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Comment la Tunisie a évité la catastrophe
Publié dans Le Temps le 20 - 01 - 2021

On peut reprocher au Président de la République Kaïs Saïed sa passivité apparente lors de grands moments vécus sur la scène politique. Une passivité que l'on peut mettre sur une certaine timidité que l'inexpérience n'arrange pas. Depuis quatre jours, le pays a vécu deux événements enchevêtrés par leur simultanéité et leur densité. Le remaniement ministériel à l'issue d'un trimestre d'exercice gouvernemental, pas plus. Et puis cette vague de violence et de vandalisme qui a gagné plusieurs régions du pays.
Les détails des mobiles de l'un comme de l'autre de ces événements nous échappent toujours. C'est la faute aux médias qui, au lieu de dénoter (constater et présenter l'actualité), préfère toujours connoter, en dehors du rôle primordial imparti au secteur de l'information grand public. C'est cette situation de fragmentation de l'actualité qui empêche d'y voir clair, en ce sens qu'elle favorise toute les diversions imaginables. Partant, nous allons essayer de présenter une lecture autre, à cette actualité qui continue à faire polémique.
La semaine dernière, le Président de la République a effectué une visite impromptue au siège du ministère de l'Intérieur. C'était au lendemain de la démission du ministre et de la passation spontanée de ses prérogatives au chef du gouvernement qui l'avait démis de ses fonctions. Certains observateurs ont vu dans cette « descente » du chef de l'Etat une riposte au limogeage du ministre qui était présenté comme étant sien. Il était donc tout à fait normal que le chef du gouvernement soit absent lors de cette visite. Pour les tenants à la littéralité des textes, le chef du gouvernement était dans l'incapacité (ou la liberté de ne pas) se présenter à un département dont il assure l'intérim, vu que sa casquette dominante du moment était celle de chef du gouvernement. Une lecture qui peut tenir la route, si les intentions étaient limpides.
Saïed, un Hannibal
mal en point
Ce qui est sûr, c'est que la visite du Président n'avait rien d'innocent, n'en déplaise aux fétichistes des textes et de la Constitution. Les déclarations du chef de l'Etat dans l'enceinte du Bâtiment gris, à ce titre, ont été prises au premier degré, signe de « vulgarité » de cette scène politique moribonde qui nous encadre. Personne ne s'est posé de question sur des raisons autres qui auraient motivé cette visite éclair au ministère de l'Intérieur. En lâchant sa fameuse déclaration mettant sous ses ordres tous les corps armés du pays, le Président ne partait pas de rien. Ce qui est sûr, c'est que le Président de la République, président aussi (soit dit en passant) du Haut Conseil de la Sécurité Nationale, aurait été informé par l'arsenal du renseignement militaire, sur l'imminence de la vague de violence que le pays vient «d'entamer». Il aurait aussi été conseillé, sur cette base, de faire barrière à ces mouvements, qui sont tout sauf spontanés, avec une «union nationale» de tous les corps de défense du pays, à savoir la garde nationale, la police, l'armée, et peut être d'autres factions qui pourraient venir en renfort en cas de besoin.
La preuve, dimanche 18 janvier 2021, des unités de l'armée sont déployées dans certaines zones de tension, sur plusieurs régions du pays. Avec la possibilité d'un redéploiement plus large, en cas de nécessité.
Par les seules forces de Sécurité ayant arrêté les fauteurs de troubles, nous venons d'être édifiés de certaines anomalies qu'il convient de décortiquer à tête froide, et loin de toute volonté de pourrissement d'une situation qui n'en a pas besoin. Plus de 60% des personnes arrêtées sont des mineurs, dont l'âge varie entre 12 et 18 ans ! L'étendue et la simultanéité de ces mouvements de vandalisme ne peuvent conduire qu'à un mouvement bien concerté qu'il faut vite tracer, afin de mettre les meneurs et leurs commanditaires devant leurs responsabilités pénales et politiques. Dans la matinée de lundi 18 janvier, la présidente du Parti destourien libre (PDL) tenait un point de presse où elle a fait état de véhicules, vus par des témoins, en train de distribuer de l'argent sur les lieux de tension et de saccages.
Les enfants comme arme machiavélique
Quoi qu'il en soit, une enquête profonde et diligente s'impose. Afin de connaitre ces parties qui prennent les enfants dans des travaux aussi graves que le vandalisme infligé à certaines institutions et commerces privés de plusieurs zones urbaines. Plus grave encore ce qui se préparait réellement. La fermeté du chef de l'Etat le jour de sa visite au ministère de l'Intérieur, était-elle à l'origine de l'engagement des enfants dans des combats de rue ? Que serait devenue la situation si les forces de sécurité et de l'armée nationale étaient armées d'une «gâchette facile» contre des enfants ? L'enjeu devient ainsi plus dangereux à court terme, en ce sens que personne n'acceptera de voir ses forces de sécurité et son armée tirent sur des enfants, par temps de nuit, pour découvrir le matin que « les victimes » ainsi désignées n'étaient autres que des enfants en bas âge.
C'est en somme, le piège qui vient d'être tendu au Président de la République, dont l'épilogue n'aurait pas été moins que l'explosion d'une guerre civile qui aurait ravagé ce qui reste de cet Etat, de sa Constitution en haillon, et de ces bandes de voyous bien installées sous l'Hémicycle de l'ARP (Assemblée des représentants du peuple).
En attendant la fin des auditions des personnes arrêtés, on en saura davantage, sur ce modus operandi nouveau qui s'installe désormais au sein de cette classe politique, désuète, parce que complètement déconnectée, et inadaptée à la situation réelle que le pays traverse.
On aura au moins évité de lire dans la presse, nationale et étrangère, des titres du genre : L'armée tunisienne, ou la police tunisienne, ou la gendarmerie tunisienne, tire sur les enfants !
A ce point, la scène politique tunisienne s'est départie de toute éthique politique, et de toute morale pouvant la soustraire à la vindicte populaire, la vraie. A ce rythme-là, les lendemains ne seront pas chanteurs.
Pourquoi, depuis l'adoption de la Constitution de 2014, les appareils de l'Etat sont-ils toujours en retard d'une phase, face à une actualité qui se trame, comme l'avait si bien dit, le « jeune » Président de la République à plusieurs reprises, dans les chambres noires et les bureaux fermés de milieux qu'il est grand temps de mettre à nu. Il y va de la pérennité de l'Etat.
J.E.H.


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