Elle a choisi son camp: en finir avec les déchirements entre deux cultures; rupture avec les tabous et les cadres traditionnels? Il va sans dire que ce phénomène n'est pas total: bien des jeunes prônent au contraire un "retour aux valeurs traditionnelles et religieuses". Mais là, le basculement dans l'excès est plus facile, plus patent que sur l'autre versant. Cette ouverture d'esprit se manifeste aussi au niveau des principes et du comportement. Alors que la génération qui précède vit un déchirement entre deux cultures, la nouvelle génération, du moins pour une partie, a choisi son camp et porte déjà le drapeau de la liberté et de la modernité. Mais quel est en vérité le fond de leur pensée ? Quelles sont leurs visions de la vie ?
Au risque de choquer certains, une bonne partie de la jeune génération ( entre 18 et 22 ans ) n'a pas de problème, autre que pécuniaire, au niveau des soirées.
Les lycées sont le lieu d'observation de ces jeunes et leur mode de vie. Ensuite les universités, lieu où la personnalité s'affirme définitivement et met au grand jour l'adulte de demain. Finalement, les salons de thé et les soirées où les discussions tournent autour de la dernière soirée chez un pote, la mode, les émissions TV françaises, la relation homme /femme, les expériences sexuelles, les ambitions...
Les soirées Le meilleur moyen de les comprendre et deviner ce qu'ils cachent , c'est de leur parler. Chez ces jeunes, les limites qui se posaient à leur parents se sont rétrécies et les tabous ne leur font plus peur. Les notions de « que dira-t-on ? » , du jugement de la société, des vieux concepts traditionnels ne font quasiment plus partie de leur dictionnaire. Le fameux conflit des générations prend toute sa signification. Il y a une telle force, une telle détermination dans la nouvelle génération, que les parents n'arrivent plus à suivre . Leila, 16 ans , lycéenne à Carthage, explique sommairement, la mentalité à la mode « nous, on vit pleinement, on profite de notre jeunesse, on s'amuse. On ne se refuse pas les soirées entre amis et la découverte de nouvelles choses. Bien sûr, il y a des limites mais elles se résument à ne pas tomber dans l'excès. Aujourd'hui, l'influence de l'occident est vraie, mais nous on ne la conçoit pas comme une influence, nous l'avons totalement adoptée ; assistez à une de nos soirées : vous verrez que l'ambiance est détendue, branchée, un peu underground, où tout le monde vient pour passer un bon moment sans juger les autres. » On l'a compris. S' il y a quelques années, aller à une soirée ( pour ne pas dire une boum) était un privilège, aujourd'hui c'est une habitude, un programme comme les autres qui ne nécessite pas une semaine de pourparlers avec les parents. Mais à bien chercher à savoir ce qui se passe dans ces soirées quasi hebdomadaires, on découvre qu'en réalité l'ambiance est plutôt « no limit ». Les tenues vestimentaires affriolantes, directement sorties d'un défilé de mode (où décolleté rime avec culotté), coiffures et make-up qui ne passent pas inaperçus, cigarette à la main pour tout le monde, boissons gazeuses au menu officiel ,bière et « absolut » comme boissons officieuses, danses osées, couples nichés dans un coin... une ambiance des plus ouvertes. Bien évidemment , il ne faut pas généraliser mais ce genre de soirées est très à la mode.Il y a aussi les DVD party, les soirées « MSN discussion » où la rencontre est virtuelle sur Internet... des concepts nouveaux qui sont pour les parents aussi étrangers que les OVNI. Les jeunes dont les parents sont encore sévères et sceptiques, trouvent une difficulté à leur expliquer que c'est normal ,que ce n'est pas signe de désinvolture ou de déviance. Mehdi, 17ans , lycéen, confie « j'ai du mal à expliquer aux parents mon point de vue et ma vision des choses ; ils ne saisissent pas la nouvelle mentalité , pour eux tout est immoral et inadmissible. Pourquoi est-ce que je ne dois pas apporter ma petite amie à la maison ? Où est le mal à sortir tous les week end ? C'est totalement « anachronique » de faire des remarques du genre ' ça ne se fait pas', ' ce n'est pas poli '...Nous sommes dans une époque où on a le droit d'être différent, d'être ouvert et accepter l'évolution des mœurs, il n'y a pas de quoi s'inquiéter ! ». Mais ne faut-il pas avoir peur des dérives ? trop de tolérance et de cool attitude ne conduit il pas à la dérive ? Certes, le contrôle parental permet de prévenir les excès, mais ce contrôle n'est pas toujours présent. Les parents ignorent dans la plupart des cas en quoi consiste une soirée ou une nuit chez la copine.
Finis les tabous Une autre manifestation de cette ouverture, cette fois chez les plus grands, la rupture avec tous les tabous. L'éducation sexuelle est devenue un sujet de discussion sans gêne , les expériences sexuelles ( dans certains milieux) n'est plus source de honte et objet de secret, les filles s'affichent avec leur petit ami sans prétendre que c'est un collègue...C'est naturel, une suite logique de la relation que d'avoir des relations intimes avec son petit ami. On a dépassé les étiquettes et les a priori. Côté garçon, plus question de refouler ses désirs ; la question est devenue ( excusez le langage vulgaire mais c'est une transcription de la vraie phrase) « elle couche ou pas ? ». Plus question de petites balades dans les centres commerciaux et cafés à 14 heures de l'après-midi. L'expérience est nécessaire. Côté fille, il y a celles qui résistent ; celles qui hésitent et celles qui se lancent. Ce serait de l'hypocrisie et du mensonge que de dire que cela n'a pas lieu dans notre société. Il n' y a pas de statistiques, mais les indices ne mentent pas . Au risque de choquer certains, une bonne partie de la jeune génération ( entre 18 et 22 ans ) n'a pas de problème sur ce plan. On ne peut révéler ici des faits ou des témoignages parce que ce n'est pas un forum de confidences, mais cela est vérifiable dans les blogs et les tchats. Toujours est-il que tout dépend du milieu social ; dans certains milieux, l'idée de fréquenter un garçon est, en elle même, un tabou. « Il ne faut pas se voiler la face, nos jeunes en savent beaucoup » , remarque Mr Fethi, un surveillant dans un lycée. Pourquoi ne pas en parler pour briser le mur et mettre les jeunes en confiance ? Cela ne sert à rien de nier, la génération montante entre en force dans l'esprit libéré et libre. Tant qu'on les encadre et qu'on essaie de les comprendre, il n'y a rien à craindre.
Hager ALMI
« Il ne faut pas se voiler la face, nos jeunes en savent beaucoup » , remarque Mr Fethi, un surveillant dans un lycée, « Pourquoi ne pas en parler pour briser le mur et mettre les jeunes en confiance ? »