La première personne à se réjouir de la large victoire du CSS, obtenue face à l'Inter Club d'Angola, dans le cadre 1ère journée Coupe de la CAF , phase des poules, est incontestablement l'entraîneur Ghazi Ghrairi, soumis à ne pression intense depuis la malencontreuse mais non moins logique défaite face à l'Espérance eu à égard aux flottements de la défense clubiste laquelle, en concédant inexplicablement des espaces, a fourni la faille à un adversaire en verve qui n'en demandait pas mieux pour renverser victorieusement la vapeur. Si le désappointement général,engendré par ladite défaite est somme toute compréhensible, il n'en est pas de même de la réaction d'une frange du public, réaction pour le moins qu'on puisse dire véhémente à l'endroit des joueurs et du coach. A dire vrai, l'attitude contestatrice, déjà latente depuis le recrutement du jeune coach, d'une fraction, mais qui risquerait de faire boule de neige, n'attendait qu'un prétexte pour se manifester au grand jour. Grief majeur : il lui manquerait l'expérience, l'étoffe et la stature requises pour prendre en main les destinées d'un club aussi prestigieux que le CSS. Il y a là de quoi déstabiliser les plus chevronnés, les plus coriaces et les plus tenaces. Pour le cas d'espèce, il y a de quoi saper le moral et briser l'élan d'une carrière potentiellement prometteuse. Pourtant, rien ne devrait justifier un préjugé pareil. D'autant plus que toute compétition sportive est sanctionnée forcément par une défaite tout comme un résultat de parité ou une victoire. C'est la règle du jeu censée être admise par tout un chacun, pour une simple raison de bon sens et surtout de respect dû à l'adversaire. Même s'il est vrai qu'elle est difficile à digérer, qu'elle est synonyme de frustration et qu'elle laisse un arrière-goût amer, une défaite, surtout si elle n'est entachée d'irrégularité d'aucune sorte, ne doit nullement servir d'alibi pour semer les graines de la déstabilisation ni encore moins donner prétexte à d'obscurs et inavoués règlements de comptes. Malheureusement, par les temps qui courent, les destinées d'un club sportif, sont sous nos cieux, entre les mains des masses de supporters, versatiles , inconstantes et imprévisibles, c'est-à-dire sujettes, en cas de victoire de leurs héros, à l'enthousiasme le plus juvénile, aux transports les plus excessifs, à l'adulation la plus naïve et au délire le plus débordant comme pour se libérer des tensions insoutenables et exorciser des maux écrasants. Versant toujours dans l'excès, ces masses sont, par contre, promptes à brûler leurs héros d'hier. Bouillonnantes, incapables de maîtriser leurs pulsions récriminatoires, elles se laissent facilement manipuler, dénigrent, calomnient, insultent et jettent l'opprobre sur des dirigeants ou des entraîneurs naguère encore encensés, portés aux nues voire idolâtrés. Les anciens dirigeants traînés dans la boue, conspués, éclaboussés ainsi que les techniciens vilipendés, voués aux gémonies ( qu'on imagine en train d'opiner du bonnet à la lecture de ces lignes ), en savent quelque chose. Là où le bâts blesse le plus, c'est que bon nombre de dirigeants présentent les mêmes travers que les foules auxquelles ils sont censés donner l'exemple. Versant sciemment dans un populisme à deux sous, ils s'ingénient à courtiser les masses auxquelles ils s'emploient à s'identifier par le biais d'un mimétisme calculé en vue d'élargir leur base de popularité. Tous les moyens sont à leurs yeux légitimes pour s'assurer une victoire ou rouspéter contre une défaite. Bref, ils n'hésitent pas à faire feu de tout bois, n'éprouvent aucune gêne à se laisser aller à leurs pulsions, font des déclarations incendiaires, alimentent les polémiques les plus stériles, se contredisent impudemment et font preuve d'une immaturité intellectuelle déconcertante. Ne parlons pas non plus d'une certaine presse à sensation, adepte d'un populisme honteux et irresponsable, encline à exacerber les passions, à exciter les démons du régionalisme et de la discorde, pour ne pas dire qu'elle distille son fiel et qu'elle trouve un malin plaisir à jeter l'huile sur le feu et à semer les germes de la zizanie et de l'animosité , à coup de manchettes provocatrices et d'articles dignes des commères les plus futiles et les plus débiles. Heureusement, en revanche, une frange, minime, il est vrai, est là pour apporter son contrepoids de sagesse, de discernement, de bon sens, de clairvoyance et de bonne gouvernance. Mais l'on doit à la vérité de reconnaître : primo, que ces gens, parmi les dirigeants paient de leur santé, de leur quiétude, de leurs nerfs, de leur réputation et de leur fortune même pour tenir tête à ce courant dévastateur qui n'épargne ni valeurs, ni moralité. Secondo, que le ras -de- marée du chauvinisme, de la contestation , de l'indiscipline se nourrit de la permissivité rampante qui gagne notre société et qui se traduit particulièrement par un tollé inexplicable auprès des dirigeants, des supporters ou même d'une frange des médias, chaque fois qu'une instance officielle inflige une sanction,jugée sévère, généralement, dans ces milieux par ces contestataires. Il appartient par conséquent aux autorités compétentes de juguler tous les fléaux qui sapent les fondements de notre sport. De leur part, les dirigeants sont tenus ( à condition que certains d'entre eux en soient conscients de la nécessité ) d'éviter de jouer le jeu des masses en se faisant l'écho de revendications contradictoires, irréalistes, passionnelles, voire extravagantes ou irrationnelles, de façon à ce que nos clubs continuent d'assumer leur rôle d'écoles de civisme au lieu de déraper comme ils sont en train de le faire, avec plus ou moins de gravité. A cet égard, et pour revenir au cas Ghrairi, l'attitude d'une fraction du public est pour le moins que l'on puisse dire insensée pour ne pas dire saugrenue. Qui plus est, elle a tout l'air d'être intentionnellement malveillante. Ces gens seraient-ils capables de passer en revue les noms illustres de coaches qui sont passés à Tunis, Sfax, Sousse ou qui ont pris les commandes au sein d'équipes nationales européennes, américaines ou africaines sans marquer leur passage, parfois long, par le moindre titre ? Une autre question : est-ce ainsi que l'on croit servir les intérêts de son club favori, c'est-à-dire, en semant le doute dans l'esprit des joueurs et en les incitant indirectement et même de bonne foi à l'indiscipline ? Il est unanimement admis en effet, que le capital confiance associé à un minimum d'autorité sont les conditions sine qua non pour qu'un dirigeant, un éducateur, un chef ou un entraîneur ait suffisamment de crédibilté et qu'il puisse communiquer son message et se faire obéir. Si un éventuel laxisme ou manque de fermeté de la part des dirigeants du club seraient à craindre au cas où le club ferait un deuxième faux pas lors de la prochaine journée du championnat, le pire serait que l'intéressé lui-même se laisse gagner même un tant soi peu par le doute. Ce serait alors le comble et il n'aurait qu'à en vouloir à lui-même. Il serait le cas échéant son propre ennemi. Il est donc du devoir de toute la famille élargie du CSS de soutenir Ghazi Ghrairi. Il ne tient qu'à elle de choisir entre miser sur une potentielle éclosion d'un entraîneur de grande stature ou se rendre coupable de « l'assassinat d'un Mozart » du terroir.