" Il y a trop de leçons et on passe beaucoup de temps à l'école, se plaint innocemment la petite Amal âgée de six ans qui vient d'être scolarisée. " Et pourtant, sa mère, Soukaïna, nous a affirmé son engouement pour les études avant son intégration dans cette institution. " Elle attendait avec impatience et passionnément ce grand rendez-vous de sa première année d'enseignement. Je suis vraiment très inquiète pour ma fille, je crains fort qu'elle n'en garde un dégoût, qu'elle ne perde cet enthousiasme qui l'a toujours animée, son attitude n'est plus la même, sa relation avec celle-ci a sensiblement changé, à la rentrée, elle s'empressait d'aller à l'école, mais plus tard, après avoir découvert ce monde qu'elle croyait féérique, elle rechignait à y aller, elle y voyait une corvée, et depuis quelque temps, j'éprouve des difficultés à la réveiller, alors qu'au début de l'année, elle était matinale et était la première à se lever dans la famille, elle faisait sa toilette et prenait ses livres pour préparer ses leçons, plus maintenant, et je vous jure que parfois elle se mettait tout en pleurs refusant d'aller à l'école, nous assura déçue et dépitée la mère de la petite Amal. " Un volume horaire impressionnant En fait, ce problème ne nous a pas été inspiré par les muses mais révélé par la réalité, et l'élément qui nous a conduit vers cette investigation c'est la durée de l'année scolaire des poussins(les élèves du primaire), elle se termine plus tard que celle des cadets (les collégiens) et des juniors (les lycéens), ce qui nous a semblé une pyramide inversée, une conception insensée. Les petits n'ont ni l'endurance physique ni mentale pour supporter le rythme infernal d'autant plus qu'au mois de juin la canicule s'installe et rend la concentration et l'assimilation d'épuisantes opérations que même des grands ne sauraient assumer. D'ailleurs c'est à ce moment de l'année que les administrations commencent à se vider de leur personnel, lesquels épuisés par la chaleur préfèrent rentrer chez eux, fermer les bureaux pour faire la sieste ou aller se rafraîchir dans un café. Donc, cette situation très délicate de nos petits, les propos alarmants de la mère quant au comportement de sa fille pour l'avenir de laquelle elle s'inquiète très sérieusement, toutes ces raisons nous ont interpellés. Alors, pour mettre plus de lumière sur la question, nous nous sommes dirigé vers une école un peu spéciale, car elle accueille les élèves souffrant d'un handicap physique ou mental. Elle est chargée de leur intégration, il en existe une dans chaque délégation. Cette école est celle de Mohammed Ali de la cité Ettabek se trouvant dans celle de La Marsa. En arrivant devant cet établissement, nous avons rencontré un groupe de quatre élèves tous en sixième année, il s'agit de Hassène, Mohammed Chérif, Bassem et Mehdi. " Nos frères et sœurs aînés terminent l'année scolaire à la fin du mois de mai, alors que nous, nous sommes en pleine semaine bloquée, ils ne cessent de se gausser de nous tous les jours, prenant du plaisir à nous voir nous réveiller tôt pour prendre le chemin de l'école, pendant qu'eux, ils font la grasse matinée et vont à la mer pour se baigner, nous trouvons que cela n'est pas juste, on se demande pourquoi on ne termine pas tous en même temps, ce qui serait plus équitable, se plaignirent-ils tous d'une seule voix. " On a requis leur avis à propos de la répartition horaire, là aussi, ils n'étaient pas du tout joyeux, ils ont des séances de quatre, cinq et six heures, et ce sont ces dernières qui les indisposent le plus, puisque ils ne se reposent qu'une seule fois : à 10 heures pour les séances matinales et à 15 heures pour celles de l'après midi, c'est un vrai calvaire pour eux d'après ce qu'ils ont prétendu. Programme non approprié Pendant qu'on était en train de discuter avec ces élèves de terminale, une maîtresse de la même école passa. Ils nous la désignèrent, il est question de madame Raoudha. Nous lui avons demandé de répondre à quelques questions concernant les difficultés rencontrées par les élèves de première année et les enseignants qui en sont chargés. Elle eut l'amabilité de nous éclairer. " Le système éducatif actuel est épuisant pour les deux parties à cause du programme trop chargé et du nombre d'heures non approprié à des enfants en bas âge qui viennent juste d'intégrer l'école. J'ai vécu l'expérience il y a des années, c'est très éprouvant de s'occuper d'eux, ils sont comme vous pouvez l'imaginer très agités, et vu qu'il y a plusieurs activités à assurer, ce n'est pas une tâche aisée que de s'occuper d'eux tous en même temps et de leur accorder la même attention, ils sont turbulents à l'excès et réagissent différemment. Donc, vous avez tout d'abord à les calmer, à faire le surveillant pour que vous puissiez passer par la suite à l'apprentissage. Et là, vous devez être beaucoup plus vigilant et faire attention à tout ce qu'ils font, car il y a des élèves qui ne savent même pas dans quelle disposition prendre le cahier, certains écrivent en arabe en laissant la marge à gauche comme en français, d'autres confondent entre les cahiers. Et la chose la plus insupportable aussi bien pour eux que pour nous c'est la durée des séances, nous en avons trois de quatre heures et deux de cinq heures par semaine, après la première et à la rigueur la deuxième, eux, ils n'arrivent plus à se concentrer et commencent à s'ennuyer de la leçon, et nous, nous sommes éreintés, voilà les conditions dans lesquelles nous travaillons ", termina notre maîtresse.