Le Temps-Agences - La crise financière donnait de nouveaux signes d'aggravation hier après la faillite de la banque américaine Washington Mutual, tandis que l'inquiétude croissait sur les marchés faute de progrès sur le plan de sauvetage américain. La fermeture de Washington Mutual, annoncée jeudi soir, constitue la plus grosse faillite d'une banque de dépôts dans l'histoire des Etats-Unis. Basée à Seattle (Ouest), "WaMu" était la sixième banque du pays par les actifs. Particulièrement touchée par la crise de l'immobilier, elle avait vu sa valeur boursière quasiment réduite à néant. Ses activités encore viables seront reprises par son concurrent JPMorgan Chase pour 1,9 milliard de dollars. En Europe, le grand groupe de banque et d'assurance belgo-néerlandais Fortis, objet de rumeurs depuis plusieurs jours, a dû faire une mise au point pour assurer qu'il était solvable malgré la chute de son cours de Bourse. Fortis a convoqué une conférence de presse dans l'urgence à Bruxelles pour annoncer qu'il allait céder des actifs d'une valeur de 5 à 10 milliards d'euros en raison de "circonstances de marché difficiles actuellement". Mais le groupe a assuré qu'il avait suffisamment de liquidités pour continuer à fonctionner. Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a assuré que son gouvernement ne laisserait "aucun client en difficulté". Les marchés financiers continuent par ailleurs de vivre au rythme des négociations sur le plan de sauvetage bancaire en discussion entre le gouvernement américain et la majorité démocrate du Congrès. Alors qu'un accord semblait proche jeudi dans la journée, il est apparu dans la soirée que les négociations étaient en fait bloquées. Conséquence, les Bourses, qui avaient fortement progressé jeudi, sont reparties à la baisse hier. Les principaux indices boursiers européens perdaient environ 2% à la mi-journée.Les discussions autour du plan de sauvetage bancaire semblaient se compliquer jeudi soir à Washington avec l'apparition de voix discordantes au sein des rangs républicains. En outre, la rencontre exceptionnelle à la Maison Blanche entre le président George W. Bush, le candidat démocrate à l'élection présidentielle Barack Obama et le candidat républicain John McCain n'a pas donné les résultats espérés. "Je pense que nous finirons par avoir un accord mais il reste du travail à faire", a déclaré M. Obama à l'issue de cette rencontre. Brandissant les risques d'une crise généralisée, les républicains font pression pour adopter en l'état le plan du secrétaire au Trésor Henry Paulson, qui vise à soulager les banques de leurs créances les plus mauvaises avec l'aide de l'argent public. Les démocrates souhaitent l'accompagner de mesures d'aide aux ménages. La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a néanmoins indiqué hier qu'elle espérait "parvenir à un accord dans les prochaines 24 heures afin de pouvoir rédiger un projet de loi et le proposer au vote". "C'est vraiment entre les mains des républicains", a-t-elle ajouté. Autre signe de tension, plusieurs grandes banques centrales ont annoncé hier matin de nouvelles mesures visant à s'échanger entre elles plus facilement des liquidités afin d'alimenter leurs systèmes bancaires respectifs. La Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et leurs homologues britannique et suisse ont élargis leurs accords exceptionnels, dits de "swap", mis en place pour faire face à la crise. Plusieurs milliards de dollars supplémentaires pourront ainsi circuler pour soulager les banques qui ne trouvent pas les fonds nécessaires pour boucler leurs comptes chaque jour. Sur le marché interbancaire, les taux ont en effet fortement augmenté depuis plusieurs jours, traduisant l'inquiétude généralisée et rendant plus cher l'argent pour les banques.