En vertu de l'article 69 de la Constitution de 2014, un député peut faire prévaloir son immunité pénale et ne peut être poursuivi tant que cette immunité n'a pas été levée. Toutefois au cas où il est accusé d'un délit quelconque, cette immunité peut être levée, à la demande de la justice, au président de l'Assemblée des représentants du peuple qui applique la procédure en vigueur à cet effet. La question de levée de l'immunité en Tunisie est devenue un problème préoccupant, depuis l'affaire de l'ex-ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli , pour lequel elle n'a été appliquée qu'une fois le destinataire a été en « lieu sûr » puisque tous les mandats judiciaire émis à son encontre sont restés infructueux jusqu'à ce jour. Le même problème s'est reproduit avec les députés soupçonnés de corruption, et pour lesquels la demande de levée d'immunité à leur encontre par le pôle judiciaire est restée jusqu'à présent lettre morte, tel que l'a confirmé il y a quelque temps son porte-parole en soulignant bien que ces députés sont bel et bien impliqués dans des affaires de corruption. Le demande en question traine toujours dans le sous-mains du président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) ,sans qu'aucune suite ne lui fut réservée. Oubli, insouciance ou complicité ? toute réponse à cette question ne serait que supputation. Toujours est-il que cette question a fait réagir plus d'un, sans que pour autant, aucun des responsables que ce soit à l'exécutif ou au législatif ne reagisse. Dernièrement l'activiste politique, Lazhar Akremi a souligné que les quelque 20 députés faisant l'objet d'enquêtes dans des affaires de corruption devant le pôle judiciaire financier sont soumis à des pressions politiques. : « Ces députés refusent qu'on lève leur immunité et ont peur de Hafedh Caïed Essebsi, de son père, le président de la République, Béji Caïed Essebsi et du chef du gouvernement, Youssef Chahed ». Ces mêmes députés seront parmi ceux qui vont voter pour renouveler leur confiance au gouvernement ». Cependant il n'y a rien d'officiel, quant aux noms de ces députés ni à leur nombre, d'une manière claire et précise. Ce silence a suscité l'étonnement voire la déception au sein de la société civile avec toutes ses composantes, qui dénoncent une complicité passive, aussi bien du parlement que des responsables au sein du gouvernement, et une instrumentalisation de cet événement à leur profit et au détriment de l'intérêt général. Evidemment le citoyen est le dernier informé, et ne peut que subir un engrenage dans lequel il se trouve prisonnier sans qu'il ne s'en rende compte. Car comment compter sur un député corrompu pour défendre ses intérêts ? Difficile à imaginer. Pourtant c'était le chef du gouvernement qui a engagé la bataille contre la corruption, ce qui a fait tomber certaines têtes mafieuses qui se croyaient au départ intouchable. Cependant et au fur et à mesure de cette campagne, il y a des contre- réactions de la part de ses détracteurs, avec lesquels le bras de fer continue et risque de perdurer jusqu'aux élections de 2019. Cette bataille contre la corruption a suscité des luttes intestines au sein du parti au pouvoir, pour des conflits d'intérêts. Ce qui a créé une situation de trouble sur l'échiquier politique, et des tensions entre les partis d'opposition avec de graves accusations mutuelles, de corruption et de crimes politiques. Face à cette situation, quelle est la position de l'ARP ? La réponse à cette question est mitigée, car il n'y a aucune action sérieuse de la part de cet organe sur lequel repose l'Etat, de par le rôle important qui lu est dévolu par la loi suprême, alors qu' c'est à lui qu'il revient en premier de combattre la corruption par tous les moyens. C'est bien beau de voter des lois qui ne sont pas appliquées. Ce que craint le citoyen c'est le retour aux pratiques des deux poids deux mesures de l'ancien régime qui a mené le pays à la ruine. Chawki Tebib président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) a déclaré il ya quelque temps aux médias : « Ma crainte repose sur un constat hélas amer : les lobbys de la corruption ayant profité de la faiblesse de l'Etat et de l'instabilité politique se sont encore renforcés, alors qu'ils auraient dû au contraire reculer ». A juste titre surtout quand on remarque que depuis quelque temps, les organes de l'Etat à savoir l'exécutif et le législatif, ne sont pas sur la même longueur d'onde, quant aux moyens déployés pour la lutte contre la corruption. D'autant plus que la nature du régime selon la Constitution de 2014, a abouti à un déséquilibre entre l'ARP, le ^prsident du gouvernement et le chef d'Etat. Face à cette situation il est nécessaire de dépasser les conflits d'intérêts afin de resserrer les lien en vue d'œuvrer pour le même but l'intérêt général, et ce par l'application saine des lois et le respect de la Constitution.