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Cours particuliers : Crevons l'abcès !
POINTS CHAUDS
Publié dans Le Temps le 01 - 12 - 2008

L.A, professeur : « Est-ce un crime que d'aspirer à améliorer ses conditions de vie en contrepartie de prestations supplémentaires ? »
Pour taquiner les journalistes écossais, on prétend qu'ils déterrent l'histoire du Loch Ness, chaque fois qu'ils se trouvent en manque d'actualité ou d'inspiration. Notre Loch Ness tunisien, serait le thème des cours particuliers dont la récurrence finit par agacer,
non pas parce qu'il s'agit d'un sujet dépourvu d'intérêt mais tout simplement parce qu'il est traité d'une façon artificielle qui s'attaque aux effets tout en épargnant les causes. Résultat : à l'instar de la pieuvre qui grossit à mesure qu'on la fouette, le phénomène se montre coriace et continue de s'amplifier en dépit du travail incessant de sape.
Pour quelles raisons en est-on constamment réduit à un constat d'échec en la matière? Le phénomène est-il nouveau ? Pourquoi le phénomène continue-t-il de prendre de l'ampleur alors que sa tête est mise à prix par la plupart des parties prenantes ? Les enseignants qui donnent des cours particuliers formeraient-ils un lobby puissant et par conséquent intouchable ? Sont-ils les seuls à blâmer ? Les parents sont-ils les victimes qu'ils se disent être ? Le système éducatif tunisien peut-il être lavé de tout soupçon ? Peut-on décontextualiser le phénomène alors qu'il prend racine, se nourrit, croît et s'intensifie à la faveur de l'environnement économique, social et culturel qui est le nôtre ? Autant de questions qui s'imposent pour expliquer la ténacité des cours particuliers lesquels ont de très beaux jours en perspective : pourquoi ?
Tout simplement parce qu'ils sont devenus, par la force des choses et contrairement au bon sens, et peut-être même en toute logique, d'une nécessité absolue. Ainsi, les parents auront-ils beau protester, les journalistes dénigrer, cette pratique continuera à perdurer tant qu'on n'aura pas extirpé les racines du « mal ».
Mais au fait, le mot « mal » n'est-il pas abusif ? Lesdits cours ne sont-ils pas vraiment indispensables dans le cas d'un écolier qui s'est absenté pour cause de maladie ou d'accident, d'un élève dont la scolarité aura été perturbée par un événement quelconque ou celui dont l'éclosion tardive a laissé d'importantes lacunes ? Ne sont -ils pas justifiés par les disparités flagrantes de niveaux entre les élèves de la même classe, disparités dues à l'échec des réformes entreprises ?
Donc commençons d'abord par faire la part des choses et reconnaissons que les cours particuliers appelés communément « études », sans connaître leur expansion actuelle, ont de tout temps existé, même durant les premières années de l'indépendance, comme l'atteste le témoignage d'un professeur à la retraite : « Vers les années 1960 ou 1961, quoique étant, en sixième année primaire, le premier de ma classe, j'ai suivi personnellement des cours dispensés à l'école par notre instituteur, de nationalité française. C'était pour combler mes lacunes en calcul. Nous étions un groupe disparate du point de vue besoins mais chacun y trouvait son compte. Je me rappelle bien avoir un voisin qui était un véritable génie en calcul mais qui avait un niveau lamentable en langues. »
On doit à la vérité de reconnaître que le phénomène peu répandu à l'époque, était, du reste, limité à l'enseignement primaire et que personne ne trouvait à redire là-dessus. D'une part, le recours aux cours particuliers venait répondre à des besoins réels. D'autre part, il n'y avait aucune pression exercée par les instituteurs pour de multiples raisons : la course effrénée à la consommation, source d'avidité n'était pas dans les mœurs d'antan, d'autant plus d'ailleurs que les enseignants étaient relativement aisés, avaient même un certain standing, et une aura que leur conférait leur statut de détenteur du « savoir ». Tout un prestige qui les mettait à l'abri à la fois du besoin et de la tentation du mercantilisme. Quand on y ajoute la faiblesse des revenus, la mentalité fataliste chez la plupart des Tunisiens dont une bonne majorité n'était pas consciente des enjeux de la scolarité, on comprend mieux la situation à l'époque , situation qui s'étend jusqu'à la fin de la période socialiste.
Avec l'avènement du capitalisme, fin des années soixante, début des années soixante-dix, ce fut un bouleversement total, c'est-à-dire autant social, économique que culturel. La libération de l'initiative privée a donné lieu à un boum économique sans précédent. De nouvelles couches sociales anciennement déshéritées et illettrées ayant eu un accès fulgurant à la fortune ont introduit de nouvelles mœurs, répandu de nouvelles valeurs fondées sur le culte de l'argent et semé la dépravation des goûts et la corruption. En parallèle, la catégorie des fonctionnaires de l'Etat, y compris les enseignants, s'est retrouvée, subitement en bas de l'échelle, sombrant dans une situation matérielle navrante : la « pauvreté » venait de changer de camp avec tout ce que cela comportait comme déconsidération pour la frange des fonctionnaires et plus particulièrement celle des enseignants qui ne sont plus depuis lors les modèles de réussite sociale ni les exemples à suivre, dès lors qu'un charretier, un maçon, un mécanicien ou un plombier pouvait assurer aux siens un niveau de vie , un confort, voire un luxe hors de la portée du médecin de la santé publique, du professeur ou de l'instituteur. Il s'en est suivi un climat de déconsidération voire de mépris pour les carrières intellectuelles, les études, les diplômes et le savoir, traduit par l'illustre slogan : « Il est inutile de faire des études du moment qu'il n' y a pas d'avenir » ( Taqra ouella ma taqrach ilmoustaqbal ma fammech ).
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L A, professeur : « Est-ce un crime que d'aspirer à améliorer ses conditions de vie en contrepartie de prestations supplémentaires ? »
Que reproche-t-on aux enseignants ? D'aspirer à améliorer leurs conditions de vie ? Est-ce un crime du moment que c'est en contrepartie d'une prestation qui nous esquinte la santé ? Pourquoi trouve-t-on légitime que les ouvriers, les autres fonctionnaires des secteurs publics et privés fassent des heures supplémentaires pour gagner plus et arrondir leurs fins de mois alors qu'on ne nous reconnaît pas ce droit ?
A mon avis, il est plus aisé de se rabattre sur les enseignants, un corps professionnel sans défense , un souffre-douleur inoffensif, au point que cela tourne à l'idée fixe. Pourtant les dérives, les malversations, la corruption, les dysfonctionnements, les abus de pouvoir, la concussion, le trafic d'influence, les exactions, le népotisme, ce n'est pas ce qui manque ! N'y a-t-il pas de fonctionnaires véreux, malhonnêtes dans les secteurs de l'intérieur , de la justice, des télécommunications, de l'économie et ailleurs ? C'est à en croire que les cours particuliers sont l'unique nœud gordien dans le pays ! Allons soyons sérieux ! Au lieu de vaincre le réflexe d'autocensure , de s'attaquer aux véritables maux de notre système éducatif et de notre société, les journalistes en général ne font que ruminer un thème éculé, sans résultat d'ailleurs.
Les vraies tares de notre système éducatif, messieurs, se situent, en vérité, ailleurs. Je vous invite à les identifier, à les décortiquer, à les mettre à nu et à les porter à la connaissance du public car vous aussi vous avez une mission éducative. Allez au fond des choses. Apprenez au citoyen moyen à dépasser les menus griefs et les procès qu'on fait aux instituteurs qui favoriseraient les enfants de collègues ou qui déplaceraient « injustement » leur fils ou leur fille pour y placer un autre élève. Je sais que c'est injuste et inadmissible. Mais il faut que les journalistes soient capables d'élever les débats, c'est-à-dire de réfléchir sur les enjeux des réformes, sur leur consistance, leur supposé bien-fondé, leurs conséquences à court, moyen et long termes. Vous êtes tenus de sensibiliser les citoyens quant à la régression des niveaux, à l'inflation des récompenses et autres prix, aux inconvénients du système d'évaluation en vigueur, au passage systématique, aux problèmes engendrés par la décision de retenir les élèves démotivés jusqu'à 16 ans au collège, avec toutes les répercussions que cela pourrait engendrer sur la discipline, la perturbation de l'ordre, la qualité de l'enseignement dispensé, autant de retombées qui transforment l'école en une simple garderie. Ne parlons pas non plus du système de rachat au bac ! Voilà les sujets d'intérêt majeur sur lesquels il convient d'approfondir la réflexion.


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