Bonnet blanc, blanc bonnet. Un Lemerre de moins ou un Coelho de plus, cela ne change rien à la réalité (sur le terrain). Que de similitudes entre l'équipe de Lemerre et celle de Coelho. A savoir le jeu stéréotypé ; les automatismes pratiquement inexistants ; les mêmes approches défensivistes, avec quatre défenseurs en ligne et un Ghezal de quelques centimètres derrière ; un milieu qui ne distille pas une seule balle en profondeur et un attaquant et demi errant comme des âmes en peine. A vouloir cibler un nul (à haut risque) le sélectionneur national prétendait pouvoir couper la poire en deux. Une mi-temps où la sélection était sommée de subir le jeu de l'adversaire, de tenir bon et de résister pourvu de ne pas encaisser de but. Et, toujours dans ses plans, une deuxième mi-temps avec une sélection tunisienne résolument portée sur l'offensive en seconde mi-temps. C'est d'ailleurs typiquement portugais : on subit la pression puis on sort petit à petit de ses retranchements. Mais tant qu'à faire, et imitation pour imitation autant jouer à l'italienne et cela veut dire essentiellement un entre-jeu composé de contristes, de vrais, de tacleurs de premier ordre, une récupération minutieusement calculée de la balle et, surtout, surtout, une relance rapide pour des contres fulgurants. Disposions-nous, hier, de l'arme du contre pour se permettre de se laisser submerger, du moins durant toute la première mi-temps, par le pressing burkinabé ? Les Ragued, Boujelbène, Ben Khalfallah et Mouihbi ne formaient-ils pas une ligne médiane hétéroclite et très peu dynamique dans la mesure où Belaïd devait se replier à leur niveau pour entrer en possession de la balle pour, ensuite, laborieusement chercher le démarquage d'un Selliti isolé certes, mais comme dépaysé et faisant dans le superflu ? Tel que M. Coelho a imaginé son dispositif tactique, il était clair que cette équipe tunisienne ne pouvait pas faire mal. Aucune force de percussion, aucun joueur capable de dribbler et de « sauter » l'adversaire, et, au nom du sacro-saint jeu collectif, des appuis défensifs, des couvertures, de la prudence. De surcroît, aucun parmi les nôtres, n'a eu le courage d'entreprendre une action individuelle, et cela fait que nous étions barricadés derrière. Encore heureux que seul face à Mathlouthi, l'attaquant burkinabé ait raté la balle de la première mi-temps (19') et encore heureux aussi que toute l'équipe burkinabé n'ait rien d'irrésistible. A la fin de la première mi-temps, pratiquement à quelques minutes du repos, nous eûmes droit à une chinoiserie digne du meilleur Lemerre : Traoui à la place de Mouihbi dont le talent offensif s'était émoussée dans une ligne médiane jouant dos à l'adversaire et c'est là que tout un chacun réalisa que Coelho voulait coûte que coûte le nul parce qu'on l'a vu, durant toute la première mi-temps, sermonner Mouihbi, pas assez défensif à son goût. Lemerre règne encore assurément...
Illusions... et ratages A trop calculer, on risque de se planter. Car n'eut été une providentielle sortie de Mathlouthi qui efface un but, dès la reprise, Coelho aurait vite fait de comprendre que ce n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. A la reprise donc, les Burkinabés asphyxièrent les nôtres et heureusement que ces derniers surent desserrer l'étau progressivement, exploitant les couloirs et tissant des triangulations qui permettaient d'ouvrir des brèches dans la défense adverse. Dans un contexte offensif, Belaïd retrouve toute sa rapidité d'exécution toute sa clairvoyance aussi même s'il aura péché par excès d'individualisme à la 64', préférant se faire faucher, sur un slalom, plutôt que de servir Selliti. Puis l'équipe nationale se fit menaçante sur une série de balles arrêtées, mais il manquait toujours ce petit quelque chose, une dernière touche, une dernière passe, l'inspiration d'un tir que personne n'attend. L'équipe tunisienne était sans doute mieux en jambes qu'elle ne le fut en première mi-temps. La balle circulait de manière plus fluide. La défense monte et, sur le plan individuel, nos gars osent prendre des initiatives à l'image d'un Belaïd, d'un Selliti ou d'un Ben Khalfallah. Le tir de loin de Ragued est même renvoyé par le montant gauche du portier burkinabé. C'est ce moment précis que choisit Coelho (encore une chinoiserie !) pour incorporer Ben Saâda à la place de Belaïd qui avait pourtant résolument pris l'équipe en mains. Changement pour le moins incompréhensible dès lors qu'on s'attendait plutôt à un renforcement de l'attaque - où Selliti s'esseulait très rapidement – et dans ce contexte, un Jomaâ n'aurait pas été de trop. Cela fait qu'après vingt minutes bien rythmées, la sélection accusa de nouveau un fléchissement subit, cependant, que l'adversaire burkinabé reprenait systématiquement l'ascendant. A la 81', la balle de Mogano effleura le montant droit de Mathlouthi. Boujelbène (qui n'était pas dan son contexte), était remplacé par Mnari et c'est ainsi qu'à huit minutes de la fin, Coelho termina par ce qu'il était censé commencer : Mnari et Traoui pivots. Là aussi, c'est incompréhensible. En tout cas, point de Jomaâ alors que Selliti devenait carrément superflu et la rencontre de se terminer sur un cortège de maladresses, de balles envoyées dans la nature et, plus grave, à force de ne pas y croire, Selliti, tête-à-tête avec le gardien burkinabé temporisa un peu trop, cherchant à placer la balle ce qui n'est pas vraiment dans son style. Nous osons espérer ne pas avoir à regretter cette occasion trop bêtement ratée. A l'évidence, nous sommes partis à Ouagadougou pour ramener le nul. Un résultat à double tranchant et qui dénote d'un défaitisme malvenu. Peut-être bien que Coelho n'aura pas à se reprocher quoi que ce soit. Il a hérité d'une équipe que Lemerre aura rabaissée, banalisée, au point que cette anonyme Burkina Faso termine première pour nous avoir battus à Tunis selon les derniers vœux de M. Lemerre et de ceux qui n'ont pas eu le courage de le virer. Sinon, qu'est-ce qui a changé ? Rien ! Raouf KHALSI
Synopsis • Ouagadougou • Temps agréable, 36° • Arbitrage correct de M. Mathews (Bénin) • Burkina Faso-Tunisie (0-0) • Formation tunisienne : Mathlouthi, Boussaïdi, Ben Zekri, Hagui, Ghezal, Ragued, Boujelbène (Mnari), Mouihbi (Traoui), Belaïd (Ben Saâda), Ben Khalfallah, Selliti. ---------------------------- Groupe 9 Résultats enregistrés Tunisie-Burkina Faso (1-2) Burkina Faso-Burundi (2-0) Burundi-Tunisie (0-1) Tunisie-Burundi (2-1) Burkina Faso-Tunisie (0-0) Classement 1- Burkina Faso 7 points 2-Tunisie 7 (les confrontations directes avec le Burkina qualifient l'adversaire) 3-Burundi 0 points • N.B : Le 10 octobre, Burundi-Burkina Faso. La Tunisie a joué tous ses matches. Les résultats des rencontres contre les Seychelles, sont annulés.