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Kaïs Saïed : toujours populaire, mais isolé et seul contre tous !
Publié dans Le Temps le 28 - 10 - 2020

Populaire, il l'est toujours ! Il dépasse de loin tous ses adversaires. Mais la popularité est fragile et souvent éphémère en politique. Le peuple, cher au chef de l'Etat, attend beaucoup de son président qui, après un an au pouvoir, se trouve un peu isolé face à des adversaires coriaces et farouchement attachés à leurs prérogatives, à leurs privilèges et à leurs intérêts...
Rappelez-vous : le 3 octobre 2019, Kaïs Saïed fut élu triomphalement président de la République avec 2,77 millions de voix, soit 72,71 % des suffrages. Ceux, qui laissent entendre qu'il était arrivé par hasard, se trompent. C'était un vote-sanction contre les partis politiques en place. Kaïs Saied incarnait et incarne encore, aux yeux de tous ceux qui ont voté pour lui, une intégrité morale que le pouvoir en place n'avait pas. Les jeunes, qui étaient nombreux à voter pour lui et qui continuent à le soutenir, voyaient en lui, un outsider capable de lutter efficacement contre la corruption et de redonner espoir à tous ceux qui sont toujours exclus des fruits du développement de leur pays. Le style et la manière d'être du professeur plaisent aux jeunes, notamment diplômés mais sans emplois.
Les mécontentements s'installent...
Un an après, Kaïs Saïed demeure toujours populaire. Selon le dernier sondage d'opinion de Sigma Conseil publié le 20 octobre dernier, le chef de l'Etat recueillerait 64,8% des suffrages. Mais d'après un autre sondage d'Emrhod Consulting, commandé par Business News et Attassia et publié jeudi 15 octobre 2020, 48% des Tunisiens seulement se disent aujourd'hui satisfaits du rendement du président de la République contre 58% au mois de septembre, soit dix points de moins en un mois ! Certes, le président de la République demeure toujours la personnalité politique la plus populaire, mais la déception commence à se sentir.
Est-ce pour cette raison que Kaïs Saïed a célébré sa première année à la tête de l'Etat en se rendant à son fidèle compagnon Ridha Mekki dit " Lénine ". Que se sont-ils bien dit !? On rend visite à un ami pour lui raconter souvent des confidences sur les côtés cour, mais surtout les côtés jardin du palais de Carthage que Kaïs n'aime pas trop, surtout pour y vivre ! Le nouveau chef de l'Etat manque d'expérience, de soutien et de prérogatives constitutionnelles pour concrétiser son projet politique.
Cependant, Kaïs Saïed a-t-il vraiment une vision pour le pays !? La Constitution actuelle permet-elle au président de la République de faire autre chose que de se consacrer à la défense, à la diplomatie et à être le garant suprême de la Constitution et de l'unité de la nation ?
Depuis un an, le chef de l'Etat n'a cessé de dénoncer et de condamner les invisibles de la politique, c'est-à-dire l'argent, les interférences extérieures, les collusions entre politiques et clans d'affaires, les chambres noires, les traîtres, les pourris et les corrompus, les comploteurs et tous ceux qui spolient l'argent du peuple...
Mais la mission du président de la République consiste-t-elle à commenter les évènements ou à décider ?
En voulant recadrer les uns et les autres et parler dans le vague sans citer des noms et sans actes, il a fini par se trouver seul contre tous ! Il aurait pu ne pas épuiser toutes ses cartouches pour les utiliser plus tard pour les grands dossiers de la réforme constitutionnelle et du code électoral mais aussi surtout pour les alliances politiques d'autant plus qu'il lui manque un parti politique sur lequel il peut compter pour affronter ses adversaires qui sont de plus en plus nombreux et organisés pour se défendre.
La conseillère du président de la République en communication, Rachida Enneïfer vient de quitter son poste ou tout simplement gentiment remerciée !
C'est que la communication du chef de l'Etat a été un fiasco ! Rappelez-vous de toutes ces scènes où Kaïs Saïed encadraient le chef du gouvernement et le président du parlement ! Et souvenez-vous de toutes ces visites nocturnes du président de la République et de ses allocutions visant à donner des leçons aux uns et aux autres qui seraient tous sanctionnés sévèrement !.
Le fiasco de la communication
Le chef de l'Etat a besoin d'une communication susceptible de traduire ses ambitions pour la Tunisie et ses desseins pour redonner espoir à tous ces Tunisiens et Tunisiennes qui l'avaient choisi pour que toute la Tunisie rime au même rythme d'un développement durable et équitable pour tous.
C'est à cause de cette mauvaise communication que le chef de l'Etat est plus isolé que jamais. Peu d'intellectuels, d'hommes et de femmes de culture, et d'artistes soutiennent le président de la République qui est, pourtant, bien placé pour leur plaire et les séduire. Car tout projet politique est avant tout une ambition culturelle !
Bien sûr, la question fondamentale de notre culture arabe concerne le choix des conseillers du chef de l'Etat qui s'entoure, bien souvent, de partisans, d'amis, de voisins et de cousins très peu compétents pour ne pas dire de bras cassés ! C'est l'entourage qui est, hélas, à l'origine de tous les échecs et les défaites des chefs d'Etat arabes. Les conseillers ne doivent être ni des amis, ni des proches ou d'anciens élèves du président de la République. Le choix des conseillers se fait en fonction de leurs compétences, de leur talent, de leur probité et de leurs valeurs morales et intellectuelles. Un conseiller doit être un esprit libre, bien expérimenté, une grande compétence nationale voire internationale, un professionnel et un expert dans son domaine.
Les béni-oui-oui !
Les conseillers sont censés donner des conseils qui déplaisent et qui dérangent. Il est vrai que les chefs d'Etat arabes limogent très vite leurs meilleurs conseillers parce qu'ils osent montrer les points faibles des dirigeants, leurs réalités et leurs vérités qui les dérangent. Il est vrai aussi que les conseillers préfèrent, bien souvent, dire aux présidents de la République ce qu'ils veulent entendre pour ne pas dire ce qu'ils lisent sur leurs lèvres. Et c'est là le fond de notre problème central ! Les béni-oui-oui qui finissent par isoler le chef de l'Etat qui devient une marionnette de son entourage.
Gouverner c'est prévoir, anticiper, faire des alliances, savoir mobiliser autour de soi des hommes et des femmes de grandes compétences capables de défendre le projet politique, économique, social et culturel du chef de l'Etat.
Est-ce que Kaïs Saïed a bien tiré la leçon après une année de règne pleine de tension, de querelles improductives, de limogeages hâtifs voire parfois humiliants, de démonstration de force pour se créer de faux ennemis, de faux problèmes et de faux combats !? Est-il prêt pour jouer pleinement son rôle en politique étrangère à l'heure où la Tunisie occupe, pendant un an, au Conseil de sécurité, une place de choix pour aider le monde arabe à se démocratiser, à donner un peu d'espoir à sa jeunesse et à ses femmes et pour tenter de mieux humaniser et façonner notre planète par une meilleure cohabitation heureuse entre le Nord et le Sud ?
Le chef de l'Etat est-il prêt pour réconcilier et unir les Tunisiens sans les diviser, sans les dresser les uns contre les autres !? Avec son fidèle compagnon "Ridha Lénine", Kaïs Saïed a-t-il enfin compris qu'il n'est plus le professeur avec ses étudiants, mais qu'il est à la tête d'un pays dont l'histoire est riche de plus de trois millénaires et qui a toujours su griffer positivement la civilisation humaine !? A-t-il compris que les amis, on les consulte et on les rencontre de temps en temps pour les écouter, pour demander leurs points de vue, mais à titre exceptionnel et personnel !?
Certes, il n'est jamais trop tard pour bien faire, mais encore faut-il vraiment tourner la page pour en écrire une nouvelle plus apaisée et plus sereine où tous les Tunisiens et les Tunisiennes sont rassemblés, sans exclusion aucune, pour mobiliser leurs compétences, leurs intelligences et leurs énergies au service de la Tunisie, de sa liberté et de sa souveraineté !? Tout dépendra du locataire de Carthage et de son entourage...
M. M.


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