Un problème de taille se pose au quotidien aux médecins généralistes de libre pratique en plus des tracas administratifs endurés par les contraintes de leur banque et autre la CNSS: Le constat du décès à domicile. Par le passé le médecin était appelé à constater la mort de l'un(e) de ses patients( es)en rédigeant de sa propre main sur une ordonnance portant son nom comme suit : " Je soussigné certifie avoir constaté ce jour la mort "CONSTANTE", "NATURELLE" ET "REELLE" de Mr ( MMe) ...et autorise de ce fait son inhumation le lendemain." Insister sur les trois mots clés car en l'absence de l'un d'entre-eux, l'autorisation d'inhumer n'est nullement délivrée par la mairie. Au cas où la mort lui semblerait suspecte après examen de la dépouille, il en saisissait de suite le procureur qui ordonnait son transfert à l'hôpital aux fins d'une autopsie médico-légale. Dans pareil cas, le pauvre praticien encourait la réprobation, la colère de tous les proches du défunt pour avoir osé " déranger" le disparu en déclenchant cette procédure. Le formulaire du Ministère de la Santé Les dernières années, le Ministère de la Santé obligea tous les médecins à dûment et rigoureusement rédiger un formulaire unifié à tout le corps médical et composé de deux feuillets avec des cases à remplir bien distinctement et relatives aux : * Données relatives à la personne morte: ( Identité complète, date et lieu de naissance, N° de la Carte d'Identité Nationale, adresse, municipalité, délégation, gouvernorat, sexe, profession, état civil, nationalité). * La date et l'heure de survenue du décès, la date et l'heure du constat de la mort. * L'existence ou pas d'un empêchement légal à l'inhumation. * Indication ou pas de mettre la dépouille dans une caisse plombée. * Le Numéro d'inscription du médecin au Conseil de l'Ordre et s'il est le médecin traitant ou pas. * L'identité complète du parent ayant contacté le médecin et devant le lendemain se rendre à la mairie pour la déclaration du décès. * Causes du décès, antécédents médicaux et /ou chirurgicaux. * Mort survenue lors d'une grossesse ou postérieure à l'accouchement (nombre de mois) * Lieu de survenue du décès (voie publique, domicile, hôpital, institution privée ou autres); S'agit-il d'un accident de travail? * Une autopsie médico-légale est-elle indiquée? Le constat du décès ***Avant le confinement c'est, généralement, le médecin traitant qui est sollicité par la famille pour constater le décès. Au départ, on l'informe du but du déplacement et la procédure se déroule normalement comme une lettre à la poste sans le moindre accroc. ***Pour l'heure changement de décor de 180°. Car du fait de la fermeture des cabinets médicaux, le plus souvent on n'a pas recours au médecin de famille pour assurer pareille entreprise mais à celui qui habite dans le patelin à l'inverse de ses confrères n'y résidant point. Autre non-vérité, on l'informe d'emblée que leur parent est " très" fatigué. Chemin faisant on monte d'un cran:" Pourvu qu'on arrive à temps ". Parvenu au coin de la rue, le médecin est définitivement édifié: Un attroupement monstre devant la maison, des hululements stridents de lamentation et les versets du Coran débités par un haut parleur. Questions: * Le médecin peut-il se faufiler en toute sécurité parmi toute cette cohorte du seuil de la maison jusqu'à la chambre mortuaire? * Les parents de crainte d'une éventuelle entrée en jeu des services sanitaires occultent tous les épisodes antérieurs au décès (Fièvre, toux, dyspnée, essoufflement, tares, syndrome grippal, etc...). "Affirmations ne pouvant être mises en doute par le praticien d'autant qu'il n'est pas son médecin traitant dans le plus clair des cas. * Nullement équipé et protégé pour effectuer un rigoureux examen de la dépouille "potentiellement contagieuse" quelle attitude à adopter par le médecin? Refuser l'examen****** ou le faire en mettant sa propre vie et celle des siens en péril? Toute mort est suspecte pour l'heure Un haut responsable « d'une" direction régionale de la Santé interrogé à ce propos de répondre laconiquement: "Tout décès à domicile en cette période de confinement est considéré comme consécutif à une atteinte Covid19 positif". Facile à dire mais sur le terrain la donne est des plus compliquées en l'absence d'un texte net et clair émanant de la tutelle dans ce sens. Déjà en dehors du confinement, le médecin éprouve les pires difficultés à faire admettre aux parents et proches la "MORT CONSTANTE, NATURELLE et REELLE" de leur être cher. Que dire alors en cette période de terreur collective? Le pauvre praticien ne risque-t-il pas d'être violemment pris à partie par toute la smala présente au cas où émettrait des réserves quant à la nature et à la cause du décès en décidant de ne pas signer le constat de décès? La peur des présents d'être contaminés n'est-elle pas un facteur catalysant leur détresse les poussant à déverser leurs courroux, haine, voire vengeance sur cet oiseau de malheur mettant à nu les risques réels qu'ils encourent pour avoir côtoyé de par trop près et le défunt et les membres de sa famille lors des derniers jours? La balle est dans le camp de la tutelle Le corporation des médecins de libre pratique est dans l'expectative et ne sait plus à quel saint se vouer d'autant que cette pandémie et ses retombées risquent de perdurer pour longtemps encore. La tutelle est appelée à clairement se prononcer sur la question histoire de mettre à l'abri ses affiliés et de la colère des parents en cas de refus de se déplacer sur les lieux, et de la contagion quand d'aventure ils consentent à s'y rendre pour délivrer ce certificat de décès.