Vient de paraitre aux Editions Latrach un nouveau recueil de poésie de Badreddine Ben Henda, intitulé « Pour quelques frissons de plus... », qui réunit plus d'une soixantaine de poèmes en vers libres. C'est un recueil varié, bien fourni dans le fond et dans la forme, qui se joindra aux recueils précédents que ce poète prolifique a publiés en un temps record, (08 recueils de poésie et 03 romans). Chez B.B.H, le poème a l'air de naitre d'une inspiration subite, brutale qui le hante à n'importe quel moment et où qu'il soit. Sans doute, le poète se réveille en pleine nuit pour coucher quelques vers sur son calepin de chevet. Et c'est ainsi qu'il nous offre chaque matin à lire sur sa page face book un joli poème, un beau régal matinal. Adepte de la nouvelle brachylogie, B.B.H persiste dans une poésie courte et concise basée sur un style télégraphique, mais toujours clair, pur, profond et rythmé, utilisant un vocabulaire bien approprié à la situation et accessible par le lecteur. Et comme de coutume, le jeu de mots et le sens de l'humour demeurent la pierre angulaire de ses poèmes pleins d'images évocatrices. La poésie de B.B.H est très colorée : à travers ses poèmes, le poète charme, émeut, console, soulage, dérange parfois, mais n'ennuie jamais. Sa poésie exprime des vérités, des doutes, des indignations, des condamnations et parfois des déceptions. Mais aussi beaucoup d'amour et de tendresse. Les sujets traités sont forts comme ceux qui parodient des phénomènes sociaux, des caractères anormaux de certaines gens ou des mauvaises habitudes sclérosées dans notre société ou encore celles apparues après la Révolution. Dans le poème « Que mérite l'électeur ? » p : 11, on peut lire : « Que mérite/ le salaud/ d'électeur/quand il vote/ en faveur/d'imposteurs/annonceurs/de malheurs/de terreur/ et d'horreurs ». Dans le poème «Il existe parmi nous » p : 31, on lit les vers suivants : « Il existe/ parmi nous/ des voleurs/ des voyous/ des filous/ des ripoux/ aux visages/ de gens doux/ bien assis/ dans leur coin/ mais le Ciel/ et la Terre/ sont témoins/ de leurs coups ». Ecoutons également ces vers dans le poème « le mouchard » p : 45 : « Il suffit/ d'un regard/ pour connaitre/ un mouchard/ Il a l'œil/ d'un busard/ et l'oreille d'un renard » Des poèmes légers et gais qui s'adressent aussi bien au cœur qu'à l'esprit, mais d'autres plus profonds qui animent et attisent les passions des hommes. Les uns et les autres sont faits de mots bien ciselés par un poète, orfèvre en la matière. Mais aussi, on retrouve dans ce recueil l'éloge de la nature, l'attachement au pays, comme dans le poème intitulé « Ô pays tu me plais » p :7 où l'on peut lire : « Ô pays/ tu me plais/ je ne peux/ ni ne veux/hors de toi/ m'exiler/ Ô pays/ tu me plais/ en dépit/ de tes plaies/ de ce temps/ triste et laid... ». De même, dans le poème « A Bizerte », p : 29, le poète éprouve son admiration pour cette ville : « A Bizerte/ chaque porte/ m'est ouverte/une bleue/ une rose/ une blanche/ et les vertes/ A Bizerte/ ce verger/ au soleil/ qui paresse/ où l'ivresse/ dans les vers/ est offerte... ». Emerveillé par le paysage de « Metline », le poète s'exprime ainsi dans le poème intitulé « A Metline » p :49 « J'ai porté/ ce pays/ en hauteurs/ en couleurs/ en bouquets/ de senteurs/ J'ai reçu/ en tout lieu/ ses faveurs/ j'ai dormi/ bien des heures/ au milieu/ de ses fleurs... » Outre cela, le poète manifeste son indignation contre cet accident tragique d'un ascenseur d'hôpital survenu à Jendouba causant la mort d'un jeune médecin, dans des vers pathétiques et douloureux, dans ce poème « Ascenseur » en page 20 : « Il a mis/ tout son cœur/ le docteur/ il est mort/ pour ses frères/ pour ses sœurs/ qui le pleurent/ mis en cause/ l'ascenseur !/ pas du tout/ les menteurs/ pleurnicheurs/les sapeurs/ de jeunesse/ les voleurs/ de bonheur/ mis en cause/ l'ascenseur !/ pas du tout/ ces rôdeurs/ ces fantômes / les tueurs/ du jeune homme/ les oiseaux/ de malheur/ mis en cause/ l'ascenseur ! » Cependant, on note une récurrence du thème très commun à la poésie, à savoir l'amour avec tous ses élans et toutes ses ardeurs, auquel le poète réserve un bon nombre de poèmes. Dans le poème « Ahuri » p : 75, on peut lire : « Quand tu souris/ tu as aux lèvres/ des sucreries/ sur les pommettes/ des pierreries/ et dans les yeux/ les Eléments/ qui se marient/ Souris encore/ ma fleur chérie/ Souris toujours/ mon égérie/ pour que l'amour/ dans mes écrits/ ne manque point/ de féérie ». Dans le poème « Quand on est amoureux » p : 84, on retrouve la même effusion poétique de l'amour : « Quand on est/ amoureux/ on se dit/ des mots creux/ on se fait/ langoureux/... H.K