* Il n'empêche, malgré un écosystème capricieux et fantasque l'hirondelle continuera à faire le printemps Apparemment, quelque chose ne tournerait pas rond quelque part dans les écosystèmes terrestres. Des citoyens tunisiens croient avoir constaté, ces derniers temps, des perturbations ''significatives'' dans la migration annuelle des hirondelles au printemps, en Tunisie, y voyant un signe du changement climatique terrestre, alors que des spécialistes et des connaisseurs avertis de la faune aviaire, s'abritant derrière la prudence scientifique, refusent de s'aventurer sur ce terrain. De nombreux habitants de la banlieue nord de Tunis nous ont signalé, en effet, dernièrement, que pour la deuxième année consécutive, en 2008 et 2009, les hirondelles ne sont pas revenues, en grand nombre, ce printemps, à la mi-mars, dans cette région, y séjourner jusqu'au mois de novembre, comme le faisaient régulièrement, auparavant, ces petits oiseaux appelés « pèlerins », en Tunisie, et identifiés, partout, à la saison printanière. Par contre, le ciel de la région autant que ces habitations et ces espaces verts sont envahis, de façon très remarquable, par les merles, passereaux siffleurs comme les hirondelles, mais sédentaires et reconnaissables à leur plumage entièrement noir.
Augmentation du flux ? Interrogés, des membres de l'Association tunisienne « les Amis des oiseaux » reconnaissent, volontiers que « les oiseaux sont des indicateurs fiables de l'état général des écosystèmes » ajoutant, toutefois, que scientifiquement parlant, il serait hasardeux de tirer des conséquences générales à partir de quelques cas particuliers et d'un aspect déterminé de la question. Au contraire, M. Ramzi Hédhli, secrétaire général de l'Association tunisienne « les Amis des oiseaux » (AAO), géologue et cadre à l'Agence de protection et d'aménagement du littoral (APAL), a fait état d'une augmentation du flux des oiseaux migrateurs en Tunisie, au cours des deux dernières années, marquées par une pluviométrie importante sur l'ensemble du pays. Au même moment, le lac Ichkeul, à Bizerte, grand site de rassemblement d'oiseaux migrateurs, a retrouvé la vitalité qui l'y a destiné, de tout temps, et du même coup sa place parmi les sites mondialement reconnus, dans ce domaine. Près de 730 mille oiseaux d'eaux ont été recensés, l'hiver 2008, en Tunisie Cependant, les équipes d'observateurs professionnels et amateurs de cette Association qui travaillent, en étroite collaboration avec des organismes et des réseaux internationaux et régionaux spécialisés, se sont intéressés plus spécialement aux oiseaux d'eaux fréquentant les Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO), soit les zones humides naturelles comme les sebkhats, ou aménagées par l'homme comme les barrages. Les passereaux migrateurs, tels que les hirondelles et les fameux étourneaux ou moineaux de la Capitale Tunis, n'en font pas partie. L'AAO qui compte 800 membres et une équipe scientifique spécialisée en la matière, nommée « Groupe tunisien des oiseaux » (GTO), a identifié, à ce jour, en Tunisie, 46 ZICOS, couvrant 7,6% du territoire national. Toutefois, malgré le soutien des partenaires mondiaux et européens, le secrétaire général de l'AAO a évoqué la modestie des moyens dont elle dispose, par rapport à la logistique sophistiquée déployée dans les pays développés pour étudier et suivre le comportement des oiseaux migrateurs. Théoriquement, selon M.Hédhli, les perturbations constatées peuvent être temporaires et liées à des causes conjoncturelles. Les oiseaux migrateurs qui pratiquent un vol plané sont tributaires des courants d'air, tandis que des modifications imprévues dans l'itinéraire habituel de déplacement, comme l'assèchement d'un point d'eau servant de relais, peuvent entraîner des changements de direction pour les oiseaux pratiquant le vol battant, telles que les hirondelles qui sont réputés, toutefois, pour être d'excellents voiliers. Il arrive, ainsi, qu'à la faveur d'un changement de direction mal calculé, suite à de pareilles modifications imprévues, des spécimens d'oiseaux migrateurs se perdent et chutent dans des pays et des endroits qu'ils ne fréquentaient jamais et où on ne les a jamais vus, provoquant, dans leur sillage, une véritable ruée des scientifiques à cet endroit. Justement, cette année comme l'année dernière, quelques spécimens seulement d'hirondelles, se comptant sur le bout des doigts, sont revenus vers la mi-mars, dans la banlieue nord de Tunis, selon nos interlocuteurs, en attendant les jours suivants, pour se fixer définitivement, car la migration annuelle des hirondelles couvre, de façon générale, les mois de mars et d'avril, bien que d'ordinaire, le gros du contingent arrive à cette date, dans la région signalée.