La Chambre des députés a abrité, hier, un débat entre les députés et le ministre de la Santé publique sur les diverses problématiques vécues par ce secteur vital qui intéresse la vie quotidienne de tous les citoyens. Le débat a touché tous les aspects de la structure sanitaire nationale. La CNAM et la mise à niveau des hôpitaux : ébauche de solutions - Aucun cas de grippe aviaire, souligne le ministre La lenteur des procédures administratives et médicales a été au centre des problématiques soulevées par les députés. La difficulté rencontrée par les malades des zones lointaines a été aussi soulevée. L'absence de célérité des réactions dans les urgences a été mise à nu. L'encombrement dans les services médicaux et chirurgicaux a été critiqué. « Certains cas obtiennent des Rendez-vous dans deux ans. » Pannes Selon les députés, les pannes sont très fréquentes en raison de l'état vétuste du matériel : « les patients en subissent les conséquences. La qualité des soins s'en ressent aussi. Les rendez-vous pour un scanner peuvent alors se prolonger trois mois et même plus. Il est courant aussi de transférer un malade pour un scanner, ou même une échographie, et entraîner une complication de son cas. » Le déséquilibre régional Les députés ont soulevé la grande disparité entre les grandes villes côtières et celles de l'intérieur de la république : « Ce déséquilibre se ressent sur le plan de l'infrastructure et des ressources humaines. Il est sensible, d'ailleurs, aussi bien dans le secteur public que privé. Ceci a eu des retombées sur les ratios de la santé de base. La mortalité infantile, les décès lors de l'accouchement, la vaccination, etc.. nécessitent un effort supplémentaire. Les patients de l'intérieur ont toujours à se déplacer vers les côtes pour les explorations poussées. » La grippe aviaire La question de l'existence de la grippe aviaire a été aussi soulevée par l'un des députés qui s'est interrogé sur la véracité des rumeurs. Il s'est interrogé aussi sur les mesures entreprises pour protéger notre aviculture de ce fléau. L'Activité Privée Complémentaire « APC » Certains députés ont soulevé la réforme de l'APC et les conséquences éventuelles du nouveau décret de 2007. Ils ont rappelé que les professeurs, chefs de services, ont en charge des patients, l'encadrement des résidents et, éventuellement, de la recherche scientifique. Ils ont recommandé de placer des gardes-fous pour éviter les mauvaises interprétations de cette procédure. La réforme de l'assurance-maladie Le projet de la réforme de l'assurance-maladie a été salué par les députés. Ils estiment que le 1er juillet 2007 est une date qui marquera un saut qualitatif dans la couverture sociale en Tunisie. Des précisions ont été toutefois demandées, notamment en ce qui concerne les retombées de l'élargissement au secteur privé de cette couverture sur les équilibres financiers de la CNAM.
Réponses du ministre de la Santé, Ridha Kechrid : « Le renouvellement progressif du matériel médical lourd est en cours : Un scanner 64 barrettes à la Rabta et d'autres à 16 barrettes pour les autres hôpitaux; La rénovation touche aussi les IRM et d'autres instruments d'exploration. » - La télémédecine pour renforcer les hôpitaux de l'intérieur.»
Dans ses réponses aux députés, le ministre de la Santé publique, Ridha Kechrid, a présenté les projets du ministère pour répondre aux diverses problématiques en question : Renouvellement progressif Pour faire face à l'état vétuste du matériel et notamment de l'infrastructure lourde, le ministre a précisé que : « le ministère procède actuellement à l'installation de scanners 16 barrettes dans plusieurs hôpitaux pour adhérer aux progrès enregistrés par la technologie. Le CHU de la Rabta est désormais équipé d'un scanner 64 barrettes. La rénovation touche aussi aux IRM et à divers instruments d'exploration fonctionnelle. Ceci entre dans la mise à niveau des Etablissements Publics de la Santé. L'hôpital restera la référence. » Les bienfaits de la réforme Au fil des questions des députés et en vue des réponses du ministre, il est clair que le ministère dispose d'une stratégie synchronisée : « Actuellement, le secteur public est encombré. Par exemple, dans les naissances, 85 % se passent dans les hôpitaux, 5 % dans les maisons et 9,7 % dans les cliniques. L'intégration de l'accouchement et du suivi de grossesse dans les Affections à Prise en Charge Intégrale « APCI » va sûrement réduire la pression sur le secteur public. La réforme va contribuer à déplacer une partie des patients vers le secteur privé, notamment dans les pathologies où les EPS connaissent une forte pression. » Les équilibres financiers de la CNAM Le ministre de la Santé a expliqué les mécanismes susceptibles d'éviter le déséquilibre financier de la CNAM : « Nul n'ignore que l'industrie des médicaments est fortement trustée. Les grands fabricants veulent préserver leur mainmise sur le secteur. Tous les intervenants ont convenu de faire jouer les médicaments génériques pour diminuer les coûts. Ce procédé va induire une concurrence entre les producteurs pour se placer au bas de l'échelle des prix. Il permettra certainement de réduire les prix des médicaments. Donc, les honoraires des médecins sont fixés au minimum de la fourchette, ceux des médicaments sont comprimés. La CNAM pourrait normalement conserver ses équilibres de base. Cette optique de substituer les médicaments princeps par des génériques va, peut-être, exiger la présence du pharmacien pour décider de cette substitution. D'ailleurs, le ministère est en train d'étudier deux choses : d'une part, la possibilité d'autoriser certains pharmaciens qui ont un chiffre d'affaires dépassant un seuil déterminé, à recruter un pharmacien suppléant ; d'autre part, la possibilité de substituer les médicaments princeps par des génériques et les conditions de cette substitution. » Pas de grippe aviaire En réponse à une question sur la grippe aviaire, le ministre a précisé : « notre aviculture est saine. Il a été même procédé à des contre-analyses de contrôle auprès de laboratoires américains pour confirmer ce diagnostic. Donc, le ministère continue à adopter la même technique d'approche pour protéger nos élevages. Les cas enregistrés en Egypte sont le résultat d'importation à partir des pays où sévit la maladie. Chez nous, l'importation est strictement interdite à partir de ces pays. Encourager les médecins de l'intérieur Pour contrecarrer le déséquilibre régional, le ministre a précisé : « Il y a d'abord un constat. La médecine s'est féminisée. 65% des résidents sont des filles. Si elles terminent à 30 ans, elles sont généralement mariées. Donc, elles ne sont pas intéressées par un déplacement dans les zones intérieures. On procède certes par des motivations pécuniaires, seulement, les résultats sont encore limités. La voie du partenariat entre les CHU et les hôpitaux de l'intérieur semble, par contre, prometteuse. On procède par télémédecine à l'intérieur de la Tunisie et même avec des hôpitaux de l'étranger. »