Le tribunal de première instance de Tunis vient d'examiner récemment une affaire compliquée d'adultère dans laquelle sont impliqués deux hommes et une jeune femme. Le dossier de l'affaire montre que l'épouse est tombée enceinte en l'absence de son mari incarcéré. Ce dernier a renié ce bébé allant même jusqu'à l'agresser. Mais quel que soit le motif de l'absence du mari, c'est vil d'en profiter pour donner libre cours à ses pulsions sexuelles et chercher ensuite à les assouvir avec le premier venu, oubliant à l'occasion les liens sacrés du mariage auquel, il ou elle a consenti de gaîté de cœur, pour le meilleur et pour le pire. Il est également inadmissible d'agresser un nouveau né qui n'est pas du tout responsable de sa venue au monde. D'ailleurs, la société ne pardonne pas un tel comportement qui la déprave, d'autant plus que des actes de ce genre finissent généralement par être découverts, malgré les précautions prises par les fauteurs et la discrétion totale qu'ils manifestent en commettant pareilles actions. « Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin, elle se brise », cet adage a certainement échappé à cette dame qui s'est retrouvée soudain sans soutien financier ni affectif. Son mari étant incarcéré pour huit longs mois avec leurs soirées interminables, suite à un égarement momentané qu'il a payé cher et dont il se souviendra, sa vie durant. Et pour cause, sa privation de liberté va anéantir son foyer qui éclatera bientôt, à la suite de la plainte qu'il a déposée contre sa femme pour motif d'adultère. Cette fois-ci, c'est sa propre épouse qui a causé son malheur. La trentaine bien sonnée, elle n'a pas pu malheureusement résister à l'abstinence sexuelle qui lui était imposée par les circonstances de l'emprisonnement de son mari. Non loin d'elle, un jeune homme lui clignait de l'œil, éveillant en elle les démons de l'amour charnel. Il était d'autant plus attirant qu'il possédait un commerce. Du coup, c'était le remplaçant idéal de son conjoint. Il avait les moyens de subvenir à sa subsistance et surtout à satisfaire ses désirs que tout le monde soupçonne. Elle tenta alors l'aventure avec ce gaillard alerte qui fit de son lieu de commerce un nid pour abriter leurs amours interdites. Les jours passèrent et ce qui était inéluctable se produisit au grand dommage de la dame totalement effarée par ce ventre qui prenait de plus en plus de rondeur. Elle s'inquiéta même des éventuelles conséquences de son étourderie et informa son jeune amant du pétrin dans lequel elle est tombée. Ce dernier, qui semblait vraiment tenir à cette femme, lui a promis le mariage, une fois le divorce prononcé. C'était comme du baume sur le cœur de l'épouse infidèle. Pour un certain temps d'ailleurs, car l'élargissement de son mari est intervenu à point nommé pour que le pot aux roses soit découvert. Intrigué par les rondeurs de sa femme, il ne tarda pas à l'interpeller sur l'origine de cette nouvelle situation. Sa réponse brutale : « Je suis enceinte de toi » a failli le suffoquer. Comment, lui, qui croupissait dans une geôle depuis huit mois, était le père du futur nouveau-né. « Impossible ! » hurla-t-il de douleur avant de quitter le foyer conjugal, en un coup de vent, pour aller déposer une plainte pour adultère contre l'infidèle compagne de sa vie. Les policiers devaient la convoquer pour l'entendre. Bien entendu, elle opposa un cinglant démenti aux dires de son époux et le juge d'instruction chargé de l'affaire prit la sage décision d'attendre le résultat de l'analyse de l'ADN qui sera effectuée sur le nouveau-né, une fois qu'il verra le jour. Quelque temps plus tard, la femme mit au monde un joli poupon dans un établissement public de santé. En rentrant de l'hôpital, son mari lui refusa l'accès au domicile conjugal. Une vive altercation s'ensuivit provoquant une colère bleue chez le mari qui projeta le bébé sur le sol. Ce choc a provoqué chez le bébé une fracture du crâne qui a entrainé son décès sur le coup. Le mari a été arrêté. Le corps du bébé a subi des analyses ADN qui ont confirmé les soupçons du mari quant à l'adultère de son épouse qui a été, elle aussi, arrêtée. Elle a révélé l'identité de son amant qui a été, lui aussi, écroué. Le juge d'instruction décida de traduire le trio devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. La cour a renvoyé l'affaire à une date ultérieure pour permettre aux accusés de prendre des avocats.