Conférence de presse de M. Kamel Morjane, ministre de la Défense nationale Le ministre de la Défense nationale, M. Kamel Morjane, a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse, au siège du ministère, qu'il est préférable que les jeunes ayant atteint l'âge légal d'enrôlement se présentent volontairement pour le service national. Il précisa, toutefois, que les campagnes actuelles sont à caractère sécuritaire afin d'appréhender ceux qui font l'objet d'un avis de recherche par la justice. Il ne s'agit pas, a ajouté le ministre, de procéder à des rafles de manière arbitraire, mais plutôt d'assurer la sécurité du citoyen et l'ordre public. Il fit remarquer que le mot " rafle " est, d'ailleurs, à connotation colonialiste. D'origine allemande, il signifie une intervention impromptue en vue d'arrêter une ou plusieurs personnes. Le ministre a encore dit que de telles campagnes, qui s'intensifient pendant certaines périodes, visent les jeunes de 25 à 35 ans. Chaque jeune concerné qui n'a pas accompli le devoir national est affecté à l'un des centres de conscription. Le ministre exprime sa désolation de constater que les jeunes les plus instruits sont les plus enclins à fuir l'accomplissement du devoir national. " Sachant, dit-il, qu'une bonne partie de ces jeunes a fait l'objet de mandats d'amener ou de jugement par défait à des peines de prison pour non régularisation de leur situation envers le service national ". Volontarisme Il affirma, par ailleurs, que l'obligation de se présenter en vue de cette régularisation n'est pas tributaire d'une demande de l'armée, mais elle est volontaire. Or, les jeunes d'aujourd'hui, sont tellement choyés.... ! ", précisa-t-il. Le ministre a indiqué que 60 à 70 mille jeunes de sexe masculin atteignent chaque année l'âge requis pour le service national. Or, le nombre des volontaires varie d'une année à l'autre, ce qui crée une certaine perturbation dans la planification et un déséquilibre dans les missions principales de l'armée nationale, dont notamment, celle qui consiste à défendre la patrie, avec ce qu'elle exige comme moyens, soulignant que l'armée nationale ne demande pas un tel nombre lors de la période annuelle d'enrôlement. " Il est souhaitable, dit-il, que les jeunes ayant atteint l'âge légal de l'accomplissement du service national, se présentent volontairement et de manière spontanée ". Concernant l'engagement dans l'armée, le ministre a expliqué qu'il s'agit d'un choix pris par certains pays, dont certains d'entre eux l'avait regretté. Il s'est avéré, en effet, qu'il y avait certaines difficultés dans l'accomplissement du devoir national. En outre, chaque armée a un âge maximum pour les différentes ressources humaines ; le travail militaire demande des conditions physiques déterminées. Il est, donc, exclu que la Tunisie puisse préconiser le travail armé d'une manière complète. Il importe, a-t-il insisté, de se rapprocher davantage des jeunes afin de mieux les sensibiliser et leur faire connaître la mission de l'armée et l'importance du service national. Cela incombe notamment à certaines organisations de jeunesse telles que la jeunesse scolaire. Recentrage En fait, dit-il, la cause de cette réticence des jeunes à accomplir le devoir national vient du fait qu'ils croient devoir affronter durant le service national une période difficile et inhumaine. Le ministère de la Défense, ajouta-t-il, organise des rencontres ouvertes pour les jeunes, en plus des conférences au sein de tous les établissements secondaires quoique la sensibilisation nécessite, en l'occurrence, de la consolidation en ciblant davantage les parents et les éducateurs. Il sera procédé à un remodelage des flashs de sensibilisation notamment à la télé afin de mieux inciter les jeunes à l'accomplissement du service national. Le ministre a déploré l'attitude de certains jeunes lors des rencontres sportives nationales ou avec des équipes étrangères. Cette attitude dénote d'un manque d'égard vis-à-vis des symboles nationaux, tels que le fait de siffler l'hymne national d'un pays étranger. Pas de ségrégation Le service national, souligne-t-il est à juste titre un espace permettant de se frayer un droit chemin dans la vie et d'acquérir les bases de respect des symboles de la nation. Concernant les affectations individuelles et le taux des cotisations déduites des salaires, le ministre expliqua qu'ils sont définis par la loi sur le service national de l'année 1994. Le taux était, avant la parution de cette loi, de 80% du salaire et a été ramené à un quota de 30 à 50%,suivant le salaire perçu. La loi de 1994 a institué beaucoup de facilités, en vue de la régularisation de la situation concernant l'accomplissement du service militaire. Le ministre a expliqué également que les missions nationales à l'étranger à laquelle participe l'armée nationale continuent à avoir lieu dans toutes les régions du monde, à l'instar de certains pays d'Afrique tels que le Congo Démocratique ainsi que la participation à des missions d'observation et d'inspection comme en Côte d'Ivoire, Erythrée et Afrique Centrale. Concernant l'enrôlement des jeunes filles pour l'accomplissement du service national, le ministre a fait noter que le service militaire est institué en vertu de la loi et de la Constitution et qu'il est obligatoire pour tous les Tunisiens et Tunisiennes, entre lesquels, il ne doit y avoir aucune ségrégation. Il observa, cependant, que dans la conjoncture actuelle, les difficultés résident dans certaines mentalités qui n'admettent pas l'enrôlement des jeunes filles, en plus de la non disponibilité de casernes réservées actuellement aux jeunes filles. Il n'en reste pas moins que beaucoup de jeunes filles omettent le désir d'accomplir le service national alors que la participation volontaire du facteur féminin dans les rangs de l'armée ainsi qu'à l'académie militaire ayant atteint 6% de l'effectif total. Le ministre a mis en évidence le rôle important de l'armée nationale qui s'apprête à célébrer sa fête nationale, dans l'effort de développement, indiquant l'existence d'un nouveau projet de développement qui sera mis au point, après l'achèvement de la dernière étape du projet de Rjim Maâtoug. Ce nouveau projet consiste en la mise en valeur de terres arides et sahariennes. Le ministre a souligné, en dernier lieu, que l'armée nationale ne cesse d'œuvrer à la protection des frontières terrestres et maritimes et d'organiser des caravanes sanitaires et de protéger les forêts contre les incendies, ainsi qu'à l'institution d'un centre de formation de spécialistes dans le déminage. Le ministre a démontré que les composantes de la défense du pays, dont les piliers ont été édifiés par le Président de la République, Commandant Suprême des Forces Armées, se basent sur la défense de l'intégrité de la patrie, et de sa sécurité qui est l'affaire de tous les Tunisiens et sur une approche d'une défense globale basée sur toutes les capacités y compris les ressources humaines, outre l'effort qu'elle fournit dans le déminage. A ce propos, le ministre précisa que ces obus, séquelles de la deuxième guerre mondiale, se trouvent dans plusieurs régions terrestres ou maritimes du pays. 350 bombes ont été découvertes il y a deux ans dans la région de Sfax. L'effort de l'armée est en l'occurrence considérable car ayant accompli plus de 600 interventions par an. Dans ce contexte, la Tunisie a proposé conjointement avec la Libye, lors du Forum 5+5,dans le cadre d'une structure nationale des mesures afin de se prémunir de toutes menaces éventuelles.