C'est désormais officiel. Le sinistre feuilleton du sit-in d'El Kamour a connu son épilogue dans la soirée du vendredi 6 novembre après de longues semaines de négociations laborieuses ponctuées de revirements et de suspensions de séance. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook officielle vers le coup de 22 heures, la Présidence du gouvernement a annoncé la conclusion d'un «accord définitif » avec la coordination de ce sit-in qu'observent des chômeurs sur un site pétrolier situé dans le désert du gouvernorat de Tataouine pour réclamer des emplois et le développement de la région. La présidence du gouvernement a également précisé qu'en vertu de cet accord, qui sera signé le dimanche 8 novembre, la production du pétrole doit reprendre à partir du samedi 7 novembre. Le site pétrolier d'El Kamour abrite une importante station de pompage dont la vanne a été fermée le 17 juillet dernier par les protestataires. Ces derniers ont conditionné la réouverture de la vanne par la mise en application de toutes les clauses de l'accord d'El Kamour, signé avec le gouvernement en 2017. L'accord initial prévoyait notamment le décaissement de 80 millions de dinars par an au profit de la caisse régionale de développement et d'investissement, le recrutement de 1500 personnes par les sociétés pétrolières et de 3000 ouvriers par la Société de l'environnement et du jardinage. Mais cet accord initial a été remodelé après un mois de négociations menées entre une délégation gouvernementale et la coordination du sit-in au siège du gouvernorat de Tataouine, avec la participation de représentants des organisations nationales. Le nouvel accord prévoit le recrutement de 1000 personnes dans la Société de l'Environnement, de Plantation et de Jardinage, le versement des salaires dus aux agents et cadres de la société dans un délai d'une semaine à compter de la reprise du travail, le classement de cette société en tant qu'entreprise publique placée sous la tutelle du ministère de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche. En ce qui concerne la Société du Sud des services, l'accord porte sur le versement des salaires et des primes des agents et cadres, la nomination d'un directeur général par le conseil d'administration de la société et l'élaboration d'un nouveau business-plan et l'augmentation du capital de l'entreprise dans un délai qui ne dépasse pas les trois mois à compter de la date de nomination du directeur général. 80 millions de dinars par an Les contrats signés entre la Société du Sud des services et les compagnies pétrolières seront d'autre part prolongés, tout out en accordant la priorité à la société pour les nouveaux contrats pendant une période de cinq ans renouvelables. L'accord prévoit également le décaissement d'un montant de 80 millions de dinars chaque année au Fonds régional de développement et d'investissement à Tataouine. Ce montant sera décaissé dans le cadre du programme de la responsabilité sociétale et dont l'exécution est conditionnée par la continuité de la production sur les sites pétroliers. S'agissant du recrutement du recrutement dans les sociétés pétrolières, les deux parties se sont mis d'accord sur le recrutement de 215 agents permanents en 2020 et de 70 en 2021 et de 660 agents temporaires. L'accord porte aussi sur la réalisation d'étude de faisabilité relatives à la création de cinq sociétés à participation publique capables de créer de l'emploi dans plusieurs secteurs d'ici la fin du premier trimestre 2020, avec l'octroi de la priorité à ces sociétés pour les contrats avec les sociétés pétrolières opérant dans le gouvernorat de Tataouine. Le gouvernement s'est par ailleurs engagé à créer des emplois à travers le financement de 1000 projets par des crédits accordés par la BTS, la BFPME et les associations de microcrédits, en partenariat avec les programmes de Responsabilité sociétale. Il a été convenu par ailleurs d'accorder 1,8 million de dinars à l'Union sportive de Tataouine, 2,6 millions aux diverses municipalités du gouvernorat et 1,2 million de dinars aux associations spécialisées dans le développement. Dans une interview diffusée le 18 octobre sur la chaîne nationale, le chef du gouvernement Hichem Méchichi avait dévoilé que la fermeture de la vanne de la station de pompage d'El Kamour a coûté au pays des pertes de 800 milliards de dinars en ces temps de vaches maigres. Outre son impact négatif sur les finances publiques, l'arrêt de la production des hydrocarbures dans le gouvernorat de Tataouine a engendré un creusement du déficit de la balance énergétique. Les champs pétrolifères situés dans le désert de Tataouine assurent en effet bon an, mal an environ 50% de la production nationale de pétrole. W.K.