C'est de l'hérésie. Un de ces paradoxes dont on ne saurait trop s'il faut en rire ou en pleurer. A peine nous remettons-nous du dépit ghanéen, que Tunis, (à Radès), samedi prochain, retrouve ses sensations de capitale du football africain. L'aurions-nous oublié par hasard ? L'Etoile du Sahel est championne d'Afrique. Le Club Sfaxien est détenteur de la Coupe de la CAF. Et mieux que cela : l'Etoile a conquis ce titre au Caire même, face à cet Ahly du Caire, dont les meilleurs éléments ont été déterminants dans la conquête de la CAN par l'Egypte. Non qu'il eût fallu faire systématiquement comme les Egyptiens, du moins dans leurs choix structurels pour la sélection. Mais la moitié des joueurs de l'Etoile (en y ajoutant l'émigré Chikhaoui), aurait constitué un socle sécurisant pour Lemerre. Nous entendons raconter un peu partout que la force de l'Egypte est dans le patriotisme de ses joueurs, leur sens du sacrifice et dans la présence d'un entraîneur égyptien : Hassan Chehata. Par ricochet, les voix s'élèvent maintenant pour réclamer un entraîneur tunisien en remplacement de Lemerre. Sauf que ce « raisonnement » est réducteur et, pour tout dire, un peu trop « nationaliste ». Il faut toujours savoir distinguer le nationalisme du patriotisme. Sans être Tunisien, Lemerre s'est comporté en patriote aussi, en Tunisien d'adoption. Ces mouvements de xénophobie, s'étant même insinués à travers les médias et sur les plateaux de télévision, ne nous honorent pas. Pas plus que nous ne devrions, d'ailleurs, intenter de mauvais procès à nos internationaux que quelques-uns ont jugés moins fervents envers leurs couleurs que ne l'aient été les Egyptiens envers les leurs. A la différence des Egyptiens, solides, bien en jambes et mentalement prêts, notre sélection souffrait d'un malaise. Composite, disloqué, l'ensemble tunisien n'avait aucune homogénéité. Et, entre nos internationaux et Lemerre, nous voyions bien que le fossé était énorme ! Pourquoi insistons-nous sur l'Egypte ? D'abord, parce qu'il s'agit de notre rival « intime ». Et cela dans tous les sports. Ensuite, parce que « Om Addounia » encore dans l'ivresse de la gloire, « exhibe » ce nombrilisme qui nous irrite tant. Mais surtout, surtout, parce que leur façon de gérer leur football interne doit être méditée (véritable affront pour nous, quand même !) par nos responsables... Si l'Egypte a une sélection aussi forte, c'est parce que son championnat compte des clubs forts à leur tour. Dès lors, pouvons-nous nous permettre de nous accommoder de la « sélection de Tamale » alors que l'Etoile et le Club Sfaxien sont les détenteurs des trophées africains ? Le paradoxe est là. Et cette affiche de samedi prochain, à Radès, est, quelque part, frustrante...