Le Temps-Agences - Le chef du parti travailliste et ministre israélien de la Défense Ehud Barak a appelé hier Ehud Olmert à quitter son poste, et laissé planer la menace d'élections anticipées, au lendemain d'un témoignage clef dans l'affaire de corruption éclaboussant le Premier ministre. "Dans l'interêt de l'Etat (...), je pense que le Premier ministre doit cesser de s'occuper de la gestion quotidienne du gouvernement", a déclaré M. Barak lors d'une conférence de presse, convoquée après l'audition devant un tribunal d'Al Qods de l'homme d'affaires israélo-américain Morris Talansky. Ce dernier a affirmé avoir versé, en 15 ans, près de 150.000 dollars en liquide à M. Olmert pour financer notamment ses campagnes électorales et des vacances de luxe, provoquant une vive émotion dans la classe politique. Vu "les lourds défis auxquels Israël est confronté --le Hamas, le Hezbollah, la Syrie, l'Iran, des soldats enlevés et le processus de paix--, je ne pense pas que le Premier ministre puisse simultanément assurer la gestion du gouvernement et s'occuper de ses affaires personnelles", a dit M. Barak. De son côté, l'Autorité palestinienne a dit craindre que la crise politique en Israël ait des "répercussions négatives" sur le processus de paix. Le départ de M. Olmert "doit intervenir le plus vite possible", a insisté M. Barak, sans pour autant poser d'ultimatum et sans se prononcer sur la forme que doit prendre ce départ. "Suspension ou démission, ce n'est pas à nous de décider", a dit l'ancien Premier ministre (1999-2001) qui avait déjà, dans le passé, appelé au départ de M. Olmert à la suite des manquements de son équipe lors de la guerre du Liban de 2006. M. Barak, par ailleurs mal placé dans les sondages de popularité, a pris soin de ne pas brandir la menace d'un départ imminent des travaillistes, ce qui ferait chuter la coalition gouvernementale, plaçant la balle dans le camp de Kadima, le parti de M. Olmert. "Kadima doit faire un examen de conscience et choisir un remplaçant", mais s'il "ne met pas en place un gouvernement qui nous convient, nous ferons en sorte de fixer une date pour des élections anticipées", a déclaré M. Barak. La législature actuelle doit normalement s'achever en 2010. Plusieurs députés, notamment Matan Vilnaï (travailliste), Sylvan Shalom (Likoud, droite), Zehava Galon (Meretz, gauche) et Eli Yishaï (Shass, orthodoxes sépharades) ont estimé hier que des élections anticipées pourraient se tenir dès novembre 2008. "Si, dans les deux mois, Kadima ne fait pas ce qu'il devrait faire, nous n'aurons pas d'autre choix que d'annoncer à la fin de la session parlementaire notre intention de tenir des élections anticipées", a pour sa part dit le secrétaire général du parti travailliste, Eitan Cabel, après la conférence de presse. Sans le soutien des 17 députés travaillistes, M. Olmert n'aurait plus de majorité au Parlement. Cette majorité compte actuellement 67 députés sur 120. Parmi les prétendants à la succession de M. Olmert au sein de Kadima figurent Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères, Shaul Mofaz (Transports) et Avi Dichter (Sécurité intérieure).