Parmi les fléaux d'actualité frappant notre institution scolaire, le nombre élevé d'agressions commises par certains parents d'élèves à l'encontre du corps scolaire : enseignants et administrateurs. L'écart entre les deux pôles, est plus qu'irréductible du moment que l'on se prête à un dialogue de sourds, si dialogue il y a. Autrefois, c'était l'ambiance paisible puisque tout le monde ou presque adhère à l'adage « Un enseignant aurait pu être un prophète ». L'incident s'est récemment produit dans un collège situé dans le gouvernorat de Nabeul. Une mère de famille, arrive à l'école écumant et usant d'un registre ordurier. Sa fille s'est fait précédemment gronder et elle exige des explications immédiates de la surveillante générale. On lui propose de se calmer pour mieux percevoir le bon côté des choses. Mais ne pouvant maîtriser sa colère et sa rage de « vengeance », elle frappe,(tout en étant soutenue par sa fille autrement dit l'élève en question), la surveillante et adresse au directeur une série de noms d'oiseaux en présence d'une grande foule tenant bonne part à l'étonnement. L'affaire fut portée devant la justice. Ces violences sont en outre, devenues plus fréquentes dans nos établissements scolaires par ces temps modernes et invitent notamment, à réfléchir sur les causes, les raisons et les issues possibles. Selon M. Abderrahman, un homme à la cinquantaine qui enseigne l'algèbre et la géométrie, les contestations sont énormes de la part des parents issus de milieux populaires qui ne maîtrisent toujours pas les codes et dérapent souvent vers la violence verbale voire physique également. Lesdits parents, accusent comme le précise notre interlocuteur, les enseignants et les administrateurs scolaires de « l'errance » de leur progéniture. Dans le même contexte, un autre incident s'est produit presque de la même manière. Lors d'une tentative de tricherie au cours d'un examen, un élève fut réprimandé par son professeur. Il le renvoya de la classe avec pour sanction possible celle de comparaître devant le conseil de discipline. Son père se présenta le lendemain au lycée et menaça l'enseignant de lui faire perdre son emploi. Ambiance surchauffée, la querelle se déclencha. Le directeur intervint pour calmer les esprits mais il n'échappa à son tour, aux insultes du père « enragé ».
Incommunicabilité et crise de confiance L'incommunicabilité marquant les relations parents-enseignants, admet comme terrain favorable selon M. Amin, professeur de français, l'absence d'échange et de coopération entre profs et parents afin de mieux encadrer l'élève et le garder consécutivement à l'abri de tout dérapage possible. « Souvent incompréhensifs, voire sans prendre la peine de savoir les raisons ou bien de demander une explication, les parents jugent injustifiée la moindre sanction établie contre l'un ou l'autre de leurs enfants- élèves. Et ils cherchent à régler le problème eux-mêmes. Toutefois, cela dégénère rapidement en l'absence d'une langue d'échange respectant les règles de la bienséance »note M. Abderrahman suscitant le consentement de son collègue qui fait noter à ce propos, que le phénomène est fréquent dans les milieux dits « consciencieusement modestes »et dont bon nombre des parents d'élèves attestent d'un manque de sensibilisation « flagrant » à l'adaptation d'un ton quoiqu'il soit sommairement raisonnable dans leur démarche « coopérative » avec le corps scolaire. De surcroît, à l'origine de ces relations envenimées, les répliques dépourvues de transparence de la part des élèves envers leurs parents et le penchant de ces derniers vers la dramatisation une fois affichant l'inaptitude à garder l'analyse logique des choses.
Système éducatif défaillant En repérant les raisons de ce fléau autant redondant qu'intrigant, nos interlocuteurs n'ont pas gardé discrète leur inquiétude par rapport aux failles qui ne cessent de trancher sur le système éducatif national. « Alors que les professeurs n'économisent aucun effort pour tirer les élèves vers le haut et leur donner toutes les chances, les conditions de la transmission ne se conçoivent autrement qu'handicapantes »s'afflige M. Abderrahman. Il fait remarquer de même, que le fait d'avoir en classe un groupe de vingt-cinq élèves voire une trentaine nécessitera sans aucun doute toute « la patience d'Achille »pour résister à la débâcle, une fois qu'elle se déclenche. « Il est indubitablement impossible de s'assurer d'une transmission de savoir efficace, tout en simultanéité à trente élèves dont les esprits sont encore fragiles et inaptes à recenser le bon chemin, ajoutons l'absence d'environnement familial favorable à l'instauration d'un terrain disciplinaire propice à l'absorption et à l'acquisition de ce qui est transmis dans les règles de l'art.
Faiblesse préoccupante A la lumière de ce qui précède et du moment que les insultes et les menaces participent des relations entre les parents et le corps scolaire, ainsi qu'une belle part à la condensation intense des groupes, les conditions deviennent notoirement défavorables à l'exercice de l'enseignant à savoir à la bonne transmission pour la préparatrice d'une génération future saine et qualifiée bien entendu. Aussi, les circonstances évoquées ci-dessus, se répercutent-elles disgracieusement sur le niveau de l'élève et engendrent chez-lui, une inappétence totale par rapport à l'acquisition du savoir. D'ou la nécessité et l'urgence d'une révision minutieuse du système éducatif national afin de repérer les failles et d'y concevoir les issues possibles tout en admettant que La Tunisie a depuis toujours parié sur l'affinement de son capital humain pour s'assurer d'un développement social et sociétal basé sur la fine éducation, celle par laquelle on façonne l'homme comme «l'on façonne par la culture les plantes ».