p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"LE TEMPS - Jameleddine EL HAJJI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"D'après la « petite actualité », la Tunisie est en train d'accumuler les signes d'un effondrement total de l'Etat, dont les institutions démontrent chaque jour un peu plus leur désuétude par rapport au moment historique que nous traversons. La scène mettant en jeu le Président de la République, sermonnant en public le chef du gouvernement pour une affaire de nominations de conseillers, n'aura pas été la dernière à sonner le glas pour un Etat qui agonise presque. Pourtant, l'explication de cette scène et de ses vrais mobiles ne viendra pas dans le court terme. Le ton et le verbe du chef de l'Etat s'adressant au chef du gouvernement Méchichi tranche curieusement avec le calme (publié en photo par le site de la Présidence de la République), voire la bienveillance que le Président afficha en recevant une délégation d'El Kamour, dans le cadre des tentatives de trouver une issue viable à la fermeture «sauvage» des vannes d'acheminement du pétrole produit dans la zone. Selon certaines sources, il a été décidé d'engager 500 « chômeurs » dans une société de jardinage et de plantation, une forme de palliatif au désordre installé dans la région contre les sociétés pétrolières. A Tataouine, vendredi, des nouvelles non encore vérifiées, font état du « renvoi » par les « protestataires » d'une quarantaine d'enseignants non originaires de la région, réclamant que le personnel enseignant doit être recruté exclusivement parmi les habitants de la zone. Vers l'ouest, le bassin minier demeure sous la pression de mouvements «sociaux» bloquant l'acheminement du phosphate vers les unités de production industrielles du Groupe Chimique Tunisien (GCT). Le tout dans un tableau dominé par l'incertitude consécutive au regain d'intensité de la propagation du coronavirus. Est-il encore temps de parler de bonnes dispositions d'une quelconque partie du pouvoir ? Sommes-nous à la veille d'un nouveau relâchement des mœurs politiques qui, pour sûr, sera fatal à la République ? Le ponctuel qui dure Face à cette situation, la Primature d'El Kasbah a publié un communiqué faisant état d'une déclaration du chef du gouvernement, selon laquelle celui-ci n'acceptera plus jamais la mise scène de sa dernière entrevue avec le chef de l'Etat. Sur ce chapitre, une fois encore, la communication de la Présidence de la République prêche par spectacle et par sensas, ce qui sied mal à son travail, malgré les gains virtuels du moment. Le public est en effet volatile sur ce chapitre. Reste qu'il y a problème non seulement à Carthage, mais aussi à la Kasbah et au Bardo. Une ramification inextricable de tension entre ces trois pôles du pouvoir, est en train d'étouffer les appareils de l'Etat, marquant l'inadaptation de la Référence de tous les antagonistes, à savoir cette Constitution que chacun interprète selon ses intérêts du moment, barrant la route à toute initiative de prospection, voire de gestion pure et simple des problèmes et dossiers du moment. Pour ne rien arranger, l'éducation et la santé pataugent, par manque de moyens matériels et humains, offrant des services ne dépassant pas l'instantané. Plus que jamais, la Tunisie se présente comme un Etat en sursis, dont la classe politique ne fait pas cas du facteur temps, en particulier quand il fait mauvais. Ce qui aggrave encore la situation c'est ce mode de communication au compte-gouttes adopté par les trois pouvoirs. Lors de la fameuse entrevue avec Méchichi, Kaïs Saïed a évoqué, entre autres, des personnes sur lesquelles pèsent des jugements définitifs. Une phrase qui ne peut que questionner le Juge de l'exécution des peines, et par extension tout l'appareil judiciaire, ses lenteurs et ses atermoiements, qui ne sont pas dus uniquement à un manque de moyens. Moraliser la gestion politique Ce qui gêne dans cette situation, c'est un phénomène pas du tout rassurant, qui consiste à se faire la guerre par les dossiers, ne rebutant plus à utiliser les relations familiales et sociales comme moyen de pression sur les plus responsables de l'Etat. Dans ce contexte, Kaïs Saïed cachait mal son amertume quant aux tentatives du CSM (Conseil National de la Magistrature) de faire du transfert de la juge, femme du Président de la République, une affaire d'opinion publique. Bien que l'on ne puisse encore conclure à un isolement du chef de l'Etat sur l'échiquier national, on voit mal celui-ci présider aux destinées d'un dialogue national rassembleur, sur au moins les chapitres qui bénéficient sinon d'une unanimité, du moins d'une large majorité auprès des partis et des organisations nationales majeures, soient les principaux acteurs du dialogue tant nécessaire. Ainsi, le pays est en train de s'enfoncer dans une crise politique doublée d'une crise morale sans précédent. Les propos généralistes du chef de l'Etat, loin d'étancher la soif, sont en train de plonger le citoyen dans une confusion qui ne manquera pas de venir à bout du peu de foi qu'il a encore des institutions de la République. Dans cette ambiance, il ne reste que le référendum pour trancher entre les différentes factions qui se déchirent autour de la question du choix du régime à adopter. Une sorte de table rase, remettant les compteurs à zéro, favorisant un nouveau départ sur de nouvelles bases. Entretemps, le pouvoir de l'Etat est en train de s'éroder au rythme d'une décadence que le gouffre économique rend plus dangereuse à mesure que s'amorce cet émiettement du pouvoir de décision, soit la principale cause de la crise de cette République, de sa Constitution, de son code électoral, bref de tous ses textes organiques. La Tunisie ne résistera plus longtemps à l'improvisation comme mode de gestion, au détriment d'une planification rationnelle sur le court, le moyen et le long terme. S'agissant de l'élément humain devant prendre en charge ce dossier, il est grand temps de se décider sur le rapport de l'actuelle République avec son passé récent, et son histoire proche. On aura fait la moitié du chemin si la Justice quitte sa léthargie, et tranche définitivement sur les dossiers qu'elle détient, lesquelles mettent en cause certaines personnalités connues pour leur compétence dans leurs domaines d'activités respectifs. La haine peut servir provisoirement à ameuter la canaille, comme dans les dictatures, mais ne peut pas fonder un Etat démocratique. C'est l'histoire qui le dit et le répète. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"