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Artistes et intellectuels, comment vivent-ils le confinement ?
Publié dans Le Temps le 08 - 04 - 2020

Que ce soit pour combattre l'ennui, apporter un peu de réconfort, ou adresser des messages de prévention, le monde culturel et artistique est mobilisé ces temps-ci sur l'ensemble de la planète, pour faire face à la pandémie du coronavirus. Ici et ailleurs, des initiatives artistiques sont en train de se multiplier à travers le monde ; concerts, chansons, danses et œuvres en tout genre, ont été créés ou réinterprétés pour la cause, par des créateurs de tous bords.
Y en a aussi parmi les artistes et intellectuels vivant parmi nous ou en dehors de nos frontières, ceux qui s'emploient, chacun de son côté, à vivre le confinement comme il l'interpelle et le sent. Pour certains, c'est une forme de catharsis pour extérioriser la douleur qui nous habite et le danger qui nous guette. Pour d'autres, la période de confinement nous pousse à réfléchir sur le sens à donner à cette épreuve, et comment l'humanité devrait appréhender la crise que nous traversons actuellement. Certains enfin voient dans le confinement, une chance inestimable pour aller à la rencontre de soi même.
De Tunis, Bruxelles, Le Caire, Monastir et Québec, des artistes et intellectuels nous apportent ici leurs témoignages quant à leur manière de vivre le confinement… Qu'ils en soient remerciés !
Zoubeida Chamari Daghfous : (enseignante de français et artiste peintre)
Je pense que s'il n'y avait pas le spectre de cet horrible virus qui rode autour de nous, et qui peut attaquer n'importe qui à n'importe quel moment, j'aurais très bien vécu cette période de confinement, de retour sur soi, et de calme absolu !
C'est un temps d'arrêt que le monde, qui s'est trop emballé, car tout allait très vite trop vite, s'octroie pour qu'il puisse reprendre son souffle.
Je constate également, que cette période oblige chacun de nous, à aller à l'essentiel en tout, un retour aux priorités de la vie !
Pour finir, je dirais que le confinement ne me fait pas peur, étant casanière de nature… D'autant plus que pour meubler mon temps libre, j'ai plusieurs passions comme la création artistique, la lecture et la préparation de petits plats pour toute ma famille ...Je viens de réaliser une œuvre que j'ai intitulée : « Couronne Maudite », (Format 100cm x100cm, technique acrylique sur toile).
Après une longue période stérile en créations artistiques pour des raisons personnelles et familiales, je dois une fière chandelle au confinement qui m'a permis de retrouver le chemin de mon atelier.
Quoique la reprise ait été longue et assez laborieuse, le besoin d'exprimer tout ce que je ressens en cette période difficile, m'a aidée en fin de compte, à venir à bout de quelques œuvres, dont la plus forte à mon humble avis, « Couronne Maudite ».Un titre qui fait référence au Coronavirus, ce mal étrange et inconnu qui se propage à grande allure dans le monde entier sans distinction d'aucune sorte, et qui règne surtout en Maitre absolu… D'où, la couronne en carton doré que j'ai posée par dérision, sur ce qui semble être la tête. D'ailleurs, ne porte–t-il pas le nom de Corona, du latin Couronne ? Maudite à cause des conséquences catastrophiques sur les hommes....
En attendant que les chercheurs et les scientifiques trouvent le vaccin qui le fera disparaître de notre univers, essayons de suivre les directives, et de pratiquer le confinement créatif, chacun selon ses passions, ou bien ses possibilités !
En attendant la fin de cette douloureuse période et un retour à la vie normale, j'espère de tout cœur, que la Tunisie s'en sorte avec le moins de dégâts possibles !
Moëz Majed : (écrivain et poète)
Depuis l'avènement de cette tragédie, je n'ai pu m'empêcher de réfléchir sur le sens à donner à cette épreuve, et comment l'humanité devrait appréhender cette crise, tout d'abord sur un plan sanitaire bien évidemment, car c'est le plus urgent, mais surtout, et c'est le plus important, sur la plan socio-économique et même, sur la manière de penser le monde.
Le confinement chez moi, a été une opportunité pour me soustraire au tumulte de la vie quotidienne, et de me plonger dans des lectures depuis trop longtemps remises à plus tard. De plus, cela m'a permis d'aller jusqu'au bout de deux projets d'écriture et de les envoyer à leurs éditeurs respectifs.
Mais, le plus important dans cela, a été l'occasion de se retrouver dans l'intimité de soi-même, et de prendre le temps de la contemplation et de la réflexion.
Ces temps de pandémies sont des moments où l'humanité doit se remettre en question, où l'on doit s'interroger sur les voies dans lesquelles nous nous sommes engagés individuellement et collectivement.
Chose étrange, hasard de l'Histoire peut-être, les grandes pandémies ont souvent eu lieu au début de chaque siècle avec une ponctualité déconcertante. Au début du XIXème siècle entre 1817 et 1825, une grande épidémie de choléra a décimé l'Europe et le pourtour méditerranéen. On trouve même sa trace dans les chroniques de l'historien Ibn Abi Dhiaf qui avait décrit comment le royaume de Tunis y avait alors fait face. Entre 1918-1920, la Grippe Espagnole avait décimé 50 millions de personnes et aujourd'hui, nous aurons un jour à témoigner auprès des générations futures, de la manière avec laquelle nous vivons cette nouvelle grande pandémie de début de siècle.
Mais au-delà de la maladie elle-même et des innocentes victimes qu'elle emporte, nous devons réfléchir à plusieurs problématiques d'une urgence brûlante :
- Tout d'abord, sur la pertinence du modèle de gouvernance qui s'est imposé depuis 30 ans et qui gouverne le monde depuis la déconfiture du modèle de gouvernance socialiste. Nos sociétés désormais totalement acquises au modèle libéral et globalisateur, se sont engagées dans une doctrine socio-économique qui se base sur l'individualisme, la concurrence et le désengagement de l'Etat comme moteurs de développement.
Soit ; seulement voilà, nous nous trouvons aujourd'hui, dans une situation tragique et explosive où ce modèle n'est pas du tout opérationnel. On s'obstine à nous décrire ce que nous vivons comme étant une situation exceptionnelle alors qu'elle ne l'est pas si on prend la peine de consulter les manuels d'Histoire. Ce modèle fragilise une très large frange de la société qui n'arrive même plus à assurer ses besoins les plus élémentaires et par là-même, dans une voie de conséquence inéluctable, l'ordre social se retrouve légitimement menacé à sa base par la détresse d'une trop grande partie de la population. Ce modèle sociétal est un colosse aux pieds d'argile qu'il faut absolument remettre en question et de toute urgence.
- Le deuxième questionnement important à mon sens, est d'ordre écologique. Depuis des décennies, toute la communauté scientifique n'arrête pas de tirer la sonnette d'alarme mettant en garde les dirigeants de ce monde, sur l'exploitation outrancière que notre génération inflige à la planète et à ses ressources.
Courant derrière un objectif économique absurde qui est basé sur la croissance permanente de l'activité (comme si les arbres pouvaient pousser jusqu'au ciel), l'Homme martyrise la planète depuis des décennies ponctionnant outrageusement ses ressources et ne se préoccupant aucunement de l'héritage désastreux qu'il risque de léguer aux générations à venir. Cette pandémie est venue comme un rappel cinglant de la nature qui renvoie l'Humanité à sa position de colocataire et en aucun cas de propriétaire pouvant infliger ce que bon lui semble à la Terre. En à peine quelques mois de pandémie, l'humanité a été sommée de se terrer dans ses « grottes » et de donner, malgré elle, un répit à l'atmosphère qu'elle s'était jusque-là refusée à lui accorder.
Reem Azmy : (journaliste et peintre égyptienne)
En raison du virus Covid 19, ma vie a quelque peu changé. Je travaille de chez moi ou ce qu'on appelle, le télétravail, et très peu si je sortais sous le confinement dans mon pays, (au Caire).
Certains s'ennuient à la maison, Mais je crois que je suis occupée par le travail, comme si j'étais dans mon bureau, en écrivant et en envoyant des articles pour l'établissement de presse avec lequel je collabore. Je n'ai même pas eu le temps de faire de nouvelles œuvres comme je l'ai cru, tellement je me sens stressée, et pour meubler mon temps, j'essaie de suivre les actualités, ou regarder des films.
Je crois aux appels qui conseillent les personnes qui peuvent rester à la maison d'y rester, afin de permettre aux autres qui sont obligés de sortir pour travailler ou aider, comme les médecins et les infirmiers.
Je pense que nous n'avons rien d'autre à faire, que de garder l'espoir, afin de surmonter ces jours difficiles. J'espère que les gens passeraient aux bonnes actions, essaieraient d'améliorer leurs performances, et prieraient afin de sauver le monde de cette pandémie.
A suivre
Témoignages recueillis par :


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