Le chaos économique semé par la crise sanitaire risque de durer encore et encore. Personne ne sait, quand la pandémie va-telle se terminer ? Bien évidemment, les conséquences dramatiques socio-économiques engendrées par la pandémie, ne peuvent pas être amorties du jour au lendemain. À défaut de mesures urgentes, la pauvreté et les inégalités vont s'aggraver terriblement partout dans le monde. Des centaines de millions de personnes ont déjà perdu leur emploi et s'enfoncent dans les dettes. Selon une recherche menée par Oxfam et Development Pathways, plus de 2,7 milliards de personnes n'ont reçu aucune aide financière de leur gouvernement en cette période difficile. À ce titre, l'ONG OXFAM vient de publier un rapport intitulé : « Le virus des inégalités ». Le document indique que 87 % des personnes interrogées pensent que les inégalités de revenus vont s'intensifier ou s'intensifier fortement dans leur pays du fait du coronavirus et 67 % des personnes interrogées pensent que leurs gouvernements n'ont pas de programme en place pour atténuer la hausse des inégalités probable du fait du coronavirus. Le rapport souligne que la hausse des inégalités est quasi certaine. Par contre, l'ampleur de cette hausse et le délai requis pour les réduire et tendre vers plus d'égalité dépendent des choix des gouvernements du monde entier. D'après la Banque mondiale, 501 millions de personnes supplémentaires vivront encore avec moins de 5,50 dollars par jour en 2030 si les gouvernements laissent les inégalités augmenter de seulement deux points de pourcentage par an, et le nombre total de personnes vivant dans la pauvreté devrait être supérieur à celui enregistré avant la pandémie. À l'inverse, si les gouvernements décident d'intervenir pour réduire les inégalités de deux points de pourcentage par an, il est possible de revenir au niveau de pauvreté d'avant la crise en l'espace de trois ans, et cela permettrait de comptabiliser 860 millions de personnes pauvres de moins d'ici 2030 par rapport à un scénario dans lequel les inégalités augmenteraient. La pandémie entraîne la plus grande crise de l'emploi depuis 90 ans et plus Selon la même source, la récession est déjà terminée pour les plus riches : «Malgré la persistance de la récession dans l'économie réelle, la fortune des milliardaires s'est reconstituée, les marchés boursiers s'étant redressés. Leur fortune totale avait atteint 11 950 milliards de dollars en décembre 2020, un chiffre équivalent aux sommes consacrées par tous les gouvernements du G20 à la lutte contre les répercussions économiques de la COVID-19. Les 10 premières fortunes mondiales ont en effet augmenté de 500 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Cette somme serait plus que suffisante pour financer la vaccination à grande échelle. Parallèlement, la pandémie a entraîné la plus grande crise de l'emploi depuis 90 ans et plus, les femmes étant les plus touchées, étant surreprésentées dans les professions précaires ». Faut-il davantage taxer les richesses ? À cet effet, l'ONG a renouvelé son appel à taxer les richesses, « Un impôt temporaire sur les bénéfices excédentaires réalisés par les 32 multinationales ayant gagné le plus au cours de la pandémie aurait pu générer 104 milliards de dollars en 2020. Cette somme suffirait à offrir des indemnités chômage à l'ensemble des travailleurs et travailleuses, ainsi qu'un soutien financier à tous les enfants et à toutes les personnes âgées des pays à revenu faible et intermédiaire». Parallèlement, le plus important choc économique depuis la Grande Dépression a commencé à se faire ressentir : du fait de la pandémie, des centaines de millions de personnes ont perdu leur emploi et sont confrontées au dénuement et à la faim. Ce choc est voué à inverser la baisse de la pauvreté dans le monde observée au cours des deux dernières décennies. D'après OXFAM, entre 200 millions et 500 millions de personnes supplémentaires pourraient avoir basculé dans la pauvreté en 2020. « Il faudra sans doute attendre plus d'une décennie avant que le taux de pauvreté ne retrouve son niveau d'avant la crise », indique le document. Un tournant dans la fiscalité des personnes et des entreprises les plus riches s'impose Par ailleurs, OXFAM voit que la crise du coronavirus doit marquer un tournant dans la fiscalité des personnes et des entreprises les plus riches. Toujours selon le rapport, ce tournant dans la fiscalité pourrait offrir l'occasion d'établir enfin une fiscalité juste, de mettre fin au nivellement par le bas et d'instaurer un nivellement par le haut. Cela peut prendre la forme d'une augmentation de l'impôt sur la fortune, de taxes sur les transactions financières et de mesures d'éradication de l'évasion fiscale. Et d'expliquer : « Taxer de manière plus juste et progressive les individus les plus fortunés est une condition indispensable pour financer une réponse à la hauteur de la crise à laquelle nous faisons face. Nous avons besoin de ces ressources pour investir dans un avenir plus juste et plus durable. L'Argentine a montré la voie en adoptant un impôt solidaire provisoire sur la fortune des plus riches, susceptible de générer plus de 3 milliards de dollars pour financer la lutte contre le coronavirus, notamment pour l'achat de fournitures médicales ainsi qu'une aide pour les personnes vivant sous le seuil de la pauvreté et pour les petites entreprises». Il est à souligner que cette enquête d'Oxfam a été menée auprès de 295 économistes dans 79 pays. K. A