Numéro vert pour les femmes violentées Agression physique, verbale, morale, directe ou indirecte, harcèlement ne sont en fait que quelques formes de violence auxquelles est confrontée la femme quotidiennement. Dans le milieu familial, la rue ou dans le travail, elle fait face à ces tracasseries difficiles à gérer. Tout un programme est en cours d'élaboration pour lutter contre la violence à l'égard de la femme qui n'a pas atteint selon les instances officielles le niveau d'un phénomène de société. Mais serions-nous capables de la protéger sachant que la violence dans un sens plus large est en train de gangrener la société tunisienne ? Nos rues, nos stades, nos institutions même, scolaires se sont transformés en un berceau de violence. Les différentes tranches d'âge n'hésitent pas à avoir recours à des actes agressifs volontairement ou involontairement. - Y-a-il un moyen de dissuader mon mari qui me bat sans qu'il ne soit emprisonné ? De par mon statut professionnel et social, je ne veux pas que notre histoire soit dévoilée -. Cette femme battue, occupant un poste de décision est victime de violence conjugale. Mère de deux enfants, elle subit fréquemment l'agression de son mari et ce pour une raison ou sans raison. D'un niveau d'instruction universitaire, la dame n'ose pas incriminer les actes répétitifs de son époux par crainte de scandale. C'est surtout par rapport à son milieu professionnel et de sa réputation qu'elle pense le plus. Elle choisit ainsi de subir en silence cette maltraitance qui a certes des répercussions lourdes sur son bien-être physique et moral. Il lui est impossible de clamer haut et fort ces gestes d'où une double souffrance. Il s'agit en fait de l'une des femmes tunisiennes qui vivent cette expérience difficile.
Violence conjugale En effet, la violence conjugale est classée parmi les premières formes de maltraitance contre la femme dans notre société. Nombreuses sont les dames qui subissent ces actes répétitifs et qui aboutissent à des fins tragiques comme l'homicide. Des actes qui sont basés soit sur la haine et la misogynie ou qui sont le résultat d'un cumul de problèmes d'ordre psychologiques du conjoint et surtout du manque de communication équilibrée. Il s'agit également d'un héritage socioculturel qui juge encore la femme en tant qu'être totalement différent de l'homme, moins perceptible. C'est la violence basée sur le genre, où le conjoint, la famille et même la société entière se procure le droit d'agresser la femme et de la juger par rapport à sa physionomie et non pas en tant qu'individu. Si quelques victimes réussissent à dénoncer ces pratiques d'autres ne le font pas. Livrées à elles-mêmes, elles préfèrent vivre seules leurs expériences. Elles n'osent pas changer et affronter leur sort sous prétexte de protéger leurs enfants ou leur réputation. En contre partie, elles payent cher ce sacrifice, car elles risquent d'être ruinées psychologiquement en cas de récurrence de ces actes. Les femmes au foyer sans source de revenu, ou celles occupant un poste d'emploi endurent des épreuves très dures mais n'osent pas parler pour ne pas briser le couple. Elles pensent aussi à leurs enfants auxquels il faut offrir des conditions de vie confortables sans conflit conjugal.
Agression sexuelle Pis encore, la violence peut prendre d'autres formes beaucoup plus graves au sein du couple ; le viol ou l'agression sexuelle. Ce sont notamment, les femmes atteintes du cancer du col de l'utérus qui en sont confrontées. Incompréhensifs, les conjoints n'hésitent pas à recourir à ces pratiques. Mais il est rare de dénoncer ces actes auprès des institutions concernées et dans le milieu familial. La femme se trouve du fait, obligée de vivre discrètement cette expérience dévalorisante.
Et les mesures... Mais comment pourrions-nous protéger la femme contre toutes les formes de violence ? Tout un programme est en train d'être établi par le ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées, l'Office National de la Famille et la Population (ONFP) en collaboration avec la coopération espagnole. Une enquête sera lancée prochainement pour mesurer l'ampleur du problème dans notre société et les mesures à prendre pour en faire face. Mais est-ce vraiment suffisant sachant que la violence est en train de gagner du terrain dans les différents milieux. Dans la rue, au travail, dans les stades, les moyens de transport en commun, l'école, ce problème est en train de gangrener notre société. Adultes, jeunes et moins jeunes commettent des actes violents contre la femme de façon arbitraire. Elle se sent menacée même dans les endroits publics, non seulement à cause de la violence physique, mais aussi à cause de celle verbale et morale. Il est question de changer de mentalité pour éradiquer le problème et offrir un meilleur sort à la femme tunisienne. Sana FARHAT
Numéro vert pour les femmes violentées Un numéro vert 1880 a été mis à la disposition des femmes violentées. Le ministère des Affaires de la Femme de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées a mobilisé des cadres pour qu'ils soient à l'écoute des victimes ayant subi une agression. Elles peuvent s'informer sur les moyens de prise en charge et surtout les procédures judiciaires qui lui garantissent ses droits.