«Mannyok» est un groupe de musicien venu tout droit de l'île Rodrigues, «une petite dépendance autonome de l'île Maurice» qui a apporté des airs frais de l'Océan indien... Un événement continental, voire mondial, tel que le Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan (Côte d'Ivoire), permet de découvrir des cultures africaines que l'on n'a pas l'habitude de voir. Ainsi pour la 11e édition du MASA, la partie africaine de l'Océan indien était présente en musique à travers le groupe «Mannyok», qui a apporté des airs frais de leur île Rodrigues. Constituée de six musiciens, David, Christian et Christophe Casimir, Sydney Alfred, Christel Emilien et Vallen Pierre-Louis, «Mannyok», créé en 2011, a offert au public présent, lors de ses deux prestations, «des compositions originales et des réinterprétations des standards locaux». Ce qui a permis une découverte large des productions musicales de la plus petite des îles principales de l'archipel des Mascareignes, comptant La Réunion et l'île Maurice, mais, également de cette zone géographique. Des standards comme le Séga, un genre musical majeur des Mascareignes, et plus précisément le séga rodriguais, «composé de deux musiques différentes : le séga tambour, très rapide et typiquement africain, et le ségakordéon». Dans ce dernier, l'accordéon diatonique donne un touche de musette. Et l'on avait l'impression de se retrouver dans les guinguettes ou les bals musettes du bord de la Seine ou de la Loire. «Mannyok» a, aussi, dans son répertoire du reggae, du roots, de la fusion, de la pop, etc. Bon comme du manioc... Ce que nous avons compris est que les thèmes abordés dans les morceaux proposés avaient trait, pour la plupart, à la nature, avec des oiseaux qui chantent, ou à sa protection, dans la lutte contre la poussière et la fumée. De la nature, il n'en est pas question uniquement dans les thèmes mais également dans le nom du groupe, car «Mannyok» est le mot «créolisé» du manioc, la denrée de base traditionnelle de l'île Rodrigues ; le manioc étant un arbrisseau, dont la racine fournit le tapioca, fécule alimentaire, et la farine de cette fécule. «Mannyok» est, donc, bon comme du manioc... Côté instruments, les musiciens de «Mannyok» utilisent les guitares (basse et rythmique), les tambours, le banjo, la mandoline, le n'goni, et l'accordéon rodriguais. Ce dernier est tout un symbole pour l'île. Il permet, en effet, le ségakordéon, une musique qui concilie la musique dite des Noirs, le séga, et celle des métis, jouée à l'accordéon, selon les «Cahiers d'ethnomusicologie». Le groupe joue, également, «d'instruments improvisés tels que le ‘balié koko'(balais), ‘tok tok', ‘kes mannyok', ‘zing zing' et des d'autres importés comme les congas, triangle, bobre, kaskavel, etc.». Mannyok n'est donc pas seulement un groupe de musicien mais aussi le digne représentant de la culture rodriguaise et des Mascareignes et l'ambassadeur de la nature de son île.