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Les voyages des chercheurs d'or Matinier et Seddiki
Publié dans Le Temps le 24 - 07 - 2020

L'un a joué de l'accordéon aux côtés de Anouar Brahem ou Juliette Gréco; l'autre de la guitare avec Dino Saluzzi ou Al Di Meola. Tous deux partagent un amour fou du son, des rythmes et des musiques sans frontières. Pour le prestigieux label ECM, Jean-Louis Matinier et Kevin Seddiki ont conjugué leurs talents : un disque, Rivages, d'aventuriers et d'esthètes, où se côtoient du Fauré, du jazz, des rythmes bulgares et des balades anglaises.
Ils avancent piste à piste, note à note, sur leur terra incognita. Ils défrichent des passages, déchiffrent des paysages, inventent des nuances chatoyantes... Le disque en duo de Jean-Louis Matinier et Kevin Seddiki, voyageurs et chercheurs d'or, possède cette magie d'entraîner l'auditeur vers d'insolites rivages, où les influences s'entrechoquent, s'unissent, s'hybrident...
Au détour d'un accord, il y a un contrepoint de Bach ; il y a, là, un morceau de Fauré, et ici, un bruissement de forêt ; il y a du Greensleeves, des rythmes bulgares à 11 temps, et non loin, l'ombre-lumière d'un Brel. Il y a du jazz et du classique, et des musiques du cosmos, Il y a une guitare, et un accordéon, une écoute immense, la force d'une respiration commune... et tant de mondes à inventer.
Car, c'est ici, au carrefour d'une multitude de territoires, où se brouillent les cartes, que se sont rencontrés Kevin et Jean-Louis. "On se retrouve au point de jonction de tous les endroits musicaux que nous avons visités. Et en pèlerins, nous nous reconnaissons. Nous respirons ensemble", explique le premier.
Une introspection en duo
Car nulle étiquette ne saurait enfermer ou contraindre ces deux esthètes, ces ardents défenseurs de la liberté faite musique. Le premier, Jean-Louis Matinier, a fait se déhancher et suinter et gémir son accordéon, auprès du sorcier Anouar Brahem (Le pas du chat noir, Le voyage de Sahar...), du clarinettiste Louis Sclavis (Dans la nuit), du pianiste François Couturier (Nostalghia, Tarkovsky Quartet), de Juliette Gréco ou du contrebassiste Renaud Garcia-Fons.
Le second, Kevin Seddiki, au cursus classique, formé par le remarquable Pablo Márquez, a fait courir ses doigts virtuoses sur les cordes de sa guitare aux côtés du bandonéoniste argentin Dino Saluzzi, du guitariste américain Al Di Meola ou du quatuor classique Voce. Et s'est aussi immergé, âme et cœur, dans des continents musicaux manouches ou africains.
Tous deux, lors d'une poignée de concerts en commun, pour le compte d'autres artistes, ont éprouvé ce coup de foudre réciproque, et cette envie tenace de travailler ensemble. "Nous partageons un rapport assez rare au son, au timbre, éclaire Kevin Seddiki. Quand nous jouons ensemble, nous pouvons aller sur des univers très mélodiques, très spacieux, ou au contraire très rythmiques, très denses, des musiques écrites, comme Fauré, ou des improvisations..."
Jean-Louis Matinier, lui, salue "l'écoute, l'engagement, le sens du rythme et de la mélodie de Kevin". "Nous avons le plaisir du partage, via un profond travail d'introspection, qui nous permet d'imaginer notre langage commun", ajoute-t-il.
Et puis, il y a ces rythmes qu'ils maîtrisent si bien, l'un et l'autre, ces cœurs battants glanés au fil des escapades, des horizons. L'accordéon se fait tambour, silence, respiration : la guitare tient la pulsation, cabossée parfois, gentiment chaloupée ou métronomique. Kevin Seddiki, lui-même, a appris le zarb, à 20 ans. Et cette incursion sur le tambour iranien, lui a offert des rythmes précieux au bout des doigts. Ainsi, les deux ont décidé de se passer de percussion. Mais leurs deux instruments possèdent, à n'en pas douter, l'ampleur d'un mini-orchestre.
Un jeu sans règles
Pour méthode de travail, Kevin Seddiki et Jean-Louis Matinier ne se sont posé aucune limite : "Nous avons essayé des chansons, des compositions classiques, comme Les Berceaux de Fauré. Nous avons surfé sur les esprits de Bach ou de Charlie Haden. Nous avons joué sans règle, cherché sans dogme, improvisé sans filet...", éclaire le guitariste.
Et leur prestigieux label, ECM, a enregistré leur quête dans l'auditorium de la radio de Lugano, à l'acoustique exceptionnelle : chaque son s'y détache avec une précision, une netteté, un grain fabuleux. Ainsi, Kevin Seddiki compare les pistes du disque à des tableaux, des peintures, où les sons résonnent en couleurs. "Nous avons appelé ce disque Rivages car il y a un rapport à l'eau. Nous sommes toujours à la frontière d'esthétiques musicales différentes. Pour moi, le duo, c'est la possibilité de ce qui peut se mélanger, ce qui peut se créer. Chaque personne s'avance comme un continent, un univers, un pays, aux couleurs à mélanger...".
À celles des deux, notre âme d'auditeur se mêle aussi, et nous parcourons, sur le souffle de l'accordéon, sur les cordes de la guitare, cette terre pleine de surprises, hors frontière, douces, aux accents mélancoliques, mais d'où jaillit une puissante lumière. Un disque qui agit comme un périple, un voyage à travers le son...


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