Michel Platini accède à la plus haute instance européenne.Il supplante un Johanssen pourtant soutenu par un groupement de lobbies. Le président déchu de l'UEFA paie peut-être pour avoir mené la fronde contre Blatter. Dans cette affaire de diabolisation du président de la FIFA, des intérêts inavoués n'avaient rien à voir avec le football : les enjeux tournaient autour, et tourneront toujours autour des droits de télévision. Autour de l'argent en somme.Platini aura aujourd'hui à assumer une mission presque messianique dans un football européen qui est en train de pourrir à cause du gigantisme de ces quatorze, seize clubs dont les budgets réunis pourraient racheter le quart de la dette extérieure de l'Afrique. Mais Platini représente une brèche ouverte dans la bureaucratisation opaque du football. Et maintenant si, effectivement, Beckenbauer se porte candidat à la présidence de la FIFA – et qu'il gagne les élections, parce que c'est dans ses cordes – le football sera restitué aux siens et il sortira des mains des politiques, des bureaucrates et peut-être même qu'il adoptera, enfin, une révision éthique dans le sens d'un professionnalisme à visage humain, et moins schizophrène. Le monde bouge en somme. Le football avec. Et aujourd'hui, on sait parfaitement que le football a cessé d'être l'opium des peuples, car il est de plus en plus associé à une industrie qui a des règles prudentielles à respecter, des normes basiques à ne pas bafouer et des lignes rouges à ne jamais franchir. Voyez ce qui s'est passé à quelques miles de chez nous : la Juventus, l'âme de l'Italie, l'âme de la FIAT, la raison d'Etat même, à un certain moment, a été reléguée en deuxième division parce qu'on s'était rendu compte que l'ivresse du pouvoir lui donnait une impression d'impunité divine. Ses dirigeants se permirent de graves écarts de gestion et, après le scandale, la sentence tomba comme un couperet. Pourquoi cette hyperbole pour chuter sur nos mœurs footballistiques ? Simplement parce que nous avons l'impression qu'après s'être accommodés de l'anachronisme régissant nos textes fédéraux, nous faisons encore face à des formes de rétention … Certes le projet présenté à la FIFA devenait impérieux. Et les félicitations de la FIFA pour « la qualité du travail » soumis à son appréciation ne doivent pas nous distraire des problèmes patents mais que personne n'ose avouer ou désigner du doigt . La FIFA pensait que nous étions victimes de carences juridiques et institutionnelles. La FIFA ne sait pas que, quelque part, le football tunisien reste régi par des conflits de personnes. Sinon comment expliquer cette controverse, surgie, - depuis que nos nouveaux textes ont été approuvés par la FIFA – entre l'opportunité d'adopter le scrutin de liste ou le scrutin de collège ? C'est-à-dire la ritournelle de toujours : la liste de « X » et cela fait que nous nous retrouverons dans ces trafics d'influence et dans des listes « cooptées » de manière occulte. La grande nouveauté concerne sans doute la possibilité pour les ex-internationaux de se présenter aux élections. On ne sait pas si Platini a un Bac +4 mais ce qui est sûr, c'est qu'il a plus de vingt sélections internationales. Chez nous, en vertu des textes encore en vigueur, Platini ne serait jamais président de la fédération. Mais il y a quand même lieu de clarifier un point que soulèvera l'émission « Bel Makchouf » de demain : la FIFA adopte les textes qui correspondent aux principes généraux au vu de l'article 16. Sauf que les juristes font la différence entre « règles impératives » et « règles supplétives ». C'est à nous de voir si les candidats doivent se justifier d'un Bac +4 (surtout avec le système LMD comme l'a dit Fethi El Mouldi). Mais pour sa part, Ali Labiadh qui a tenu, hier, une conférence de presse inopportune, doit comprendre qu'il ne peut plus indéfiniment faire de la résistance… Raouf KHALSI •PS : Demain Hannibal diffusera une émission exceptionnelle de « Bel Makchouf » à laquelle participaient Slim Chiboub et Hammami (membre fédéral). Les subtilités juridiques soulevées (cela s'est passé jeudi matin) ont prédit une contre-parade à Ali Labiadh. Trop tôt. Sinon trop tard. Car l'AGE votera ce qu'elle jugera bon de voter. Et puis on ne peut pas éternellement présenter des projets et des contre-projets à la FIFA.