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Le principal mérite, c'est d'avoir osé… et le reste suivra !
Publié dans Le Temps le 19 - 12 - 2018

Pour un coup d'essai, c'était un coup de maître, diraient certains parmi les convives à la 1ère édition de Tozeur International Film festival (TOIFF). Cinéastes (dont le franco-tunisien, Palme d'Or au festival de Cannes, Abdellatif Kéchiche), producteurs, acteurs, journalistes et hommes d'affaires étaient tous présents, (du 05 au 08 décembre 2018), pour le coup d'envoi d'un événement tant attendu et espéré, non seulement par les habitants du Sud, mais aussi, par tous les Tunisiens ayant pour dénominateur commun, l'amour du 7ème Art et tout le rêve qu'il véhicule.
Quatre jours de marathon entre films en compétition, programmés dans les hôtels de la place, (longs et courts métrages de fiction et documentaires), projections publiques au centre ville de Tozeur, et des masters class dirigés par le comédien Mohamed Ali Ben Jemaa , à l'attention de jeunes cinéastes en herbe, curieux et impatients de développer leurs projets.
Tapis rouge, Scorpion d'Or et feux d'artifice
Le clou de la manifestation, les deux soirées d'ouverture et de clôture bondées d'invités devant lesquels, on a roulé le tapis rouge. C'était sous une tente avec des lumières tamisées, magistralement dressée pour l‘occasion, et qui n'a rien à envier à la Salle de l'Opéra de la Cité de la Culture.
Hichem Belkhamsa avait animé de main de maître, la cérémonie de clôture, en excellant dans les trois langues, (l'arabe, le français et l'anglais). Et, cerise sur le gâteau, des feux d'artifice ont été tirés après la proclamation du palmarès pour donner un show éblouissant et spectaculaire, projetant de multiples couleurs crépitant harmonieusement dans le ciel de Tozeur, digne des grandes métropoles.
Le jury, (longs et courts métrages de fiction), composé de Souad Ben Slimane, Vincent Malauza, Lana Al Joundy, Saad Chakali et Lotfi Bouchouchi, a décerné le Scorpion d'Or au film égyptien de Tamer El Said : « Les derniers jours d'une ville », le Prix Spécial, à « Regarde-moi » de Néjib Belkadhi, et le Scorpion d'Or court métrage, à « Brotherhood » de la Tunisienne, Meryam Joobeur.
Quant au Scorpion d'Or documentaire, il a été octroyé à « Pastorale électrique » du réalisateur franco-marocain,Ivan Boccara.
Habib Ayeb refuse l'Eco Film Award by Agil
En marge du TOIFF, la Compagnie pétrolière Agil, en étroite collaboration avec la direction du festival, a mis en compétition une série de films qui traitent de l'écologie, soucieuse de son engagement envers la protection de l'environnement, et son implication dans le projet « Tozeur, premier Gouvernorat tunisien, ami de l'Environnement ». Le film qui avait été nominé pour l'Eco Film Award by Agil , « Couscous, les graines de la dignité » de Habib Ayeb. Mais, à la surprise générale, et sur consigne du réalisateur absent, le représentant du film a décliné le prix qu'il juge contraire, aussi bien à la vocation qu'à l'esprit de l'œuvre, d'où le malaise des responsables de ladite compagnie, qui ont préféré quitter les lieux.
Un partenariat avec les facultés
Voyons quelques témoignages de cinéastes, producteurs et journalistes qui ont vécu cette première édition de Tozeur International Film Festiva.l
Mohamed Damak, cinéaste : « A mon avis, dit-il, il faut trouver un thème au festival. Il faut se demander s'il s'agit d'un festival qui tourne autour du désert et faire dans ce cas, la grande promotion du désert. Il faut qu'il s'ouvre davantage sur la région, en impliquant le public car la force d'un festival c'est son public. Il faut créer un partenariat avec les facultés pour des masters class qui réuniront spécialistes et étudiants, tout en organisant des projections au sein même des lycées. Il faut adapter le cinéma aux habitants des lieux, et revoir la composition du jury… Enfin, je leur souhaite la persévérance et surtout de faire le bilan de cette première session pour construire des choses plus solides pour l'avenir.
Sur ses projets, Mohamed Damak confie : « Avec Abdelaziz Belkhodja, on a écrit le scénario du premier film sur Hannibal, fait par un « phénicien tunisien ». Alors qu'en Occident, il y a une centaine de versions sur Hannibal d'après une lecture romaine de l'histoire. Ce Projet très ambitieux qui sera fin prêt en 2020, est en grande partie, une fiction pour que la jeunesse d'aujourd'hui, ait conscience de sa propre histoire et de son identité ».
Face à face avec les Location Guide
Abdelaziz Ben Mlouka, ( producteur de « Dar Ennès », « Making off », « Khochkhach », « El Jaida », « Bab El Arch » … et producteur exécutif des films comme, « La Guerre des étoiles » et « Peut être ». Pour le moment, il est coproducteur d'un film intitulé l « L'Arc » de Anis Lassoued, qui sera prêt pour les festivals en 2019. Un long métrage de fiction sur les riches et les pauvres, tourné avec 4 enfants.
Evoquant le festival, Abdelaziz Ben Mlouka estime que c'est la copie zéro, excellente du festival de Tozeur. Ils ont compris, dit-il, ce qu'est l'importance du cinéma sans discours, en amenant sur place, 9 spécialistes (Location Guide), des USA, de l'Australie et de la Grande Bretagne.
« Lors d'une rencontre face à face avec des producteurs tunisiens, (Ridha Turki, Riadh Thabet, Lotfi Laayouni et moi-même », précise t-il, les agents étrangers ont été réceptifs à nos propositions, comme ils ont remarqué notre grand pas assumé dans le domaine du cinéma, et celui de la sécurité dans le pays. Cette rencontre va donner bientôt ses fruits dans la mesure où ils vont renouer avec la Tunisie, terre de tournage…Cela me semble par conséquent, un bon départ pour le festival ; un cri d'appel au secours, lancé par les hommes d'affaires de Tozeur, au profit du cinéma et du tourisme saharien… »
Des petites erreurs, mais…
Souad Ben Slimane, journaliste, comédienne et présidente du jury, fait remarquer qu'il ya forcément dans cette 1ère édition, des petites erreurs, « mais ce qui est bien, ajoute t-elle, c'est qu'on a réuni les gens du cinéma, presque tous présents, pour témoigner d'une action déterminante dans la région. Les organisateurs pourraient se rattraper, dit-elle, sur la seconde édition …Pour cette fois, les projections se sont bien passées sur le plan technique, (grâce au matériel prêté par le ministère de la Culture), mais le bât blesse au niveau de la sélection des films, faite à la dernière minute, ce qui a donné des œuvres produites entre 2017 et 2018… Et cela pose à mon avis, un petit problème pour le jury. »
Et de poursuivre :« Il faut une stratégie pour savoir comment aller vers le public, comment faire impliquer écoles et Universités ? Il faut constituer une équipe artistique qui choisira les films, et surtout, il faut trouver un concept : quel cinéma, comment, avec qui et pour qui ? Pour que le festival soit différent des JCC, Dubaï, El Gouna, Marrakech… Nous avons des décors naturels, superbes à vendre… »
« Si les producteurs étrangers désertent notre pays et se dirigent vers le Maroc, conclue t-elle, c'est à cause des complications administratives entre ‘autres… »
Le savoir –faire des organisateurs
Invité en tant que producteur, Anis Lassoued a beaucoup travaillé sur la prestation des services en tant que location manager, (quelqu'un qui repère les décors, scénarios et histoires de films). C'est une recherche rationnelle, explique t-il ; on fait des repères par rapport à une époque, à un scénario, comme par exemple pour la mini -série en coproduction britannique et américaine, « House of Saddam », tournée en Tunisie et où l'on retrouve des scènes dans les principales villes, dont Tozeur.
Evoquant son prochain film « L'arc », il se demande s'il est possible de greffer les pauvres sur les riches, en rappelant les scènes de tournage, notamment à Hammamet, Nabeul, Dar Chaabane et Béni Khiar. C'est au fait, l'histoire d'un garçon pauvre qui porte sa colère sur ses parents, surtout sa mère. Comment peut-on dépasser la colère d'un enfant, comment celui-ci peut il pardonner ou comprendre les choix de ses parents quand ceux iront jusqu'à vendre et abandonner leur progéniture.
« Je me suis inspiré dans ce film, explique t-il, de la poésie de Jabrane Khalil Jabrane et de son livre « Le Prophète », où il parle de l'enfant. Aujourd'hui, les arcs sont cassés. Or, ce sont les enfants qui, rêvant de brûler, reprennent eux-mêmes ces arcs pour décider de leur propre destin ».
« Tozeur International Film festival vient, d'un côté en retard, confie t-il, parce que la région constitue un vrai plateau de tournage avec ses décors de rêve. De l'autre, je trouve qu'il n'est jamais trop tard de relancer un festival à l'échelle internationale, en attirant les investisseurs, pour que Tozeur reprenne la place qui lui est due … Il fallait juste motiver et amener les gens, parce que tout est là… C'est formidable, j'ai senti le savoir- faire des organisateurs et le côté businessman, ce dont nous avons besoin. Je propose poursuit –il, de réinviter les films déjà tournés dans la région, comme «Indiana Jones », pour redonner l'envie de revenir, et cela entre dans une stratégie de marketing… Reprendre Tozeur, comme une terre de tournage, je crois que c'est possible » !
Lourdeurs administratives
Abderrazak Chraiet, homme d'affaires et partenaire du festival, soutient l'idée d'encourager le tourisme saharien qui est, selon lui, le plus important en Tunisie mais qui n'a pas eu sa place, malgré le potentiel riche, naturel et humain dont jouit la région. Le grand problème, rappelle t-il, se situe au niveau des lourdeurs bureaucratiques et administratives. Celles-ci entravent, selon lui, le développement et sont à l'origine d'une léthargie qui frappe le Sud tunisien. Que les opérateurs du cinéma viennent en masse à Tozeur pour booster le secteur économique, lance t-il.
Engouement pour le cinéma national
Le plus important pour Tahar Ayachi, journaliste, est que cette session d'essai a révélé l'intérêt et l'engouement de la population locale pour de tels événements, et également, les ressources professionnelles inépuisables pour les gens du métier, leur variété et leur diversité. Selon lui, les retombées de la manifestation sont positives, et le festival a le mérite d'exister et d'avoir vu le jour surtout que la région d'El Jérid, a ses traditions en matière de cinématographie.
Tahar Ayachi trouve par ailleurs, que la participation du public a été remarquable à deux points de vue, car elle a révélé l'existence d'une grande tranche de jeunes, amoureux du cinéma, et une véritable soif de connaissance du cinéma national, ce qui explique le rush pour des films comme « Weldi » de Mohamed Ben Attia ou « Regarde-moi » de Néjib Belkadhi.
L'envers de la médaille, des lacunes et des défaillances consécutives au manque d'expérience des promoteurs dans le domaine de l'organisation, estime t-il. « Les organisateurs se sont montrés attentifs à ces carences comme la nécessité d'inclure dans le programme du festival, des points de presse pour réunir les journalistes afin d'assumer au mieux leur tâche. Le principal mérite c'est d'avoir osé, et le reste suivra petit à petit », conclue Tahar Ayachi.
Un complexe cinématographique et touristique à Chébika
Ridha Turki qui est producteur cinéma des films locaux et producteur des films étrangers en Tunisie depuis 1975, avec Tarak Ben Ammar, a fondé en 1987, sa propre Société de Production, International Monastir Films Services.
Il a travaillé sur plus de 50 films dont, « Le Patient anglais », « Le Tigre et la neige ». L'idée de fonder un pareil festival à Tozeur, a taraudé son esprit Il y a une douzaine d'années, en invitant, des spécialistes étrangers du cinéma, parmi eux, les Location Guide. Seulement, le projet n'a pas vu le jour.
Ridha Turki reconnait qu'il reste optimiste malgré les perturbations survenues, suite à la Révolution, et qu'il faut saluer la courageuse initiative prise aujourd'hui par des hommes de la région, car elle aura d'éventuelles répercussions sur les plans, culturel et économique.
Ridha Turk a annoncé au cours de la soirée de clôture du festival, avec maquettes à l'appui, son grand projet de 30 hectares pour construire des Studios de cinéma, qui prendront place à Chébika, aux environs de Tozeur : studios de tournage, hébergement, restauration, ateliers d'artisanat. Un projet touristique qui travaillera douze mois sur douze, au grand bonheur des habitants de la région. Peut être que ce projet fera des émules pour construire des salles de projections de films dans une région qui en manque terriblement !


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