« Autant anticipet les événements », affirme le ministre du Tourisme * Quelques maux persistants du secteur : Sécurité, environenemnt, transport..., laissent encore à désirer Le secteur du tourisme figure par les canaux de transmission de la crise financière sur l'économie réelle. Avec la morosité de la demande, l'aptitude compétitive du pays à attirer davantage de touristes et à maintenir le rythme de croissance du secteur seront mis en jeu. Sans verser dans l'alarmisme, la réactivité et la capacité d'agir avec célérité dans cette période de crise restent les préalables nécessaires mais non suffisants pour ne pas la pâtir. Une table ronde a été récemment organisée à Tunis sous la présidence de M. Khélil Ladjimi, ministre du Tourisme, autour du thème : « Comment agir face à la crise ? ». Ont participé à cette rencontre de nombreux professionnels et opérateurs du secteur. Les participants ont appelé à ne pas subir les pressions des Tours Operators et éviter de consentir des baisses sur nos tarifs qui sont déjà parmi les plus bas. L'amélioration de la qualité du produit touristique et des services dans tous les secteurs concernés par l'activité touristique fait partie des premières actions à entreprendre pour défendre les avantages compétitifs du secteur. Les participants sont unanimes pour appeler à agir assez tôt et plus précisément dès janvier 2009 en menant et en multipliant les campagnes promotionnelles pour attirer en particulier les clients classiques (Allemands, Italiens et Français) et conquérir des marchés moins habituels comme la Grande-Bretagne et la Suisse. Une commission est d'ailleurs déjà créée et réfléchit actuellement sur la meilleure manière de réussir la campagne de janvier et surtout celle de février. Mobiliser tous les partenaires du secteur touristique pour faire face à l'unisson aux défis de la crise qui, le rappellent les participants, n'a pas encore affecté sérieusement le tourisme tunisien, mais « autant anticiper les événements » affirme M. le ministre qui a tenu dans presque chacune de ses interventions et réponses à souligner la nécessité d'agir efficacement mais toujours selon les moyens disponibles. En tout cas, les intervenants sont dans leur ensemble optimistes et restent presque tous persuadés qu'il y a moyen de sortir gagnant de la crise. En comptant sur les efforts de l'administration et les capitaux alloués et réalloués en vue d'aider le secteur touristique au moins à se maintenir au même niveau que l'année écoulée, les professionnels se disent confiants en dépit de certaines appréhensions concernant la situation financière des principales unités hôtelières du pays dont les propriétaires « criblés de dettes », selon M.Mohamed Belazouza, président de La Fédération des hôteliers, souhaitent davantage de compréhension et de souplesse de la part des banques. Il y a donc beaucoup à faire en plus de ce qui l'a déjà été. L'essentiel, c'est de retenir les leçons du passé, ne pas « paniquer », et surtout ne pas dormir sur ses lauriers comme ce fut le cas dans les années 90. Le tourisme tunisien n'en est pas à sa première crise, il devrait normalement savoir surmonter l'actuelle récession avec le moins de dégâts possibles. Beaucoup d'optimisme donc parmi les actants du secteur touristique mais tout en évitant l'alarmisme, ces derniers ne doivent pas non plus tomber dans l'excès inverse. Car et tout le monde est d'accord là-dessus, il y a péril en la demeure, et tous les concurrents sont à l'affût de la moindre de nos « distractions » ! Badreddine BEN HENDA --------------------------------- Quelques maux persistants du secteur : Sécurité, environenemnt, transport..., laissent encore à désirer Les intervenants ont en effet déploré que plusieurs sites touristiques locaux soient dangereusement « pollués » dans tous les sens du mot : dans certaines villes touristiques, les conditions de sécurité, l'environnement, le transport laissent encore à désirer. Le phénomène des « beznassa » et le harcèlement des touristes par certains partenaires et bénéficiaires de l'activité touristique sont d'autres plaies persistantes dont souffre le secteur. D'autre part, on relève des défaillances au niveau de la formation et le recyclage des guides touristiques et des chauffeurs de bus. Sur le plan de la maintenance, les unités hôtelières n'ont pas toujours le personnel qualifié pour la réparation et l'entretien du matériel nouveau mis à la disposition des clients. Pour ce qui est de la presse électronique censée améliorer l'information sur l'évolution des marchés dans le monde, elle est tout simplement inexistante d'après les intervenants.
En chiffres * Le rendement par nuitée a enregistré, en 2008, une hausse significative de 8 % ; en d'autres termes, la nuitée a rapporté en moyenne 82 dinars, pendant ladite saison. * Tunis Air a mis à la disposition de ses différents clients 400 sièges supplémentaires. Le budget de la compagnie est par ailleurs, à la fin de l'année 2008, en croissance de 6 à 8 %. * Le secteur touristique a enregistré une baisse de 2 % du taux de chômage. On compte désormais 1783 demandeurs d'emploi. * L'Office National du Tourisme emploie actuellement 80 inspecteurs chargés de contrôler la qualité des prestations dans les différentes unités hôtelières du pays. * On apprend également que sur les 10 casinos existant dans certains sites touristiques, seuls trois sont encore ouverts. * Pour se préparer à la campagne promotionnelle de janvier et de février 2009, l'Etat a débloqué 1,5 millions de dinars. * 80 % de l'activité touristique tunisienne se fait avec des pays européens. *Actuellement, le tourisme intérieur ne participe que de 2 % à l'activité du secteur ; on espère augmenter ce taux pour atteindre les 15 % au cours de cette saison et au cours des toutes prochaines années. * Chaque année, une promotion de 900 jeunes diplômés des différentes écoles hôtelières de la Tunisie est mise sur le marché de l'emploi ; cependant, les candidats ne sont recrutés que pour quelques mois, après quoi ils se trouvent au chômage. *Le Maroc, un des principaux concurrents de la Tunisie a augmenté son budget tourisme de 13 % pour la prochaine saison, ce qui se traduit par une augmentation de 55 millions d'euros. L'Espagne, quant à elle, a débloqué 400 millions d'euros pour soutenir le secteur touristique. Avouons qu'il n'y a pas photo en comparaison avec les sommes allouées dans le même but chez nous et au Maroc.