p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Que l'on ne s'y trompe pas : le mot «complot», utilisé en surtitre ne renvoie pas au renversement, le 14 janvier 2011, du régime Ben Ali. Il n'y a pas eu «complot» contre le régime. Mais un fantastique soulèvement populaire, déclenché depuis le 17 décembre 2010, essentiellement induit par les jeunes pour la dignité, pour l'égalité, pour les libertés et pour la démocratie. Mais, c'est aussitôt après que le régime ait été balayé, que s'est mis en œuvre «le complot». Celui-là même qui a fait que la révolution a été récupérée par ceux qui n'y ont pas participé. Et cela fait que, depuis dix ans, cette révolution est défigurée par la ploutocratie, tandis que ces jeunes qui ont réussi la première cyber-révolution de l'histoire en ont été méthodiquement exclus. Marginalisés même, au point que le berceau du «Printemps arabe» est tombé -classique ! - dans les avatars de ce qu'il conviendrait d'appeler aujourd'hui «une démocratie tyrannique». Cela, les constituants qui avaient forgé ce parlementaire hybride, consacrant entre autres le pouvoir tentaculaire des partis, ne l'ont pas prévu. A vouloir, éviter de rééditer «le présidentialisme», éloigner le spectre du pouvoir absolu et personnifié, voilà que la voie a été ouverte à une dictature d'un autre type. Système verrouillé Cela a eu pour effet de déséquilibrer les pouvoirs, d'hypothéquer les institutions républicaines et, le tout, au nom d'une démocratie se nourrissant de clivages idéologiques, jusqu'à consacrer un certain islamisme politique. C'est là «le complot». Et, c'est là aussi, que les idéologies progressistes et modernistes, n'ont pas su s'unir, se laissant compromettre par ailleurs dans des cohabitations contre-nature. La constitution de 2014 n'a pas fait mieux. Elle aura ficelé le système. Un système drapé de fausses incantations en faveur d'un régime libéral et laïc, mais qui n'a de libéral et de laïc que les noms. Tout a été déployé en effet pour que le «parlementarisme» s'appuie sur une constitution où pratiquement rien n'a été prévu pour l'Exécutif avec un gouvernement obligé de composer avec les rapports de forces parlementaires. Pas plus que le Président de la république, garant de souveraineté nationale et élu au suffrage universel, n'ait d'autres prérogatives que de faire dans la symbolique. Au mieux, il compose avec le Législatif et ses forces dominantes pour les besoins d'un consensus précaire (le fameux deal du Bristol). Au pire, il est condamné à l'isolement. Et à l'impuissance. La cassure de la bipolarité Nida/Ennahdha en fut l'illustration. Le dilemme cornélien face auquel se trouve aujourd'hui un Président massivement élu en dehors des partis, eh bien, en dehors des rugissements, en dehors de la colère, Kaïs Saïed ne sait pas trop comment le résoudre. A moins d'aller vers les solutions extrêmes. Des prérogatives constitutionnelles qui, elles-mêmes, sont assorties de sournois garde-fous (tout aussi constitutionnels). Face à cet état de déliquescence dans lequel est tombée la vie politique nationale, des voix s'élèvent implorant le Président de réagir. La constitution dont le système électoral a propulsé les obscurantistes au Parlement, ces ennemis de la démocratie et du caractère civil de l'Etat, doit être « suspendue » et puis révisée aux yeux de ceux et de celles nombreux qui ne se reconnaissent pas dans ce régime. Ils en appellent donc au sens de l'Etat de Kaïs Saïed. Ils lui demandent d'arrêter l'hémorragie (pas cette hémorragie dont parle Hichem Méchichi). Ils lui demandent de prendre rendez-vous avec l'Histoire, de transgresser ces lignes rouges tracées par «la tyrannie démocratique». On ne peut plus, en effet, regarder se déployer devant nos yeux cette tyrannie au sein du Parlement. On ne saurait comprendre avec exactitude les attitudes suspectes du président de l'ARP et le blanc-seing tacite donné aux gros bras qui défient toutes les valeurs républicaines. Ces adeptes de la violence physique, juste dressés pour contrer par tous les moyens une certaine Abir Moussi (contribuant paradoxalement à sa grande popularité), mais qui s'en prennent maintenant au bloc démocrate. C'est le lot quotidien de ce parlement dont on ne pensait pas qu'il pouvait faire renaitre, en un tournemain, le Cheikh suprême de ses cendres. L'article 80 : est-ce la solution ? Nous sommes, dès lors, face à une situation de fait accompli. Dans la logique même de l'intimidation de tous ceux qui entendent remettre sur la table le processus de retrait de confiance contre Rached Ghannouchi. En fait, aujourd'hui, c'est le classique jeu des binômes. L'affrontement des extrêmes que représentent les islamistes face à la radicalisation du PDL et son combat contre «le fascisme religieux». Où en sont, donc, les forces progressistes centristes de toute cette décrépitude ? Elles sont dispersées. Impuissantes à réagir à l'intérieur de l'hémicycle, elles se retournent vers le Président. Qu'un grand démocrate tel Mohamed Abbou (qui parlait en l'occurrence en son nom propre s'étant désengagé d'Attayar) appelle le Président à déployer l'Armée, à dissoudre l'ARP, à soumettre les politiciens suspectés de corruption à la résidence surveillée, à user de décrets lois pour gérer le pays et à organiser de nouvelles élections en l'espace de 90 jours et, pour tout dire, à user de l'article 80 inhérent au «péril imminent», cela peut paraitre simple à appliquer. Or, en l'état actuel des choses, cet article 80 est plutôt contre-productif. Il ne saurait permettre au Chef de l'Etat d'assainir la situation. Car, au mieux, il donne latitude au Président de permettre le retour rapide (en 30 jours) du fonctionnement rapide des pouvoirs publics. Il ne l'autorise pas à dissoudre l'ARP qui, au contraire, doit être considérée comme en session permanente. Aucune motion de censure contre le gouvernement ne peut y être formulée. Et puis, grand dysfonctionnement, grand obstacle essentiellement érigé par les manœuvres occultes, il n'existe pas de Cour constitutionnelle. Dans ce cas, c'est au Président d'interpréter les textes constitutifs : le fera-t-il ? Nous sommes, donc, dans une situation de blocage. Et, d'ailleurs, à quoi servirait le recours à l'article 80, s'il n'induisait pas une refonte totale, un assainissement en profondeur du paysage politique ? Mohamed Abbou n'est pas le seul de parler d'implication de l'Armée et des forces sécuritaires: y consentiront-elles après que les ministres de la Défense et de l'Intérieur aient fait des révélations au Parlement quant à la découverte de certains «groupuscules» en leurs seins ? Cela ne génère-t-il pas une certaine crise de confiance ? Ne les accule-t-on pas dans le dépit et dans la diabolisation ? Maintenant, on attend le discours de Kaïs Saïed, le 17 décembre prochain. Quelles mesures annoncera-t-il ? Sonnera-il le glas d'une décennie de révolution détournée de ses fondamentaux originels et de sa sève fondatrice ? Appellera-t-il à une véritable révolution ? Sauf que la Tunisie ne le supporterait pas. Car le chaos, partout, agite son spectre maléfique.... p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"