Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) est un des plus grands festivals de cinéma africain. Biennale, cette grande fête du septième art célèbrera, lors de sa 26e édition, du 23 février au 02 mars 2019, ses 50 ans, avec une thématique qui vient à propos : «Mémoires et avenir des cinémas africains». Une occasion pour nous de revenir sur l'historique de cet événement, en attendant la sélection officielle. «Ouaga, capitale du cinéma», pour emprunter le titre d'un documentaire (2000) du cinéaste Mohamed Challouf. Oui, comme chaque deux ans, la capitale du Burkina Faso sera celle du cinéma à travers le Fespaco. Avec, du 23 février au 02 mars 2019, un événement de taille puisque le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou fêtera ses 50 ans pour sa 26e édition, dont la thématique résume tout à elle seule : «Mémoires et avenir des cinémas africains». Créé, en 1969, soit trois ans après les Journées cinématographiques de Carthage (JCC/1966), le Fespaco était une initiative d'un groupe de cinéphiles dont Alimata Salembéré qui en fut la première présidente du comité d'organisation en 1969 et 1970. Il est important de le souligner car la première femme à avoir été directrice des JCC était Dora Bouchoucha en… 2008. Sauf erreur de notre part. La création du Fespaco a eu pour origine une volonté de permettre aux populations de voir des films de leur propre continent, dont les productions devenaient de plus en plus nombreuses, et même s'il n'y avait pas de structures cinématographiques. Cinq pays africains ont participé à la première édition du «Premier festival de Cinéma africain de Ouagadougou», crédité à tort, à l'époque, de «Semaine du cinéma africain» : le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Cameroun, et bien sûr la Haute-Volta (ancien nom du Burkina Faso). La France et les Pays-Bas y étaient également présents. Cette première édition, qui s'est déroulée du 1er au 15 février, a vu la projection de 24 films, dont 18 africains, et la présence de 10 mille spectateurs. Pour la seconde édition, en 1970, ce sont 9 pays africains qui participent à cette fête du cinéma, dont l'Algérie et… la Tunisie. Cette édition a compté 40 films projetés et 20 mille spectateurs. C'est en 1972 que l'Etat a décidé de soutenir ce festival en l'institutionnalisant, le plaçant sous la tutelle du ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication. Ainsi, le «Premier festival de Cinéma africain de Ouagadougou» est devenu le Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (FESPACO), avec institution d'un «grand prix du festival» l'Etalon de Yennenga, permettant aux films d'être en compétition. Le Fespaco est devenu biennale à partir de 1979 et a institué le MICA (Marché International du Cinéma africain) en 1983, afin de «favoriser la vente et la distribution des films africains en mettant notamment en relation les professionnels du cinéma avec les chaînes de télévision». Du coup, le Fespaco est toujours acronyme mais cette fois du «Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou». Le prix d'une légende Pourquoi Etalon de Yennenga pour l'appellation d'un prix ? Un peu comme nous avec nos Tanit, nom de la déesse libyque. L'Etalon de Yennenga est un symbole issu d'une légende. «Le Roi de Gambaga avait de nombreuses filles mais aucun héritier. Obéissant à une ancienne coutume, il interdit le mariage à sa fille aînée, Yennenga. Au lieu du rôle d'épouse, cette jeune fille se voit confier celui de princesse de guerre et placée à la tête d'une armée chargée de guerroyer dans des terres lointaines. Elle ne renonce au mariage qu'à contrecœur. Son cheval s'emballe au cours d'un combat et l'emporte loin des siens. Il galope si loin qu'elle se perd et rencontre Rialé, un chasseur solitaire qui lui porte secours. Yennenga s'éprend de lui et demeure à ses côtés. De leur union naît le grand héros Ouédraogo, qui signifie cheval mâle. Ouédraogo est le fondateur de l'empire des Mossis». Aucun cinéaste tunisien n'a remporté jusqu'à présent la récompense suprême. Pourtant, notre pays, depuis sa première participation au Fespaco, a obtenu plus d'une vingtaine de prix, comme le prix spécial du jury pour «Sejnane» d'Abdellatif Ben Ammar en 1976, meilleur scénario pour «L'ombre de la terre» de Taïeb Louhichi (1983), meilleure image pour «Les Baliseurs du désert» de Nacer Khémir (1985), meilleure interprétation féminine pour Awatef Jendoubi dans «Fatma» de Khaled Ghrobal (2003). Par contre, en ce qui concerne les «Poulain de Yennenga» (prix décernés aux courts métrages), les réalisateurs ont atteint les hautes sphères, comme Mohamed Ben Attia avec «Kif loukhrin» (argent en 2007), Meriem Riveill et «Tabou» (argent en 2011), et Anis Lassoued avec «Les souliers de l'Aïd» (or en 2011). Nous gardons espoir pour les cinéastes tunisiens qui seront en compétition pour le Fespaco 2019.