p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"LE TEMPS - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 10px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"A chacun sa conception propre de la péremptoire « Raison d'Etat ». Même le Covid-19 en a une, quoique planétaire. Au nom de la démocratie, les fondements de l'Etat de droit s'en retrouvent ébranlés. Au nom de la liberté d'expression, c'est le déchaînement du verbe décapant, outrancier et sans retenue aucune que véhiculent les sournois conflits d'intérêts et les alliances politiquement « incestueuses ». Au nom de la gouvernance saine, on nous ment copieusement. Fuite en avant face à des périls qui se font irréductibles ? Gagner du temps en attendant que les choses s'arrangent d'elles-mêmes ? Pour autant, l'Etat de droit est en train de se transformer en leurre. Parce qu'il n'y a plus de limites à cette fièvre revendicative, à ces passe-droits faisant que le pays soit devenu indéchiffrable, à la faveur d'entités éparses. A croire que ce Nobel de la paix, timidement célébré portait déjà, cinq ans en arrière, les traits d'un destin ricanant. Les germes d'une malédiction aussi. Moulins à vent Hichem Méchichi veut donner l'image d'une « force tranquille ». Il cherche aussi à convaincre les Tunisiens que l'autorité de l'Etat est inébranlable ; qu'il est lui-même dans la logique de cette main de fer dans un gant de velours. L'ennui, c'est que, de quelque côté qu'on oriente le regard, c'est un Etat morcelé, dissolu et guère solidaire qui occupe le panorama. Lorsque les deux têtes de l'Exécutif, le Président de la république et le Chef du gouvernement pourtant choisi par lui, ne sont plus du même côté, ni même du même bord, c'est le blocage institutionnel. Blocage qu'instrumentalisent d'honorables élus du peuple, au gré de leurs alliances stratégiques, pour les besoins d'un lobbying où s'entremêlent leviers du pouvoir et argent politique. Comment doit réagir Méchichi qui encaisse tous les coups ? Certes, il a recadré, très poliment, le Président, lui rappelant indirectement qu'il y a une constitution à respecter, et que cette constitution délimite les champs de prérogatives de l'un et de l'autre. En aucun cas, Hichem Méchichi qui se retrouve depuis le début de son mandat à faire le sapeur-pompier, n'a besoin d'un surplus de tension entre Kaïs Saïed et lui, et que Seifeddine Makhlouf ne cesse d'alimenter. Le très bouillonnant président de la coalition Al Karama vient, en effet, de brandir la menace d'un recours à la destitution du Président par le biais d'une motion au Parlement. Cela ne sert en rien la stabilité des institutions. Parce que, déjà pris par une espèce de paranoïa, le locataire de Carthage, y verrait encore un complot fomenté dans «les chambres obscures». Inévitablement, il y associerait Hichem Méchichi, dont le gouvernement de technocrates est sous la menace d'une récupération politicienne, plan pour le moins révélé par le trio Ennahdha, Qalb Tounès et Al Karama. Face aux exigences de redressement d'un pays en détresse respiratoire, comme en réanimation à cause d'une contamination au Covid-19, le Chef du gouvernement donne parfois l'impression de se battre contre des moulins à vent. Par où commencer, en effet, dans un champ de ruines ? Il faut des mesures chirurgicales. Peut-il y procéder si des groupuscules, dit-on, islamo-affairistes, soutiennent dans la pure logique des lobbys, une horde sauvage coupant les vannes du pétrole ? En fait, voilà : c'est, entre autres, le discours extrêmement populiste de Kais Saied qui y contribue inconsciemment. « Le peuple veut » ? El Kamour est le premier servi ! Cannibalisme tribal On ne s'explique d'ailleurs pas le silence du Président face à la gravité d'un tel acte de désobéissance civile. Un tel affront porté à la souveraineté de l'Etat et à la Raison d'Etat en ce qu'elle comporte aussi des impératifs économiques vitaux. Et cela a fait boule de neige. Avec El Kamour, on n'en est plus, maintenant, à parler « Nation ». Justement, parce que celle-ci s'est décomposée. Parce que, plus de soixante ans après l'indépendance, la Tunisie est en proie au cannibalisme tribal. Il y a cependant un dilemme : faire comme a fait Ben Ali en 2008, lors de l'insurrection au Bassin minier (ce qui est, aujourd'hui hors de question parce que nous sommes en démocratie et que nous ne sommes plus en régime policier) ; sinon approfondir le dialogue « civilisé » avec la coordination des sit-ineurs d'El Kamour ? Ce serait plus sage. Oui, mais jusqu'où, lorsque cette coordination ne veut plus rien entendre, ni plus rien négocier ? L'énième round des négociations a démarré ces derniers jours, au siège du gouvernorat de Tataouine. Il y avait les représentants du gouvernement, des représentants des organisations nationales, des députés originaires de la région ainsi que des experts et des hautes compétences e la matière. Un premier temps, Moncef Achour porte-parole du ministère des affaires sociales et fin négociateur, s'est déclaré optimiste. En face, cependant, les membres de la coordinateur d'El Kamour, dont le porte-parole Tarek Haddad affichait une attitude ostensible, portant aussi une casquette à la manière d'un rappeur, enfonçaient davantage le clou, après avoir donné l'impression d'assouplir ses positions. En fait, c'est la position radicale qui réémerge : recrutement immédiat de 1500 jeunes dans les sociétés pétrolières opérant dans le désert, et le décaissement tout aussi immédiat de 80 millions de dinars pour les besoins du fonds d'investissement et de développement à Tataouine...Au bout du compte, les négociations ont encore échoué. Il est vrai que le gouvernement Chahed n'a pas honoré ses promesses et ses engagements signés le 16 juin 2017. Mais ce qui était, au début, un mouvement de revendication, s'est entre temps mu en proclamation séparatiste. C'est que les lobbys se sont invités à ce bal macabre. Fâcheux et dangereux précédent : l'Etat est tout bonnement clochardisé. Toute sa pérennité, toute sa crédibilité en prennent un sacré coup ! p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 10px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"