Lors du Conseil ministériel, tenu le 27 juillet 2006, il a été décidé d'assouplir les mesures administratives en faveur des investisseurs tunisiens résidant à l'étranger et consolider leur encadrement lors du lancement de leurs projets en Tunisie, surtout que les transferts financiers de nos compatriotes jouent un rôle important dans la mobilisation de l'épargne, l'équilibre de la balance de paiement et la consolidation des recettes courantes. Toutefois, des problèmes administratifs persistent dues à la lenteur et la complexité des procédures administratives. La communauté tunisienne à l'étranger compte aujourd'hui 934 mille Concitoyens, soit environ 10% de la population tunisienne, dont 83 % résident en Europe, 13% dans les pays arabes et 3% ailleurs, avec 21% d'entre eux (196 mille Tunisiens) ont la double nationalité. La France est le pays accueillant le plus grand nombre de ressortissants tunisiens (58,5%), talonné par l'Italie (12,2%) et l'Allemagne (7,5%). Au cours des cinq dernières années, les transferts financiers des Tunisiens résidant à l'étranger ont atteint une valeur de 1611 millions de dinars, soit 5% du PIB, 22% de l'épargne nationale et 10% des recettes courantes, occupant ainsi le quatrième rang des secteurs pourvoyeurs en devises. Le rythme d'évolution de ces transferts enregistre un taux de 1,4% d'une année à l'autre passant de 1091 MD en 2000, 1783 MD en 2004 à 1807MD en 2005. La part de lion revient à l'Europe, le continent abritant le plus grand nombre de Tunisiens, avec un volume de transferts de 1609 notamment en provenance de la France (909 MD), suivi par l'Italie (244 MD) et l'Allemagne (258 MD). Un rythme qualifié de « modeste » par les opérateurs économiques et l'administration par rapport à la position des Tunisiens à l'étranger et leurs qualifications. En effet, la colonie tunisienne à l'étranger ne cesse de consolider sa position économique dans les pays d'accueil. A titre d'exemple, le nombre de Tunisiens opérant dans les professions libérales est passé de 3,3% en 2000 à 6,1% en 2005. Les compétences scientifiques constituent 5,6% de l'ensemble, les étudiants 4,7%, soit 13% de la population estudiantine totale en Tunisie en 2003 (340.000). Quant au nombre de coopérants recrutés, il est estimé à 1200 personnes par an. La Tunisie exporte son capital humain, ingénieurs, médecins, informaticiens, limités par un marché intérieur exigu et saturé. D'où la nécessité de déployer davantage d'efforts en vue de relancer le rythme de ces transferts et inciter davantage nos compatriotes à investir dans leur partie. Les projets déclarés par les Tunisiens résidant à l'étranger, durant la période allant de 2001 à 2005, s'élèvent à 1730 projets, moyennant des investissements de l'ordre de 78 MD, générant 7700 postes d'emploi. Ainsi, la moyenne annuelle de création de projets au cours de cette période est de 346 contre une moyenne annuelle de 362 durant la période 1996-2000. Pour la seule année 2005, le nombre des projets déclarés a atteint 347 projets avec des investissements directs de l'ordre de 18,2 MD contre 322 projets en 2004 pour des investissements de l'ordre de 14,1 MD. Généralement de petite taille, les projets sont répartis entre les secteurs des services (58%), de l'industrie (27,3%) et de l'agriculture (14,5%). La valeur moyenne de l'investissement pour un seul projet est de l'ordre de 51 mille dinars. Cette moyenne varie d'un secteur à l'autre, elle est de l'ordre de 76 mille dinars dans le secteur agricole, 55 mille dinars dans celui de l'industrie et 33 mille dinars dans les services.
Selon l'administration, pour drainer davantage de transferts en Tunisie, les investisseurs tunisiens à l'étranger sont appelés à consolider davantage le processus de développement, par un plus l'apport en devises qu'en marchandises et à créer des centrales d'achats pour l'importation des produits tunisiens et leur commercialisation à l'étranger par le biais de circuits de distribution gérés par des Tunisiens. Quant à nos compatriotes, ils plaident pour la diffusion davantage d'informations concernant les incitations dont bénéficient les membres de la communauté tunisienne à l'étranger et les modalités de cotisation au régime de sécurité sociale à l'étranger, la création d'un réseau unifié et d'une banque de données sur les compétences tunisiennes à l'étranger, dans le but de faciliter les contacts entre ces compétences et les entreprises tunisiennes, outre la facilitation et la simplification des procédures et la fourniture du soutien nécessaire en cas d'intention de lancer un projet en Tunisie.