Je n'étais pas contre le recrutement d'Edgar Loué, mais je n'étais pas enthousiaste non plus. * Maher Kenzari ? Nous avons un bon rapport.... Mais c'est moi qui décide. Vendredi après-midi, stade de Radès, près de deux cents supporters attendent le coup d'envoi de la séance d'entraînement de l'Espérance ST. 16 heures passées, Carlos Cabral se pointe devant les vestiaires et vient s'excuser pour le retard accusé sur le rendez-vous qu'il nous a fixé la veille. Puis le temps de discuter un moment avec le Docteur Yacine Ben Ahmed, le médecin de l'équipe avant de donner des consignes fermes pour tenir les supporters à bonne distance de l'aire de l'entraînement. Enfin un signe au préparateur physique pour l'inviter à traduire nos questions et ses réponses. Un Carlos Cabral très à l'aise, disponible et qui répond sans détours à nos interrogations. Interview.
Le Temps : Une trêve d'un mois après seulement trois rencontres de championnat. Trouvez-vous cela normal ? Cabral : Bien sûr que ce n'est pas normal, personnellement je n'ai jamais vécu semblable situation durant ma longue carrière d'entraîneur. Attention, ce n'est pas tout dans la mesure où, après la 4ème journée, le championnat va connaître un autre arrêt de trois semaines. Les répercussions sont néfastes à tous les niveaux. Pour les joueurs comme pour les entraîneurs et l'encadrement administratif des clubs. Il faut maintenir la motivation côté joueurs mais surtout reprendre à chaque fois la préparation pour l'entretien physique, physiologique, tactique. Cela aboutit sur un nouveau démarrage du championnat après chaque trêve. Et c'est l'Equipe nationale qui en fait les frais. Un football professionnel se gère autrement. • Devons-nous comprendre que l'Espérance risque d'être pénalisée après ce mois de trêve et juste après sa belle victoire de la troisième journée ? L'Espérance a déjà été victime de cette mauvaise programmation du calendrier dans la mesure où juste après la première journée, la compétition a connu un premier arrêt. Mon équipe en a fait les frais contre l'ES Hammam-Sousse. J'espère qu'il n'en sera pas de même samedi prochain devant le Stade Tunisien. Au fait, trouvez-vous normal qu'aujourd'hui vendredi nous sommes à une semaine de la reprise du championnat, et on ne connait pas encore l'heure du coup d'envoi des rencontres sachant que ce volet fait partie de la préparation d'un match. • Depuis le 31 août l'effectif de l'Espérance a été sérieusement étoffé. Etes-vous satisfait de ces recrutements ? Sont-ils en mesure de bien remplacer les départs de Chaâbani, Aboucharouane et Zaïem ? Je vous répondrais qu'ils sont bons qualitativement et quantitativement. Seulement ils ne sont pas en mesure, pour le moment de bien remplacer les joueurs que vous venez de citer. Il ne faut pas oublier que ces trois joueurs constituaient en quelque sorte la plaque tournante de l'Espérance. Et quoiqu'on dise, on ne remplace pas aussi facilement Chaâbani, un véritable meneur d'hommes. • Justement. On a recruté Edgar Loué pour éventuellement remplacer Chaâbani. Et pourtant vous étiez contre ce recrutement si on reprend les termes d'une interview que vous avez accordée à un confrère de la place ? Je n'étais pas à proprement dit contre le recrutement de Loué. J'ai tout simplement dit que le joueur traîne un surpoids et qu'il n'a pas joué depuis une année. C'est-à-dire qu'il ne peut pas être utilisé dans le court voir dans le moyen terme. Et puis je ne vous cacherais pas que j'ai été un peu surpris par ce recrutement car, à ma connaissance, nous sommes partis pour engager le Marocain Zekroumi. • Pouvons-nous dire que l'Espérance ST a les moyens humains de jouer pour les titres dans la compétition nationale et arabe ? Je vais être franc. Dans le football tunisien comme ailleurs tout est possible. Je n'aime pas faire des promesses. Aujourd'hui, je dis bien aujourd'hui l'Espérance n'est pas encore prête sachant qu'il existe parmi son effectif des joueurs manquant d'expérience car très jeunes, d'autres qui manquent de compétitivité à l'instar de Loué et d'autres qui ont besoin de temps pour s'adapter à leur nouvel environnement comme M'belé. Ce que je peux dire c'est travailler, travailler, travailler. • Parmi les quatre traditionnels favoris, quelle équipe semble la mieux placée pour le sacre. Pouvons-nous nous attendre à une surprise venant d'une autre équipe ? C'est la tradition qui fait que ces quatre équipes constituent les principaux prétendants au sacre. Seulement il est difficile d'avancer un pronostic après seulement trois journées de championnat, voire deux pour trois d'entre elles. Il faut donc bien voir ce qui se passera d'ici la fin de la phase aller. • Parlons à présent de Carlos Cabral. Lors de la séance de travail tenue avec le sélectionneur national Coelho, vous avez appelé à la création d'un syndicat d'entraîneurs pour défendre la coopération. Est-ce à dire que vous avez des problèmes avec le Comité Directeur de l'Espérance ST ? Je n'ai pas appelé à la création d'un syndicat mais d'une association dont le rôle serait de maintenir le contact avec la fédération tunisienne de football et discuter du déroulement de la compétition et des problèmes qui peuvent se poser. C'est en quelque sorte pour défendre les intérêts des clubs. Et s'il y a des problèmes qui se posent pour les entraîneurs, le recours à la FIFA est toujours possible. Maintenant, je tiens à rassurer tout le monde, mes relations avec le Comité directeur de l'Espérance sont excellentes, aucun problème à l'horizon. • Une dernière question mais au sujet de vos relations avec Maher Kanzari. Comment se passe cette collaboration ? Là aussi je vous rassure, je travaille en parfaite symbiose avec Maher. Nous discutons de tout, mais la dernière décision m'appartient et il le sait. Je vous cite un exemple. Lors de la finale de la coupe contre l'ES Sahel, Maher avait opté pour Bienvenu en tant que titulaire d'entrée. Personnellement j'ai opté pour Aboucharouane et c'est ce dernier qui a été aligné. Enfin le fait de voir Maher répondre aux questions des journalistes aux conférences d'après match est une preuve supplémentaire de nos très bonnes relations car il communique mieux que moi au niveau de la langue, l'arabe ou le français. Interview recueillie par Rafik BEN ARFA