"Je crois que les gens sont liés par leur doute et divisés par leur conviction" Qu'importe de savoir de qui est cette phrase. L'essentiel est qu'elle soit pertinente et s'applique bien au sujet du moment. L'intolérance est en effet souvent le fruit de la conviction et le doute joue parfois la modération. Fort convaincu de cette vérité, je me demande si lundi dernier lors de la réunion de l'aéropage qui tentait de détendre l'atmosphère que la fin de la saison ne manque pas d'électriser chaque année, si tout le monde était plein de conviction ou laissait-il une marge au doute. Vous me direz que dans une telle assemblée où rien ne nous engage, les convictions ne peuvent que converger et le doute banni. C'est exact. Mais c'est dans la suite des faits que les convictions risquent de diviser. Quand on s'accroche mordiens à ses droits, vrais ou supposés. Quand dans le chaudron de l'actualité, on clame plus fort au lieu de se taire si on ne peut apaiser, quand au lieu de caresser dans le sens du poil une galerie survoltée on devrait avoir le courage de s'y opposer. Quand au risque de mourir de la gangrène, on refuse de s'amputer . Quand, enfin, les médias, faisant fi de leur vrai métier, jouent au pompier pyromane pour faire du sensationnel, leur pain quotidien. Libre à vous de douter de ces remèdes faits de sagesse et de naïveté, je garde quant à moi la conviction que même si le mal des virages n'est pas éradiqué, les petites causes que je viens de citer peuvent au moins relativiser ses grands effets. Ah! comme il serait bénéfique si dans les convictions unanimes de l'aéropage réussi lundi dernier, un petit doute s'immiscer pour que ses membres ne se sentent pas divisés. Ne serait-ce, égoïste que je suis, que ma conviction se vérifie et que le doute n'altère pas la citation du début de ce papier.