Les années d'or de la Culture en Tunisie ont été précipitées vers les abîmes par la pandémie de la Covid-19. Mais, en fait, en y regardant bien, elles ont commencé à décliner depuis quelque temps déjà. On est en droit de se demander quel sera l'avenir culturel pour le pays... Après sa fin -si elle arrive un jour- la Covid-19 aura bon dos. Tout ce qui se fera de manière médiocre dans le culturel trouvera son excuse dans la pandémie. Tous les sujets des spectacles, ou presque, auront pour sujet le coronavirus ; ce qui n'est pas sans la période post-révolution durant laquelle on a eu le droit à nombre de «créations» et de livres traitant sur le sujet à en vomir. Cependant, la médiocrité au niveau culturel existe depuis quelques années déjà. Qui veut s'instaure créateur. Il suffit de faire du n'importe quoi pour dire que c'est de la création artistique. Et quand l'on critique, il est répondu que l'on n'y connaît rien. Pourtant, la Culture doit être accessible à tous et non uniquement à une certaine «élite», non ? Normalement, une œuvre doit se faire comprendre toute seule sans que son créateur ait besoin de l'expliquer. S'il a besoin de le faire, c'est qu'il doit revoir son œuvre. Le public n'a pas besoin de se triturer l'esprit pour comprendre. Il est vrai, aussi, qu'il y a besoin de faire travailler ses méninges, mais pas au point de sortir d'un spectacle, d'une projection, ou d'autres choses, avec une migraine carabine ou un sentiment de vie et d'incompréhension. Qui veut s'instaure artiste. Il suffit de chanter ou de bouger son popotin dans un cabaret, d'animer des mariages ou autres fêtes familiales, faire un certain buzz sur le Net -qui en devient salement sale- ou de montrer sa tête à la télé pour se dire artiste. Ah, la télé ! Une véritable catastrophe pour la Culture et pour les vrais artistes. On n'y voit presque jamais ceux qui œuvrent réellement pour la Culture, et quand ils sont invités, l'animateur ne leur laisse presque jamais la parole, pour se l'accaparer et sortir des banalités comme s'il avait la science infuse. Les émissions n'invitent que des potiches en guise de décorations. On a l'impression d'avoir à faire à une surenchère d'étalage de chair, de lifting, de botox, de silicone, etc. De véritables plages de publicités pour des produits de défiguration figurative, oups, de beauté! Vers une amélioration des festivals ? Il est important et surtout urgent que le statut de l'artiste voie le jour, afin de bien différencier les vrais artistes des pseudo-artistes, qui débilitent la Culture et la façonnent à leur manière ; une manière très peu saine... Que dire de certains festivals, qui, d'année en année, sont assimilés à de véritables fonds de commerce -légaux ou illégaux, ou, encore, à un moyen relationnel, du style «je t'invite, tu m'invites» ? Il pourrait avoir une amélioration. En effet, une étude est en train d'être réalisée à la demande de Tfanen-Tunisie Créative, projet d'appui au renforcement du secteur culturel, financé par l'Union européenne dans le cadre du Programme d'Appui au Secteur de la Culture en Tunisie (PACT), et de l'Etablissement National de Promotion de Festivals et Manifestations Culturelles et Artistique (ENPFMCA), dépendant du ministère des Affaires culturelles. Cette étude doit mettre en relief les points forts et (surtout) les points faibles de certains festivals, afin de rectifier le tir et de les améliorer. Du moins, on l'espère... Actuellement, la Culture chez nous a un autre problème, qui, osons l'écrire, est plus problématique que la Covid-19 : la désignation d'un ministre des Affaires culturelles. Il serait urgent que le chef du gouvernement en désigne un ou une, car la Culture ne peut pas rester dépendant du tourisme. Ça serait catastrophique, non seulement pour les artistes qui seraient, en quelque sorte, assimilés à des opérateurs de voyage, des appâts à touristes, mais également pour la véritable création culturelle, qui se verrait engloutie par la médiocrité ! Les années d'or de la Culture en Tunisie sont bel et bien finies. L'avenir semble bien sombre. Il ne reste plus qu'à espérer une éclaircie qui redonnera une nouvelle luminosité à la véritable création culturelle... Z.H