Aucun de nos champions n'est le produit du sport scolaire, de Gammoudi à Mellouli en passant par les Lounifi et Hamza. Ils ont tous réalisé ces grandes performances grâce à leurs sacrifices et à ceux de leurs familles et aussi à l'apport de leurs clubs respectifs. La chose n'a rien de surprenant, le contraire nous aurait choqués, car c'est ce qui devrait se produire quand l'infrastructure dans le sport scolaire est presque inexistante. Rare sont les établissements scolaires où vous trouvez des terrains omnisports et une piste d'athlétisme, le matériel n'est jamais disponible pour toutes les disciplines et en particulier pour cette dernière où on ne trouve, dans les meilleurs des cas, que les boules de métal du lancement du poids. Pour le sport collectif, il n'ya la plupart du temps que des ballons de football, c'est généralement la seule discipline pratiquée à l'école, et quand il fait mauvais temps, il n'y a rien ni football ni rien du tout. En fait, les élèves disposent de deux options, rentrer à la maison s'ils n'ont pas cours, ou bien rester dans les halls et les couloirs du lycée, parce qu'il n'y a ni salle de sport couverte ni salle de permanence. Mais à la veille du bac sport, l'ambiance change subitement, elle devient fiévreuse, de nouvelles disciplines apparaissent telles que l'athlétisme et la gymnastique avec le fameux enchaînement. Puis plus rien, une fois l'épreuve du bac passée, la fièvre baisse, les esprits se calment et on retrouve le rythme habituel.
Absence d'infrastructure Toutefois, la chose la plus déplorable reste l'absence des vestiaires et des douches. Dans plusieurs établissements, les élèves se changent en plein air qu'il pleuve ou qu'il vente, et après la séance, ils regagnent les salles de classe tout en sueur. Et ils peuvent passer toute la journée dans cet état lorsque la séance de sport a lieu le matin et qu'ils ont huit heures de cours, alors dans ce cas, ils sont obligés d'attendre jusqu'au soir pour pouvoir se laver et se rafraîchir. Imaginez un peu l'humeur d'un élève se trouvant dans une situation pareille, passant toute une journée sans se doucher, respirant mal à cause d'un corps englué de sueur et se sentant lourd. Est-ce qu'il peut être en bonne disposition ? Est-ce qu'il peut se concentrer sur la leçon ? Et l'enseignant, avec qui il va travailler, dans ces conditions, avec des élèves éreintés qui n'ont plus la force physique ni mental nécessaire pour assimiler quoi que ce soit ? Que de temps gaspillé ! Que des leçons ratées ! A qui la faute, à eux ou à lui ? On vous laisse deviner.
Dans l'état actuel des choses, la pratique de l'éducation physique nuit à toutes les parties à commencer par les enseignants de cette discipline, les conditions dans lesquelles ils travaillent sont loin d'être favorables, d'ailleurs c'est le cas de tous leurs collègues. Le sport scolaire doit être le pourvoyeur de sportifs de haut niveau, les quelques lycées sportifs ou les centres de formation ne résolvent pas nos difficultés sur ce plan, car dans ces institutions, le nombre des sportifs est réduit, alors que c'est en élargissant la base que nos chances de recruter les meilleurs seront beaucoup plus importantes et ainsi on aura donné la chance à tout le monde. Donc c'est dans un souci d'efficacité et d'équité que l'on suggère d'accorder au sport scolaire tout l'intérêt qu'il mérite, c'est le seul moyen qui nous permet de dépasser nos handicaps au niveau sportif et de mettre fin au désordre qui règne dans les établissements scolaires.