La saison hivernale a toujours constitué une occasion de retrouvailles avec les cultures du désert et des oasis. Le festival de Douz a souvent joué le rôle de premier écrin pour ces découvertes culturelles et touristiques. En attendant un retour de cette manifestation, nous vous invitons à une plongée virtuelle dans le sud-ouest tunisien. Le Festival du Sahara de Douz n'a pas eu lieu comme de coutume depuis plus de cinquante ans. De même, la pandémie a empêché l'organisation de nombreux événements culturels et touristiques en région. De nombreuses familles tunisiennes ainsi que plusieurs résidents étrangers en Tunisie ont l'habitude de se rendre dans le sud-ouest pour cette manifestation qui chaque année, sur la place de Hnich, à la porte du désert, accueille spectacles équestres et joutes poétiques dans une ambiance de fête et en présence de nombreux participants internationaux qui donnent toutes ses couleurs à ce festival de Douz. Les festivals voisins de Kebili et Tozeur célèbrent pour leur part les dattes et les oasis et complètent un dispositif festif qui, chaque hiver, permet de croiser tourisme et culture. En ce sens, le festival de Douz constitue une véritable invitation à la découverte de toute une région et ses particularités. Lignages et modes de vie ancestraux En effet, le festival de Douz est un tremplin idéal pour visiter les oasis de la région et mieux connaitre la tradition des fiers Mrazig, l'une des quatre grandes tribus traditionnelles de la région de Nefzaoua. Ces quatre lignées descendent des Beni Souleim et cette région de Nefzaoua est leur terre de parcours. Ainsi, les Mrazig nomadisaient au sud-est de Douz alors que les Adhara, basés à Zaafrane, et les Ghrib, basés à El Faouar et Sabria, ont le sud-ouest de Douz comme terre de parcours. Enfin, la quatrième tribu, celle des Bani Yaacoub, est plutôt installée dans la région de Kébili. Les Mrazig font remonter leur lignage à Sidi Merzoug, un patriarche ayant vécu au dix-septième siècle. Leur mode de vie traditionnel est nomade et ils mènent leurs troupeaux jusqu'à Gabès et Gafsa, en automne, avant de revenir en hiver dans la région de Douz pour y cueillir les dattes et presser les olives. Au printemps, ils nomadisent vers le sud jusqu'à la tonte des ovins qui permettra aux femmes de réaliser les beaux tissages de la région. L'été venu, ils revenaient vers Douz et ses oasis pour y surveiller la croissance des dattes alors que les femmes s'affairaient à la "oula" pour préparer les provisions de l'hiver. Ce mode de vie ancestral reste souvent encore valable. Les beautés subtiles des oasis de la région Autour de Douz, les visiteurs pourront découvrir l'oasis de Jemna qui, en 2016, avait défrayé la chronique avec une association de gestionnaires de l'oasis qui s'était emparée des terres du domaine public. Cette expérience de développement local continue à susciter les passions et l'oasis de Jemna est pour sa part admirable de beauté malgré une pénurie d'eau récurrente. Avec son souk du samedi, Jemna est aussi réputée pour son hammam utilisant des eaux de source qui jaillissent chaudes des entrailles de la terre. Non loin de Douz, Zaafrane et les tentes noires des Adhara toujours dressées dans la proximité de leurs demeures en briques est une destination réputée pour son marché aux chameaux. Plus loin, Sabria est le lieu où les dunes sont les plus spectaculaires; on y trouve encore un vieux fort de l'armée française d'où la vue sur le désert est imprenable. El Faouar est la localité la plus éloignée et se trouve à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Douz. Ici aussi les dunes sont impressionnantes et les Ghrib continuent à préserver en partie leur mode de vie ancestral. A découvrir aussi dans cette région, le petit village de Nouail a été l'un des premiers à abriter un campement nomade alors que Blidet offre son mausolée de marabout et sa médina historique aux visiteurs. Enfin, El Gola'a est le lieu par excellence d'où l'on peut admirer lever et coucher du soleil. Entouré de cinq petites oasis, ce village recèle l'une des plus anciennes mosquées de la région. De retour à Douz, il est toujours possible de visiter le Musée du désert qui propose de découvrir les traditions de toute la région. En attendant les retrouvailles avec le désert et sa culture, quelques lectures peuvent être propices et alimenter l'imaginaire de chacun en ces temps de restrictions. H.B