Un chanteur tunisien qui s'appelait Taoufik Ennaceur de l'époque des années soixante et jusqu'aux années deux mille est parti récemment presque en silence. Un visage familier des anciennes générations. Il aura écrit, composé et chanté des dizaines, sinon des centaines de chansons pour lui-même et pour ses pairs en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Libye, en Arabie Saoudite, donné des concerts avec la troupe de la radio et de la télévision tunisienne et autres spectacles publics en Tunisie, au Maghreb, au Moyen Orient et en Europe. Les générations d'aujourd'hui connaissent peu ou prou ses innombrables œuvres. Certes, il y a eu l'hommage de la Radio nationale où il avait travaillé durant plusieurs années en tant que choriste, chanteur, compositeur et même producteur d'une émission musicale qui s'intitulait : « Taouel ya lil » et même responsable de la phonothèque. Il y a eu également l'hommage du ministère des affaires culturelles. Mais Taoufik Ennaceur avait un répertoire où l'on pouvait tout de même croiser des titres connus et à succès. N'avait-il pas composé la musique du film comique : « Farda welkat oukhtha » (Les deux larrons en folie) d'Aly Mansour. Un succès encore inégalé, sous le titre de : « Ya ness » D'ailleurs, Taoufik Ennaceur était de toutes les expériences, même auprès des jeunes groupes musicaux, à l'instar du groupe engagé : « Ashab el kilma » dans la même période de la fin des années soixante dix. D'un autre côté, le répertoire musical de Taoufik Ennaceur, dont le luth ne quittait jamais, avait été durant plusieurs années axé sur les « Qasids. » Un choix certes difficile. C'était durant la fin des années soixante et le début des années soixante dix du siècle dernier. Notre chanteur creusait et cherchait parallèlement à ses chansons de variété qu'il enregistrait à la radio, comme : « Yallinta ghali alaya », ou d'autres chansons composées par Béchir Jouher, comme : « Taswirtik fi beli. » Taoufik Ennaceur avait mis en musique des poèmes de Ameur Bouteraa, issu de l'école de : « Houat Al Adab », du poète Ahmed Laghmani. Il s'agissait, par exemple de : « Ghadan biha sa altaki. » Il composera pour la chanteuse Zouhaira Salem un petit chef d'œuvre sur un poème de Hédi Abdelmalek : « Hamaltoum limakata achouakana » dédié aux tunisiens rentrés du pèlerinage à la Mecque. Et je me rappelle comme pour le taquiner que je lui avais dit un jour qu'il composait mieux pour les autres que pour lui-même. Il n'était pas du tout d'accord, mais cela lui avait donné la puce à l'oreille, tout de même. Taoufik Ennaceur avait composé habilement un poème de Nizar Kabani : « Idha marra yaoumoun » qu'il avait chanté devant le grand poète syrien. Ce dernier en fut ravi. Autant de rencontres musicales intéressantes qui ont jalonné le long parcours musical et artistique de feu Taoufik Ennaceur, un chanteur qui avait appartenu par sa persévérance à plusieurs générations. Il avait même composé pour quelques chanteurs et chanteuses des nouvelles générations d'aujourd'hui. Paix à son âme ! L.B.K