L'obésité infantile est un fléau qui touche une part grandissante de notre jeunesse. Elle est en constante progression au cours de ces dernières années. Son origine est multifactorielle. Elle est liée surtout à une modification des habitudes alimentaires et à un mode de vie sédentaire. Comment protéger nos enfants de ce fléau ? Quelle stratégie adopter pour que nos enfants ne deviennent pas obèses à l'âge adulte ? La prévalence de l'obésité infantile est importante dans notre population. Il est aujourd'hui avéré qu'un enfant obèse risque fortement de le rester à l'âge adulte, entraînant une augmentation considérable de maladies associées (maladies cardio-vasculaires et diabète de type 2) et diminuant de 13 ans son espérance de vie. Une étude réalisée par le service de diabétologie et des maladies de la nutrition à l'Institut national de nutrition de Tunis touchant 231 enfants de la région du grand Tunis a révélé que "Parmi les 231 enfants étudiés, 51 sont obèses soit 22%. Le petit-déjeûner dans 71% des cas est composé de sucreries. Les pâtes occupent la première position dans les préférences alimentaires des enfants obèses (chez 84%). Les légumes ne sont appréciés que par 2,6% des enfants obèses et consommés 1 à 3 fois par semaine par 54% d'entre eux. Les fruits et les chips sont consommés respectivement par 76% et 35% des enfants. De même, le chocolat est consommé par 73% des enfants obèses, les gâteaux par 54%, les confiseries par 33% et les boissons sucrées par 47%. 59% des enfants obèses ne pratiquent aucune activité sportive scolaire. Parmi les 41% restant, cette activité ne dépasse pas une heure dans 77% des cas. Seulement, 11% des enfants pratiquent une activité sportive extrascolaire. 48% des enfants passent plus d'une heure par jour devant la télé ou les jeux vidéo." Cette obésité ampute considérablement l'espérance de vie, de 10 ans en moyenne. Le surpoids est un facteur de risque reconnu pour l'hypertension, le cholestérol, le diabète, les maladies cardiovasculaires, les problèmes respiratoires, l'arthrite mais aussi certaines formes de cancers. Une étude européenne a montré que "les enfants en surpoids avaient plus de risque de devenir des adultes obèses, mais cette étude va plus loin en montrant qu'ils ont également un risque de maladies cardiovasculaire augmenté et ce dès l'âge de 25 ans ".
Associer la nutrition à l'activité physique L'obésité est une pathologie plurifactorielle. Face à ce constat alarmant, il faudrait protéger nos enfants surtout comme l'a souligné Dr Hajer Daldoul de la faculté de médecine de Sousse lors du 2ème congrès international de nutrition de Tunisie que "l'origine de l'obésité tient au déséquilibre de la balance calorique qui se traduit par une augmentation de l'apport énergétique et une diminution de l'activité physique, ainsi qu'aux troubles de la diététique. Cependant dit-elle "Pour la plupart des obèses, une inaptitude à ajuster les dépenses énergétiques en réponse à une prise alimentaire excessive peut être la cause de la prise pondérale. Il est clair que la diminution de l'activité physique est fortement associée au développement de l'obésité" L'étude réalisée par Dr Daldoul a montré les bénéfices de l'association nutrition et activité physique sur la composition corporelle des adolescents obèses. Ce traitement est à la fois préventif et curatif. Il s'appuie sur la famille, l'école et porte simultanément sur la diététique, la réduction de l'inactivité et la pratique des activités physiques et sportives. Dr Samir Boukthir, professeur agrégé en pédiatrie à l"hôpital d'enfants de Bab Saâdoun propose à ses patients des contrats moraux portant sur l'alimentation, les activités physiques ou sur la consommation de la télé et des jeux informatisés. «Le contrat moral constitue un compromis ou un pacte permettant la responsabilisation de l'enfant en question. Pour un enfant obèse, par exemple, on peut l'inciter à réduire le temps de regarder la télé et de le substituer par une activité physique, telle qu'une marche de 20 minutes en compagnie de l'un de ses parents ou encore de se priver des friandises et de tout aliment gras pendant une journée» Ainsi, la prise en charge de l'obésité s'avère complexe. La lutte contre ce fléau passe essentiellement par la prévention. Elle doit impliquer des efforts supplémentaires du corps médical, paramédical, scolaire et familial.