* Afif Maherezi (Directeur général adjoint de l'ONTT) : « S'inscrire dans la démarche qualité va à l'encontre de la vision du bradage des prix » Le bradage des prix est bien une pratique diffuse chez bien d'hôteliers qui essaient de vendre à tout prix. Certains subissent la pression des TO. En cette période de crise, on vend le produit à bas prix. Le plus important est de faire venir le client mais à n'importe quel prix. Ce qui est certain, c'est que pour bien vendre, il faut produire au moindre coût. Et les coûts en Tunisie sont trop élevés et rendent le produit tunisien de moins en moins compétitif par rapport à ceux de la concurrence. Vendre un 5 étoiles à un prix de 3 étoiles, c'est inadmissible nous dit un hôtelier de Hammamet. Cela ne peut que se répercuter sur les prestations hôtelières et c'est le cercle infernal : petit prix, mauvais service, réclamations. Ces prix dégriffés, cassés portent atteinte à la qualité de notre produit et là nos hôteliers doivent faire marche arrière et remettre sur le marché un produit de qualité irréprochable qui trouvera preneur car la qualité se paie et les touristes sont avides de bons produits. Il ne suffit pas de remplir son unité quel que soit le prix. Une unité fermée en cette période creuse est plus rentable si elle tourne avec cinq clients. Que peut-on offrir à ces clients de particulier ? Cette pratique dénoncée par la profession elle-même a des effets négatifs sur le niveau de la qualité des prestations, fausse le jeu des mécanismes de la concurrence et porte préjudice à l'image de la destination. Un hôtel qui pratique des tarifs bas ne peut que fournir des prestations d'une catégorie inférieure. Bien sûr, il y a un moyen de sortir de cette spirale et de renverser la vapeur. Les solutions existent. La crise que tout le monde vit en ce moment, n'est pas la première en son genre. On l'a vécue durant et après la guerre du Golfe et on s'en est sorti Il est dans l'intérêt des hôteliers de cesser ce bradage. Il faut que cessent certaines pratiques de mauvaise concurrence entre nos professionnels, pratiques qui n'ont servi jusqu'ici que les intérêts des TO, tout en dépréciant nos produits. Il est vrai que le TO confectionne le séjour et le commercialise. Mais à quel prix ? Le produit touristique tunisien est de bonne qualité et le rapport qualité-prix est l'un des meilleurs, voire le meilleur des destinations méditerranéennes, c'est que les TO ont toujours dit et affirmé. Nos professionnels devront bouger, démarcher et prospecter. Une plus grande solidarité entre nos opérateurs sauvegarderait l'intérêt national, en améliorant nos recettes en devises par un meilleur rapport qualité-prix comme l'a affirmé M.Afif Mehrezi directeur adjoint de l'ONTT récemment à Hammamet. Kamel Bouaouina -------------------------------- Afif Maherezi (Directeur général adjoint de l'ONTT) : « S'inscrire dans la démarche qualité va à l'encontre de la vision du bradage des prix »
Le Temps : Quelle est la condition essentielle pour bien vendre nos produits touristiques ? A.Maherezi: La marque d'un bon produit améliore la lisibilité de l'offre touristique de qualité. Elle constitue une garantie pour les touristes et assure une promotion accrue de la destination à l'étranger. L'exigence de la qualité est nécessaire pour faire face à cette crise qui secoue le monde. Cela nous permet de drainer plus de touristes et de là vendre à des prix compétitifs. L'avenir appartient aux institutions touristiques qui sauront s'adapter et donner le meilleur rapport qualité-prix.
Mais comment peut-on appliquer cette démarche qualité si certains hôteliers continuent à brader les prix en cette période de crise ? Je crois que l'Etat a été clair en la matière. Nous sommes contre tout bradage de prix. Il s'agit de donner le bon prix. Il n y a pas un prix haut et un prix bas. Le bradage est dangereux pour nos unités et s'inscrire dans la démarche qualité va à l'encontre de cette vision de bradage des prix dans la mesure où les hôteliers doivent faire l'effort avec leurs partenaires pour maintenir ce bon rapport qualité-prix.