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Manque de percussion de nos produits sur le marché européen Agriculture - Sous exploitation des concessions et des contingents tarifaires dans nos exportations vers l'UE
* Les taux de réalisation des quotas convenus varient entre 5% et 79% En dépit de la poussée relative des exportations agricoles et agroalimentaires enregistrées ces dernières années en atteignant un taux de croissance annuel moyen de près de 10%, le secteur n'a pas pleinement exploité les facilités d'accès au marché de l'Union Européenne. « Les taux de réalisation des contingents restent faibles », conclut l'étude sur les concessions tarifaires accordées par l'UE aux exportations tunisiennes dont les résultats analytiques ont été présentés, hier, au Centre de Promotion des Exportations (CEPEX). L'étude en question a essayé de décortiquer les raisons endogènes et exogènes sous-jacentes aux insuffisances des exportations agricoles et de présenter un plan d'action opérationnel visant l'optimisation des capacités productives et par essence commerciales à l'intérieur et à l'extérieur.
L'accord préférentiel signé en 2000 entre la Tunisie et l'Union Européenne prévoit la libre entrée de certains produits agricoles et agroalimentaires tunisiens sur un vaste marché de 450 millions de consommateurs. L'ensemble des concessions tarifaires (qui portent sur les réductions complètes ou partielles des droits de douanes) et les contingents tarifaires (relatives à la réduction des droits de douane pour des quantités données de certains produits) accordées par l'UE n'ont pas permis aux produits agricoles tunisiens de gagner davantage de parts de marché et d'atteindre les objectifs en quantité et en qualité, anticipés. Les secteurs qui ont fait l'objet de l'étude sont : la pomme de terre, les tomates fraîches, les agrumes et les fleurs.
Optimiser les capacités disponibles L'étude réalisée a mis en relief les capacités réelles de production et d'exportation disponibles et les acquis jusque-là réalisés tout en présentant les préalables à la réalisation des contingents. Les taux de réalisation varient de 5%(abricots) à 79% (huile d'olive). Les exportations de l'huile d'olive dépassent même les contingents fixés. A l'ouverture des travaux de la journée d'information, Mondher Zenaïdi, ministre du Commerce et de l'Artisanat a présenté les principaux acquis réalisés par le secteur tout en soutenant la nécessité de mettre en place les plans opérationnels à même de réaliser les objectifs nationaux et d'optimiser les pourcentages de réalisation des contingents tarifaires. « Le protocole d'accord signé avec l'UE a généré un accroissement des exportations agricoles pour atteindre 15% du total de nos exportations sur ce marché », a affirmé le ministre. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie de l'Energie et des PME a pour sa part passé en revue les performances réalisées par le secteur de l'agroalimentaire en tant que relais au développement du secteur agricole ainsi que les différentes dispositions et programmes mis en sa faveur.
Freins : l'accroissement de la consommation nationale, le rapport des prix, les capacités productives... Néanmoins, les réalisations du secteur n'excluent pas la nécessaire accélération des réformes et des actions contribuant à franchir les obstacles permettant le passage à une vitesse de croisière. L'étude a décelé plusieurs facteurs quantitatifs et qualitatifs expliquant le retard relativement enregistré par les exportations agricoles et agroalimentaires dont notamment la faible productivité de certaines cultures, les entraves d'acheminement des produits, les difficultés institutionnelles et financières, les problèmes d'organisation du secteur et les carences de compétitivité prix et hors prix. L'étude a montré le rôle capital joué par les contingents pour l'accroissement des exportations des produits de référence retenue par l'étude. Les taux de réalisation des contingents sont de 13%, 60% et 34 % respectivement pour la pomme de terre, les agrumes et les fleurs coupées. A noter que l'exportation des tomates fraîches n'est pas contingentée. « Les raisons des insuffisances des exportations des produits contingentés sont donc à chercher ailleurs que dans les quotas limitatifs », note l'étude. L'évolution des exportations dépend pour l'essentiel de la proportion des prix à l'exportation par rapport aux prix à la production, de l'état de modernisation du secteur et de l'équation entre la demande et l'offre nationale sans omettre l'impact des avantages concurrentiels des pays voisins. L'un des professionnels a déclaré : « Il faut une production dédiée exclusivement à l'exportation ». Autrement-dit : ne pas exporter l'excédent réalisé entre production et consommation nationale. Par ailleurs, l'impulsion des exportations agricoles vers le marché européen est tributaire d'une connaissance approfondie des spécificités de la demande et d'une mise à jour de l'évolution de la consommation au sein de l'UE. Dans ce même ordre d'idées, Mondher Zenaïdi a affirmé : « Le renforcement de nos exportations dépend de la modernisation du secteur en mettant l'accent sur les techniques d'emballage et de conditionnement et sur la traçabilité des produits sans omettre les opportunités offertes dans la production biologique ». Il a par ailleurs insisté sur l'importance de diffuser la culture des contrats de production et d'exportation pour une meilleure adéquation de l'offre tunisienne avec les spécificités des marchés cibles. « Nos exportations doivent dépasser les quotas fixés à travers notamment l'évolution technologique et le développement de la recherche scientifique dans le secteur agroalimentaire », affirme Afif Chelbi.
Un plan d'action opérationnel d'un coût de 20 MDT L'analyse a débouché sur un certain nombre de contraintes d'ordre institutionnel, technique, logistique et financier nécessitant des actions d'organisation rapide de la filière. L'étude a suggéré un plan d'action opérationnel permettant la réalisation des contingents restants. Le plan comporte des actions par filière et des transactions transversales portant sur l'ensemble des produits. Les actions sont réparties en actions institutionnelles et organisationnelles, en mesures d'incitations et d'encouragements et en actions d'accompagnement. Le coût global du plan d'action est estimé à 20 millions de dinars, soit 4 millions de dinars annuellement.
En s'arrêtant sur les différents points entravant le renforcement des exportations des produits agricoles et agroalimentaires, l'étude a permis aux professionnels d'avoir une vision plus claire des actions à entreprendre pour relever le niveau des exportations et pour améliorer le taux de couverture de la balance commerciale alimentaire.