Fruit d'une démarche de terrain adossée à un travail de réflexion, le séminaire "Déconstruire la violence par l'art" revient sur un projet culturel animé par l'association L'Art Rue" depuis trois ans. Rendez-vous vendredi 29 janvier à 10 heures pour une journée entre bilan et perspectives. Le phénomène de la violence est devenu omniprésent dans la société tunisienne. Que ce soit au Parlement ou dans les rues, les manifestations violentes se multiplient et, paradoxalement, restent sous-analysées dans leur globalité. De même, les origines profondes de cette violence endémique, sont souvent éludées. Ces carences interpellent les chercheurs en sciences humaines et sociales ainsi que de nombreux acteurs de terrain qui, trop souvent, observent ces phénomènes sans les envisager à la racine. L'interdisciplinarité au service de l'enfance C'est dans cet esprit que l'association L'Art Rue mène depuis trois ans une action de terrain pour mesurer les réalités et agir à la source, c'est à dire à l'école. Une question cruciale structure les approches de cette association : en quoi les pratiques artistiques peuvent elles déconstruire les mécanismes de la violence à l'encontre de l'enfant ? Bien évidemment, cette question est posée selon des principes de travail interdisciplinaires et en fonction d'une orientation pratique. En ce sens, L'Art Rue travaille depuis trois ans dans deux écoles primaires publiques de la médina de Tunis avec des psychologues, des artistes, des enseignants, des parents, le corps administratif, les enfants et des associations partenaires pour comprendre ce qui se joue dans les mécanismes de la violence à l'égard de l'Enfant. Un rapport de synthèse conçu et rédigé par la psychologue clinicienne Souha Yaakoubi a été publié dans ce cadre ainsi qu'une revue grand public. Pour partager les résultats de ce travail et l'enrichir par différentes autres expériences, un séminaire de restitution intitulé « Déconstruire la violence par l'art » sera organisé vendredi 29 janvier 2021 à 10h à l'hôtel El Mechtel à Tunis. Ce temps de réflexion et d'échange fait partie des actions du pôle "Art et Education-Déconstruire la violence par l'Art" que cette association mène depuis huit ans dans les écoles de la médina de Tunis. Six communications d'experts Le séminaire commencera par un mot d'ouverture et la présentation du projet par Sofiane Ouissi, cofondateur de L'Art Rue. Ensuite, un état des lieux de la question sera établi par divers intervenants. La situation globale de la violence à l'égard des enfants en Tunisie sera analysée par Mihyar Hamadi, délégué général à la protection de l'Enfance et chargé de mission au cabinet du ministre de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Seniors. La présentation de la méthodologie de travail choisie et des grilles d'observations lors du projet "Déconstruire la violence par l'art" seront ensuite présentées par Emna Kalai, psychologue clinicienne. Quatre autres communications sont au programme et porteront sur diverses applications. Ainsi la présentation de l'interprétation des deux études quantitatives et la restitution des focus groupes et du rapport de synthèse seront introduits par Souha Yaakoubi, psychologue clinicienne. Dans la même optique, les potentiels et recommandations seront passés en revue par Zeineb Abbes, médecin et professeure agrégée en pédopsychiatrie. En outre, les stratégies de prévention et la lutte contre la violence à l'égard des enfants seront présentées par Moez Cherif, médecin et président de l'Association de défense des droits de l'Enfant. Enfin, sous l'intitulé "Inspire", sept stratégies pour mettre fin à la violence à l'encontre des enfants seront évoquées par Ahlem Belhaj, médecin et professeure en pédopsychiatrie. Après un débat autour des perspectives, le mot de clôture et la synthèse reviendront à Ahlem Belhaj, dernière intervenante de la journée. Comment rejaillir sur l'action de terrain Les communications et les débats promettent d'être passionnants et ouvriront un champ de réflexion sur la violence dans sa globalité. Mettre l'enfant et les interactions qu'il peut subir au coeur du processus de la violence devrait également permettre de déceler certaines origines des comportements actuels. Comprendre toutes les formes de violence et leurs racines constitue un enjeu fondamental aussi bien pour la société civile que pour les pouvoirs publics. C'est dans cette logique que ce séminaire trouve toute son importance. De plus, les résultats des analyses et les recommandations des experts ne manqueront pas de rejaillir sur l'action de terrain des associatifs de L'Art Rue et les animateurs culturels qui les entourent. H.B