domination du Conseil qui s'arroge le pouvoir de décision et toutes les autres prérogatives. Au sujet de l'amendement de la loi relative aux élections et référendums particulièrement en ce qui concerne le découpage électorale et l'augmentation du seuil, Mohamed Tlili Mansri a souligné que l'ISIE a déjà donné à la commission parlementaire en charge de la question son avis consultatif à ce sujet, faisant remarquer que tout amendement doit être introduit une année avant les élections, ce qui n'est plus possible. Les députés arriveront-ils à s'entendre pour l'élection d'un nouveau président de l'ISIE et le remplacement des trois membres sortants, pour permettre à l'Instance de préparer les prochaines élections dans les meilleures conditions ? Tout reste à voir et seul l'avenir le dira.