Depuis plus d'un mois, on n'entend parler que de la crise financière internationale. Agences de presse, télévisons, journaux et magazines du monde entier en ont fait leurs premiers titres et le point d'attraction des émissions économiques : le tsunami, un déluge, des traders affolés sur les places financières, pris de panique et guettant la moindre indication sur l'évolution des cours. Des conférences nationales, régionales et internationales se sont succédées et couronnées par la réunion du G20 à Washington, un nouveau «Gx» dont on attendait monts et merveilles. Que s'est-il passé pour arriver jusque-là ? tout simplement, des banques américaines n'ont pas été prudentes et ont prêté, par largesses, aux classes moyennes désireuses d'acquérir un toit. Une « faute » impardonnable : On a dérogé à la règle en prêtant aux pauvres. Une cascade de faillites s'est déclenchée par la suite, outre-Atlantique, emportant de « grosses cylindrées » de la finance et de l'immobilier : Freddie Mac et Lehman & Brothers, entre autres. Les gens de l'économie « virtuelle » à Wall Street commencèrent à vendre à grande échelle tirant les cours vers le bas. Comme l'économie internationale est de plus en plus mondialisée, les pays dits émergents et qui veulent participer à la prise de décision sur le plan international, ont été eux aussi touchés de plein fouet par les effets collatéraux (Russie, Chine, Inde... et également les pays du Golfe). Voyant la menace d'une longue récession se confirmer, l'Europe, dont l'Union est actuellement présidée par la France, a pesé de tout son poids, aidée en cela par «l'hyperactivité» de Nicolas Sarkozy pour « imposer » à Bush, la conférence du G20 en vue d'établir de nouvelles règles économiques qui remplaceraient le système hérité de la Conférence de « Bretton Woods », en 1944, qui a installé les Etats-Unis aux commandes de la planète économie. Certains ont vu même que l'Europe ait pu détecter une fissure dans la suprématie américaine et a voulu en profiter. Mais c'était un peu prématuré. L'Europe n'est pas parvenue à se transformer en un vrai bloc, car transcendée toujours par les « duels » classiques France/Allemagne, d'un côté, et France, Allemagne/Grande Bretagne, de l'autre. La Déclaration de Washington à la fin de la Conférence du G20, ne va rien changer dans l'essentiel des règles qui gouvernent l'économie internationale. On n'a pas pu faire plier un Georges Bush réduit actuellement à « l'expédition des affaires courantes » en attendant la venue de son successeur Obama. Ce dernier héritera de la deuxième partie de cette conférence programmée pour le mois d'avril 2009. La Déclaration de Washington, confirme, malgré les attentes « la conviction que les principes du marché, des économies ouvertes... favorisent le dynamisme, l'innovation et l'esprit d'entreprise... » et « qu'une nouvelle régulation relève avant tout de la responsabilité des régulateurs nationaux ». Le FMI, attendu pour s'ériger en « gendarme de la finance internationale », se trouve chargé tout simplement « de la surveillance de l'application des normes élaborées par le Forum de stabilité financière (FSF) qui doit ouvrir ses portes aux grands pays émergents ». Résultat : les fondements vont rester les mêmes et les Etats-Unis, bien que touchés par une crise semblable à celle de 1929, continuent de croire en la viabilité de leur système économique. Il n'y peuvent rien d'ailleurs, parce que leur pays est ainsi fait et que la liberté économique rime avec liberté politique. Se renier soi-même est toujours difficile. Cependant et vue de Washington, les perdants ne se trouvent pas qu'aux Etats-Unis. La manne financière provenant de la flambée du pétrole chez les pays producteurs a été en partie épongée (les « Fonds souverains » des pays du Golfe ont perdu 400 milliards de dollars) et la Chine a procédé à un plan de relance et a déjà revu sa croissance à la baisse. Le renouveau de la puissance russe a été, en quelque sorte, freiné par des pertes économiques non moins importantes. Occasion ratée donc de voir naître un monde vraiment multipolaire. Les Etats-Unis conservent leur leadership mais jusqu'à quand. Plusieurs spécialistes pensent qu'il s'agit d'un dernier virage. En tout cas, « l'empire n'a pas éclaté » et les Etats-Unis ont échappé au sort qu'avait prédit Hélène Carrère d'Encausse à l'Ex-URSS, mais, tout de même, pour l'Oncle Sam, les signes avant-coureurs de déchéance se multiplient.