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"Je suis sidéré par le terrorisme moral et politique de certaines minorités dans l'opposition" Mondher Thabet secrétaire général du Parti Social Libéral (PSL) :
Né à Moknine en 1962, il a vécu pratiquement tout le temps à Tunis le secrétaire général du Parti Social Libéral Mondher Thabet a été marqué dès son jeune âge par l'esprit contestataire. Habitant à la rue du Ghana, il évoluait entre les quartiers riches et les quartiers pauvres de la capitale. Le contraste était pour lui saisissant, ce qui l'a poussé à devenir marxiste puis trotskiste. Avec une maîtrise en philosophie et un DEA de sciences politiques, il entre de plain pied dans le domaine politiques. Pour lui et il l'affirme, le 7 novembre 1987 a opéré en lui une révision idéologique. Contacté par Me Mounir Béji le fondateur du PSL il adhère au parti. Mais en 1991 des divergences l'opposent à Me Béji commence alors pour lui une traversée du désert qui a duré jusqu'au 15 juillet 2006 où il devient après la démission de Me Béji, le secrétaire général du PSL. Interview.
Le Temps : De marxiste - trotskiste vous voilà libéral et de surcroît secrétaire général du seul parti Libéral en Tunisie ce revirement à 90% comment l'expliquez-vous ? M. Mondher Thabet : En premier lieu, il faut signaler que l'idéal socialiste était une rémanation de la métaphysique. Puisque la pensée marxiste comme l'explique Carl Popper n'était en fait qu'une transposition du déterminisme mécaniste du 19ème siècle. • Mais en termes plus simples La pensée socialiste s'articulait autour d'une surestimation des crises capitalistes. L'histoire prouve que le capitalisme a acquis une grande capacité à gérer et à dominer ses crises. Le 2ème facteur qui m'a poussé à ce revirement c'était la contradiction intrinsèque à la doctrine socialiste et plus précisement l'expérience russe où le glissement s'opérait progressivement de l'idéal de la liberté à la réalité d'une dictature policière incarnée par le stalinisme. On ne peut réclamer la démocratie et les droits de l'homme et défendre le projet d'une dictature partisane qui ne manquera pas d'évoluer à coup sûr vers une dictature personnelle. L'homme restera à mon sens l'unique principe et la seule valeur par laquelle l'histoire universelle évoluera car on ne peut dissocier entre la liberté et l'incertitude. • Pour vous les libéraux défendent mieux la liberté et les droits de l'homme ? Le marxisme s'est converti en prophétie où la paradis terrestre de la phase communiste remplacerait le paradis métaphysique de la religion ceci explique en partie l'alliance des fanatismes que nous sommes en train de vivre aujourd'hui. D'ailleurs j'ai toujours pensé que les défenseurs des droits de l'homme devraient proclamer leur profession de foi libérale. De même, il est regrettable de voir certains de nos intellectuels adopta une attitude par rapport à l'idéal humaniste puisque Marx considérait les droits de l'homme comme une simple idéologie c'est-à-dire une falsification de la conscience de classe pour laquelle la bourgeoisie masquait les contradictions réelles entre les bourgeois et les prolétaires. Je pense sincèrement qu'en me reconvertissant idéologiquement et politiquement je réponds objectivement à une exigence historique qui fait que le monde arabe en général vit aujourd'hui l'étape de la révolution démocratique que la raison édicte dans les limites du jeu institutionnel et selon la méthode du changement cumulatif et pacifique. Ce qui s'impose aujourd'hui c'est justement de cumuler les conditions de possibilité d'une société démocratique, car la démocratie est un état culturel et la vraie bataille se jouera dans la société en dehors des clivages classiques entre le pouvoir et l'opposition. D'ailleurs la notion même de pouvoir est surranée. Nous assistons par l'entremise des interférences à ce vrai phénomène d'éclatement du pouvoir centralisé et à la constitution de micros-pouvoirs. Le phénomène médiatique le prouve. • Comment cela ? Une chaîne de télévision peut provoquer la démission d'un gouvernement. La socialisation de l'information qui est un phénomène universel soustrait au pouvoir un domaine de souveraineté fondamental. • Vous parlez-là sur le plan universel parlez-nous de la Tunisie ? Pour la Tunisie il y a une consensus autour de la voie de la démocratisation graduelle et pacifique. Ce choix imposait forcément une certaine lecture et exigeait de la part de l'opposition une certaine concession. Evidemment l'opposition centriste et modérée n'a pas manquée de le faire par esprit de responsabilité et par esprit patriotique. • Mais certains vous classent comme parti de soutien et même de décors ? Ceux qui nous classent comme étant une opposition de décors sont les responsables du virage raté par l'opposition de 1987 à 1989. Leur immaturité et leurs querelles de leadership ont été à l'origine d'un déséquilibre flagrant des rapports de force qui s'étaient constitués depuis 89. En tout cas nous sommes conscients que miser sur la tension ne peut en aucun cas profiter au mouvement démocratique et que seul l'esprit de tolérance et de dialogue pourrait faire évoluer les choses. Je suis sidéré par le terrorisme intellectuel et politique pratiqué par certaines minorités qui ne peuvent remettre au peuple que les pires dictatures. • Le PSL est donc un vrai parti de l'opposition ? Au PSL nous avons toujours considéré que la politique du gouvernement sur le plan économique et social s'inscrit dans la voie libérale, chose que nous soutenons. Des questions de divergences font toujours l'écart entre nous et le parti au pouvoir. Ce sont les questions relatives à la liberté de la presse, au financement des partis politiques, au débat autour de l'indépendance de la justice et au rapport entre les partis au pouvoir et l'administration. Ce sont pour nous des questions qu'on pourrait aborder par le dialogue et la concertation. La façon de faire et la façon de dire les choses est capital pour apporter les correctifs nécessaires à la situation actuelle surtout que le Président de la République a réitéré à maintes reprises sa détermination à propulser le courant réformiste. Son dernier discours à l'occasion de la clôture des travaux du comité central du RCD corrobore la thèse que nous soutenons. Il y a bel et bien une nouvelle phase pour la poursuite des réformes et de leur approfondissement. Interview réalisée par