Généralement ceux qui planifient des opérations de vol, surtout dans les zones urbaines, n'ont qu'un seul but : s'emparer de n'importe quoi ou d'un butin bien précis pour en disposer, notamment par la vente rapide à autrui afin de profiter au maximum du pécule qu'elle engendre. C'est plutôt cette tradition qui se perpétue dans ce milieu de délinquants.... Toutefois, l'exception ne fait pas la règle. Nous allons le constater dans cette affaire qui eut récemment pour théâtre, une des cités d'El Mourouj, à l'ouest de la capitale. Le protagoniste principal de cette histoire s'est en effet avéré un cambrioleur d'un genre tout à fait nouveau. D'habitude, c'est un individu tranquille qui vit paisiblement avec sa femme, se contentant du fruit que lui rapporte son labeur de journalier. Bien entendu, il ne pouvait pas se permettre, avec le modique salaire qu'il percevait, de meubler convenablement son foyer qui manquait de beaucoup de biens domestiques. Il eut alors l'idée de s'en offrir quelques uns, en profitant de l'absence de sa voisine qui s'était rendue au bled pour visiter les siens. Du coup, il s'est transformé en chenapan qui, armé d'une barre de fer, s'est introduit à la faveur de la nuit dans la demeure de cette dernière, après avoir fracturé la porte de la cuisine. Sa visite fut extrêmement brève, n'étant pas un voleur professionnel. Il s'empara seulement d'objets nécessaires : de couvertures en laine et d'ustensiles de cuisine en cuivre. Un poste vidéo qui trônait dans le salon l'intrigua, à tel point qu'il s'en saisit pour décorer son buffet centenaire et non pour l'utiliser, étant profane en la matière. Il quitta ensuite les lieux en chassant de son esprit toute idée de récidive. De retour chez elle, la voisine découvrit le larcin commis à ses dépens. Elle déposa plainte contre inconnu et alors que l'enquête était en cours, l'imprévisible se produisit. En effet, une autre voisine qui s'était déplacée au domicile du cambrioleur néophyte découvrit le pot aux roses, puisqu'elle reconnut les couvertures en laine dérobées. Elle accourut en trombe pour en informer l'infortunée victime du vol. Cette dernière se rendit illico presto chez son voisin pour récupérer la totalité de ses biens. Arrêté, l'accusé déclara aux enquêteurs qu'il avait agi par nécessité. Naïvement, il avoua avoir commis son acte délictueux avec la seule intention de meubler son intérieur avec les effets de la voisine. Curieux raisonnement d'un cambrioleur bien particulier qui a été déféré devant le juge d'instruction du parquet de Tunis, chargé de l'affaire.