Le cancer, une maladie grave, touche de plus en plus de personnes aussi bien dans le monde qu'en Tunisie. Dans notre pays, on enregistre dix mille nouveaux cas chaque année, d'après les statistiques affichées par l'Association Tunisienne de Lutte Contre le Cancer. Le nombre de patients souffrant de cette pathologie mortelle est plus important dans les pays voisins. Le chiffre est, en fait, multiplié par trois au Maroc et en Algérie, toujours d'après la même source. Mais faute de moyens, presque la moitié des cancéreux n'a pas accès au traitement. Promulguer des lois pour limiter et gérer les substances chimiques à l'instar des pays développés semble être une des solutions à prendre. Conscients de l'ampleur du cancer qui coûte cher à la communauté en termes de dépenses, de perte de jours de travail et de vies, plusieurs gouvernements ont choisi d'opter pour la prévention. En témoignent les pays de l'Union Européenne qui viennent d'adopter, à la fin de l'année 2006, un projet de loi REACH sur le contrôle des substances chimiques. Le REACH (acronyme anglais pour enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques) obligera à partir du 1er juin 2007 les importateurs et les fabricants de produits chimiques à effectuer des tests de sécurité et de santé sur environ 30 000 substances produites en volumes supérieurs à 1 tonne par an et utilisées dans les produits de la vie quotidienne. La liste est longue. Elle va du plastique utilisé dans les ordinateurs et les téléphones mobiles aux substances utilisées dans les textiles, les peintures, les meubles, les jouets et les détergents. Les recherches effectuées dans ce domaine ont démontré que les substances chimiques ont un impact négatif sur la santé humaine et l'environnement, d'où l'importance de les contrôler et même d'interdire leur production. La nouvelle loi européenne stipule que les substances les plus préoccupantes, en particulier celles qui sont persistantes, bio-accumulatives et toxiques (PBT), très persistantes et très bio-accumulatives (vPvB), cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR), seront soumises à une procédure d'autorisation spéciale. Celles-ci ne pourront plus être mises sur le marché à moins d'avoir été autorisées par la Commission, qui s'appuiera sur les recommandations de la future Agence européenne des produits chimiques.
Lois Indépendamment des règlementations générales, plusieurs pays européens imposent des règlementations strictes pour lutter contre le cancer. La loi d'interdiction de fumer dans les endroits publics appliquée en France dès le début du mois en cours a, entre autres, pour objectif de lutter contre le cancer de poumons qui touche de plus en plus d'hommes. Des agents de la police ont été mobilisés pour veiller à l'application de la loi. Cette initiative reflète la volonté politique de prévenir les individus contre cette pathologie mortelle et coûteuse. Cela témoigne, également, de l'importance de l'application des règlementations promulguées à cet égard. Il ne suffit pas seulement de rédiger les textes et de les adopter. Mais où on-est en Tunisie par rapport à la promulgation des lois préventives contre le cancer. Suffit-il d'organiser des journées scientifiques sur la question et de faire réunir les spécialistes autour des tables rondes sans prendre des mesures rigoureuses ? Pour répondre à ces questions, le Dr Farhat Ben Ayad, président de l'Association Tunisienne de Lutte Contre le Cancer a précisé que plusieurs recommandations ont été déclarées par l'association depuis 1995. « Allant de Djerba Statement déclaré en 1995, passant par Association plan Cancer Tunisie en 1996 et arrivant au plan cancer en 2000, l'association a tenté d'attirer l'attention sur l'importance de la question. Mais, malheureusement, aucune initiative n'a été prise à cet égard », désole le Dr Ben Ayad. Ce n'est pas tout. D'autres initiatives ont été prises par l'association afin d'avoir une idée pertinente sur le comportement du Tunisien et son attitude vis-à-vis du tabac et son impact. Deux enquêtes ont été réalisées dans ce cadre. Et le président de l'association d'ajouter : « Nous avons attiré l'attention des autorités de tutelle sur les nuisances des pesticides et leur répercussion sur la santé des agriculteurs mais vainement ». « Ces produits chimiques doivent être soumis à des tests afin de protéger cette frange de la société contre les maladies qui en découlent », appelle-t-il. Sachant qu'un grand nombre d'agriculteurs tunisiens s'exposent directement à ces produits sans aucune protection, ils sont, notamment, confrontés au cancer et à la stérilité », d'après le spécialiste. Evoquant la consommation du tabac, le Dr Ben Ayad a signalé que 40 % de cas de cancer chez les hommes sont dus à cette matière. Il est, en fait, responsable du cancer de poumons, de la vessie et du larynx. D'ordre général, « 30 % de cancer sont engendrés par la pollution de l'environnement et le tabac », toujours d'après la même source.
Droit à l'information La nouvelle loi européenne stipule, entre autres, l'importance de la communication des informations. Une clause relative au devoir d'informer le public sur les substances dangereuses contenues dans les produits a été inclue. La chaîne de distribution, y compris les consommateurs qui le demandent, devront être informés de la présence de toute substance chimique en quantité supérieure à 0,1% du poids total des produits. Informer les consommateurs pour s'auto-protéger contre le cancer est aussi important que la sensibilisation de la consommation des produits cancérogènes tels que les cigarettes. Mais, il est clair que la Tunisie est loin de ces procédures. L'Association Tunisienne de Lutte Contre la Cancer milite depuis 10 ans pour arrêter des mesures strictes contre la vente du tabac et l'identification des produits génétiquement modifiés. Le Dr Ben Ayad est engagé dans cette bataille. Pour lui c'est un travail de tous les jours et de longue haleine. D'ailleurs, un centre de formation et d'information sur le cancer a été créé par l'Association. Il sera inauguré en mai prochain. Le centre sera ouvert au public, élèves, étudiants et chercheurs qui s'intéressent à la maladie. L'Association œuvre de pair avec d'autres structures étrangères pour être à jour. La prévention contre le cancer est ainsi la responsabilité de tous les intervenants. Car il serait plus utile de gérer la maladie avant qu'elle se propage d'autant plus que les opportunités sont à la portée.