Le choix d'un entraîneur national est généralement une affaire très délicate, en tout cas grave, car il s'agit d'un technicien auquel on confie, et à lui seul, la responsabilité d'une équipe nationale qui doit représenter le pays sur le plan international. En Tunisie, le choix se porte généralement sur un technicien étranger ; un mercenaire pour certains dépourvu du sentiment national et pour qui les résultats sont importants, mais ne constituent pas un impératif majeur. Les résultats, de toute évidence, dépendent en grande partie de la qualité des paramètres suivants : - Les qualités techniques et mentales des joueurs déjà formés, - L'environnement administratif et social à tous les niveaux d'intervention. Alors l'entraîneur national compose, s'adapte et «jongle» avec ces données en solitaire. Personne n'a à redire. L''exemple le plus récent et le plus édifiant est celui du football ou l'unilatéralisme absolu de l'entraineur n'a pas permis de constituer un groupe de base pendant quatre ans... En effet n'a-t-on pas assisté, médusés, à de grands changements de l'équipe qui a gagné aisément en éliminatoires de la CAN d'Egypte et perdre quelques jours après contre une équipe à notre portée. C'est l'entraineur qui a décidé seul, de changer une équipe qui a gagné. Choisir un entraîneur c'est trouver ce grand expert qui est un stratège, un tacticien rompu aux techniques de l'entraînement, de la pédagogie et de la communication. * Sur quels critères on choisit en Tunisie un entraîneur national ? - Une carte de visite, une expérience dans quelques clubs européens. - Généralement, un entraîneur des pays de l'Est ; (il revient relativement peu cher). - Il parle malheureusement un français «cassé» (ou un peu d'anglais) ; Ici la communication est très difficile car l'entraîneur n'arrive pas à faire passer ses concepts dont il a seul le secret. Autrement dit, les joueurs tunisiens qui parlent un français approximatif aussi n'arrivent pas à comprendre ce que l'entraîneur voudrait dire. Les relations entraîneurs-entraînés excluent donc une grande partie de l'effort mental qu'exige le sport de haut niveau. - Mais qui doit évaluer ces qualités? Ce sont généralement les membres fédéraux dont la majorité n'a jamais pratiqué -même à un niveau moyen- le sport qu'ils dirigent (90% des membres de l'ex-bureau fédéral de handball n'a jamais pris part à un match officiel de la discipline ; mais c'est à ceux-là c'est qu'est revenu le choix de l'entraîneur national. Il est un fait important à souligner : c'est celui qui consiste à avancer qu'un entraîneur étranger qui a réussi dans certains pays européens où la rigueur, la gestion administrative et l'environnement social sont de qualité, peut ne pas réussir dans notre pays où tout est approximatif, où l'on évite les évaluations et où l'on accepte aucun fondement critique, aucune contradiction (constructive), car, cette manière de faire touche «le fait du Prince» et constitue «un lèse Majesté». * Alors que proposons-nous ? Disons que, si un boulanger ne peut évaluer le travail d'un chimiste, il est évident que comprendre, évaluer, analyser, proposer n'est donné qu'aux techniciens du domaine. S'agissant ici de choisir un technicien de haut niveau, seuls les experts du même domaine peuvent et doivent éclairer ce choix. Ils sont évidemment, les plus à-même d'apprécier objectivement les capacités des candidats proposés pour cette mission «sacrée». Nos techniciens tunisiens ont fait leurs preuves. Ils sont capables d'assumer les responsabilités dans tous les domaines techniques et de gestion d'une équipe nationale. Nous proposons donc, la constitution d'un collège permanent de techniciens-experts au niveau de chaque fédération pour le traitement du dossier des équipes nationales à l'effet d' éviter les nombreuses dérives fâcheuses que l'on a connues. Nous pensons que l'époque des Zoro, Tarzan et autre Antar ibn Chadded est révolue. Il faut que l'entraîneur national accepte les évaluations objectives et régulières fondées sur des critères scientifiquement établis pour d'éventuelles corrections. Faut-il enfin signaler qu'un quotidien tunisien qui parait en langue arabe vante les qualités d'un candidat pour l'équipe nationale de handball tendant clairement à «forcer» la décision des responsables ; si ce seul candidat qui a évolué en 2ème division quelques années et qui n'a jamais terminé une saison avec une équipe de club en qualité d'entraîneur est l'oiseau rare et unique, soit. Abdelaziz Sfar Entraîneur de handball Et Ex D.T.N.