Cela arrive si rarement ces derniers temps que quand une baisse de prix quelconque est annoncée, l'événement ne peut laisser indifférent. Nous venons en effet d'apprendre tout récemment, que le prix du fer utilisé dans le bâtiment a sensiblement baissé : on nous dit que le coût de la barre la plus chère est descendu à 16 dinars après avoir frôlé les 22 dinars pendant tout l'été 2008. C'est sans doute une très bonne nouvelle pour tous ceux qui ont engagé -ou qui envisagent de le faire bientôt- des travaux de construction nécessitant impérativement ce matériau. Nous leur recommandons même de se presser pour en acquérir les quantités indispensables, car avec les matériaux de construction, les prix ça va ça vient et du jour au lendemain, ce qui ne coûtait que dix dinars peut valoir son double en 24 heures. Regardez par exemple le ciment qui coûtait l'année dernière à pareille époque moins de 5 dinars les 50 kilos, il est vendu maintenant à presque six dinars et qui sait si la hausse de ce produit cessera un jour. On arrosera à coup sûr l'événement ! Les bananes semblent aussi lâcher du lest depuis deux semaines : on les vend aujourd'hui à 1 dinar 700 millimes le kilo ; ce n'est pas mal pour un fruit toujours sujet aux spéculations de toutes sortes. Mais ce n'est malheureusement pas un produit de première nécessité chez nous; un Tunisien peut continuer à vivre en se passant de bananes ! Les produits dont il a vraiment besoin eux tiennent, hélas, la dragée haute. Nous avons fait un tour dans les grandes surfaces réputées pour leurs prix raisonnables et également au marché central de la Capitale pour voir si, par hasard, des « promotions » sont consenties à ce niveau. Nous avons également demandé à quelques pharmaciens si les médicaments les plus couramment sollicités ont vu leurs prix reculer ne serait-ce que de 10 millimes.
Promotions rarissimes Pour les prix en vigueur chez les pharmaciens, il n'y a aucune bonne nouvelle à annoncer; même pas au sujet des bâtonnets à nettoyer les oreilles. Certes, les augmentations ne sont pas effrayantes, mais rien n'est ristourné chez nos « apothicaires », même pas le prix de la pesée sur les bascules vieilles d'un demi siècle ! Dans les grands magasins, rares sont les promotions, et elles touchent plutôt des produits relativement secondaires : dentifrices, shampooing, crèmes, biscuits, corn-flakes, tablettes de chocolat etc. L'huile d'olive a fait l'objet d'une toute petite ristourne, mais il s'agissait d'un produit de l'année dernière resté invendu ; et rien ne garantit que la production ne remonte pas à plus tôt ! Pour ce qui est de l'huile de cuisson ou de friture ordinaire, le prix du litre varie entre 900millimes (huile de graines végétales) et 2 dinars 900 millimes (huile de tournesol). Concernant tous les autres produits alimentaires, les prix sont stationnaires ou ont connu une petite augmentation. Du côté des produits laitiers et du yaourt, aucune baisse non plus, mais les majorations concernent des produits de marque ou des marchandises importées. Au rayon viandes comme au rayon poissons, c'est toujours beaucoup plus cher qu'au marché. La viande de volaille est un peu partout vendue au même prix. Les produits cosmétiques sont de temps en temps remisés, mais ce qui surprend c'est qu'on baisse de moins en moins les prix des savons et ceux des shampooings, produit de bien plus grande consommation que les déodorants, gels douches et crèmes pour les mains et les pieds !
Nous avons remarqué d'autre part que les brosses à dents sont trop chères en grande surface pour les bourses moyennes : à 3 et à 6 dinars la pièce, elles restent souvent sans acheteur.
Tendance à la... stagnation ! Au marché, seuls les poissonniers consentent à partir de 11 heures trente des baisses conséquentes sur les prix de 8 heures. Mais cela dépend des étals et des espèces à vendre : sardines pliées en quatre, merlans et rougets minuscules, pageots d'à peine 10 centimètres, chevrettes d'il y a une semaine au moins etc., voilà les poissons qui entrent souvent dans le « couffin de la ménagère ». Les pommes de terre et les tomates ne dépassent pas les 600 millimes le kilo, mais si les patates sont d'une qualité satisfaisante chez la plupart des marchands, ce n'est pas le cas pour les tomates qui tendent d'abord à se raréfier sur les étals et présentent d'autre part tous les signes d'un pourrissement imminent. Quand elles sont fraîches et bien rouges, elles sont vendues à un dinar le kilo. Les légumes de saison n'ont ni augmenté ni baissé depuis octobre. Pour les fruits de l'automne tels la grenade, le coing et la datte, soit il n'y en a plus soit ils sont inaccessibles pour un consommateur moyen. On a tout de même pensé aux faibles revenus, c'est pourquoi certains commerçants leur proposent des dattes de qualité douteuse à plus de 1 dinar 500 millimes le kilo ! Les primeurs de l'hiver, principalement les mandarines et les oranges, sont en toute logique encore trop chères et trop acides !
A travers cette drôle de mercuriale, le consommateur peut facilement comprendre que dans la conjoncture actuelle, si les prix stagnent c'est déjà une bonne nouvelle ! C'est une gageure en effet que de se maintenir au même standing dans un contexte très fluctuant comme celui que l'économie mondiale vit en ce moment. Souhaitons donc que les vents mauvais qui soufflent sur le globe ces derniers temps s'apaisent et nous laissent le temps et les moyens de savourer le méchoui du prochain Aïd !