Un bras de fer est-il en train de se jouer entre le Hamas et l'UNRWA à Gaza ? L'agence humanitaire de l'ONU annonce la suspension de ses importations d'aides pour protester contre la confiscation par le Hamas de fournitures destinées à la population civile. Elle conditionne la reprise de ses importations à la restitution de l'aide enlevée et la garantie que pareils incidents ne se reproduiront plus. Même si le Hamas impute la situation à un imbroglio et promet de rendre les denrées alimentaires confisquées, la tension reste vive entre le Hamas et l'UNRWA, avec pour enjeu le contrôle de l'aide humanitaire et la responsabilité de sa distribution. Et chacun avance ses arguments. L'UNRWA refuse toute ingérence dans ses affaires et tout détournement de l'aide sous quelque motif que ce soit avertissant que cela compromettrait les efforts pour subvenir aux besoins d'un million et demi d'habitants de Gaza après l'agression israélienne barbare. Le Hamas, de son côté, se considère comme le « premier responsable de la distribution et de la supervision des aides, de manière équitable », tout en reprochant à l'UNRWA son manque de coopération, l'accusant même d'avoir accordé une partie de ces aides à des ONG avec des arrières pensées politiques. Il faisait allusion à l'aide fournie au personnel de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Dans ce jeu d'accusations réciproques n'est-on pas en train de privilégier les calculs politiques étriqués au détriment des conditions de vie de la population civile de Gaza ? En cet hiver de ténèbres et de famine, l'assistance humanitaire reste son seul espoir et son unique moyen de subsistance. L'en priver, c'est signer son arrêt de mort. Cette population qui sort meurtrie d'une agression israélienne sanglante, est-elle condamnée à payer les pots cassés et le lourd tribut de chaque conflit militaire ou politique ? Le Hamas est tenu en premier de soulager les souffrances de sa population en facilitant la tâche des agences humanitaires sans poser d'entraves à la distribution des aides. Car, en scrutant l'avenir, les perspectives n'annoncent rien de prometteur avec un ennemi israélien qui campe sur ses positions en refusant d'ouvrir les points de passage et de mettre fin au blocus inhumain. La probable arrivée au pouvoir de l'extrême droite israélienne obscurcit encore l'horizon.